Alejandro Valverde : « La plus émouvante de toutes »

Crédit photo Régis Garnier - DirectVelo

Crédit photo Régis Garnier - DirectVelo

Il l'a attendue pendant des années, qui lui semblaient être des décennies. Auteur d'une carrière XXL - il est vrai également semée d'embûches et d'histoires pas toujours très réjouissantes -, Alejandro Valverde a presque tout gagné dans sa carrière. Tellement qu'il ne pourrait sans doute pas citer tous ses succès sans être contraint de se plonger dans ses archives personnelles. Certes, l'Espagnol n'a jamais remporté le Tour de France, et ne le gagnera très probablement jamais. Mais il lui restait encore un grand rêve à accomplir : devenir Champion du Monde. Déjà double médaillé d'argent et quadruple médaillé de bronze, avec une première médaille mondiale dès 2003, l'Espagnol a finalement attendu d'avoir 38 ans pour revêtir le maillot arc-en-ciel (voir classement). Il devient le deuxième coureur le plus âgé à remporter un Championnat du Monde Élites sur route. Ivre de bonheur et chaleureusement applaudi en salle de presse, “El Imbatido”, comme il est surnommé dans le monde de la petite reine, revient sur son sacre.

DirectVelo : Ca y est ! Après six podiums et d’innombrables victoires depuis deux décennies, tu tiens ce premier titre Mondial !
Alejandro Valverde : Dès que j’ai passé la ligne, je me suis dit : “enfin !”. Je l’ai fait, après l’avoir tant attendue,  tant espérée ! Et ensuite, j'ai pensé à tous ceux qui m'ont supporté depuis le début de ma "seconde" carrière. C’est énormément d’émotions. C'était un rêve de devenir Champion du Monde. C’est la victoire qu’il me manquait. Bon… Il me manque aussi le Tour de France, mais je n’en étais peut-être pas capable. Une chose est sûre : je suis hyper heureux de gagner ici, c’est un sentiment formidable. 

A quoi pensais-tu lorsque tu as vu Tom Dumoulin revenir de l’arrière dans le final ?
Je me suis dit qu'on était un de trop pour les médailles (rires). Forcément, il allait y avoir un déçu. Surtout, c'était un adversaire redoutable en plus pour le dernier kilomètre. Je me disais qu'il allait sûrement tenter d'attaquer de derrière et il fallait faire attention.

« J’AI TELLEMENT COURU APRÈS... »

Tu as d’ailleurs dû tout assumer dans les deux derniers kilomètres de course…
Je ne savais pas qui était derrière moi, s’ils étaient loin de nous ou non, et qui était là. Bien sûr, ce n’est jamais l’idéal de se retrouver en tête de groupe avant le sprint. J’aurais préféré être en deuxième ou troisième position, c’est évident. Je devais être très vigilant et contrôler tout le monde. Je voulais garder un certain rythme et ne pas trop ralentir car sinon, j’aurais pu me faire surprendre. Finalement, personne n'avait encore lancé aux 400 mètres et je me suis dit que c'était bon pour moi car c'est une distance que j'aime pour lancer le sprint. J’ai donc pris les choses en main.

On t’a vu extrêmement ému après l’arrivée…
Il m'est déjà arrivé de pleurer plusieurs fois après une victoire mais celle-là, c'est la plus émouvante de toutes ! J'ai tellement couru après... J'avais déjà six médailles, mais aucune en or. Et finalement, je le fais enfin ! Je remercie toute l'équipe, qui m'a beaucoup aidé, m'a permis de rester serein dans l’ascension… C'était une aide très précieuse. On se parlait beaucoup... On avait une équipe très solide et homogène, et j'ai réussi à conclure le travail de tout le monde.

« PETER (SAGAN) M’A DIT QU’IL ÉTAIT TRÈS HEUREUX POUR MOI »

Tu as couru après pendant quinze ans...
Je me sens incroyablement bien avec ce maillot sur les épaules ! Je succède à Oscar (Freire) au palmarès des vainqueurs espagnols. Il est là devant moi… C’est merveilleux (sourires).

Le désormais ex-triple tenant du titre Peter Sagan t’as remis le maillot sur le podium protocolaire...
Peter m'avait dit que si ce n'était pas pour lui cette année, il serait heureux que je sois son successeur. Ca fait toujours plaisir. Sur le podium, il m’a dit qu’il était très heureux pour moi.

« TOUT ÉTAIT RÉUNI »

As-tu eu peur de ne jamais remporter le Mondial ?
Je n’en faisais pas une obsession. Je venais tous les ans en voulant simplement faire de mon mieux. Mais c'était compliqué, à chaque fois, parce que j'étais toujours surveillé en tant que l'un des favoris. Mais ici, tout était réuni pour que ça se passe bien : le temps, le circuit, le scénario de la course… C’était mon jour.

Même si on t’a vu beaucoup gagné une nouvelle fois cette année, tu reviens de loin…
Après ma lourde chute sur le Tour de France l’an passé, tout le reste est devenu du bonus. Finalement, j’ai réussi à revenir à un très bon niveau et c’est une fierté. Tout ce qui arrivera encore dans les mois à venir sera du bonus, il faudra en profiter. Je profiterai beaucoup lorsque je porterai pour la première fois le maillot en compétition, par exemple. Ce sera certainement sur le Tour de Lombardie. J’ai encore gagné beaucoup de courses cette année, je suis Champion du Monde… C’est un régal !  

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Alejandro VALVERDE