Warren Barguil : « Je ne suis pas une machine »

Crédit photo DirectVelo

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Warren Barguil savoure. Absent de la liste initiale, le leader de Fortuneo-Samsic est bien présent au Champion du Monde d'Innsbruck (Autriche). "C'est une occasion en or", apprécie-t-il. En marge de la conférence de presse des tricolores, organisée à leur hôtel ce vendredi soir, le Breton est revenu pour DirectVelo sur sa saison "quasi-blanche".

DirectVelo : Que représente cette sélection au Championnat du Monde ?
Warren Barguil : Je suis content d'être là. J'ai connu une grande déception la semaine passée mais c'était la décision du sélectionneur (Cyrille Guimard, NDLR). Je ne lui en voulais pas. Puis il y a eu cet appel samedi dernier. C'est une histoire de fou ! J'étais déjà tourné vers le Tour de Lombardie. Je voulais aller monter des cols pour me préparer. Après le Mémorial Pantani, mon DS m'a appelé pour me dire que Cyrille (Guimard) l'avait contacté. Il me dit : « Il y a quelqu'un de malade, il veut savoir si tu veux aller au Mondial. » Je croyais que c'était une blague ! Il m'a assuré que non (sourires). Puis j'ai eu Cyrille qui m'a dit que Pierrot (Rolland) était malade. Il voulait savoir si j'étais disponible. J'ai dit oui de suite. C'est une occasion en or.

« ACCOMPAGNER NOS TROIS LOUSTICS »

Finalement, il n'y a eu que trois jours entre le choix du 8e homme (Alexandre Geniez) et le forfait de Pierre Rolland...
Oui mais j'étais vraiment déçu... Au Mémorial Pantani, c'était dur mentalement. Il y aura d'autres déceptions dans ma vie. Il y a des choses plus graves même si c'était un peu frustrant. Aujourd'hui, je suis très content d'être ici...

Avec quel rôle ?
Nous en avons discuté. Je vais devoir surveiller les coups qui peuvent partir de loin. Je suis là pour le pré-final. Et dans le final, je vais devoir accompagner nos trois loustics (Julian Alaphilippe, Romain Bardet et Thibaut Pinot) pour les mettre dans les meilleures dispositions au pied de la dernière montée. Mais on a vu ce vendredi chez les Espoirs que la course s'était décantée tôt. Ils ne seront peut-être déjà plus que trois à un ou deux tours de l'arrivée. Il faut être réaliste. C'est tellement dur ici... Je fais une saison presque blanche. Je ne suis pas au niveau souhaité alors mon rôle me convient parfaitement. Si un des trois peut être Champion du Monde... Ça serait formidable de ramener le maillot à la maison !

« CE N’ÉTAIT PAS NUL »

Que retiendras-tu de cette saison 2018 ?
J'ai pris beaucoup de claques en début de saison. Physiquement, ça allait. Je terminais les courses entre la 15e et 20e position. Ce n'était pas nul. Je n'étais pas à la rue. Je n'ai pas abandonné. Je n'ai rien lâché. La critique m'a fait beaucoup de mal. Ça m'a un peu tué... Parfois, elle était juste mais c'était dur à accepter. Puis j'ai perdu ma mamie. Elle m'a éduqué autant que mes parents. C'était ma deuxième mère. Ce n'était pas facile. J'ai abordé le Tour dans une confiance quasiment nulle. Il y a eu le changement des vélos au dernier moment. J'ai fait n'importe quoi sur le Tour. Les gens ne savent pas qu'à 90 % de tes capacités, tu ne peux pas rivaliser dans une échappée du Tour. Je n'ai pas réussi à faire ce que je voulais. J'ai quand même été acteur. Je me suis battu avec les moyens que j'avais... Je n'ai rien lâché.

Puis tu as coupé après le Tour...
J'avais besoin de faire une pause. Je n'ai pas disputé de critériums. C'était dur car j'aime bien être proche du public et ça n'a pas été le cas. J'ai préféré me reconcentrer sur la fin de saison. J'ai depuis sorti la tête de l'eau. J'ai été proche de gagner une étape du Tour d'Allemagne. Je fais une belle saison. Elle me permet de préparer 2019. Nous sommes avant tout des humains. Le vélo n'est pas un sport facile. J'ai eu des hauts et des bas par le passé. J'ai fait une super saison 2017, notamment grâce au Tour. Derrière, il fallait assumer et je n'ai peut-être pas réussi à le faire. Il faut être réaliste. Il y a eu ce changement d'équipe. Si je n'avais pas changé, je n'aurais peut-être pas fait cette saison-là mais j'ai beaucoup appris sur moi. Ça m'a fait plaisir de revenir en Bretagne..

« IL NE FAUT PAS REGRETTER »

Regrettes-tu d'être parti de Sunweb ?
Non. Il ne faut jamais regretter ses choix de vie. C'est sûr que je fais une saison moyenne, très moyenne même. Mais il y a pire que ça dans la vie. Quand on perd quelqu'un de très proche, ce n'est pas facile de s'en remettre. En trois ans, j'ai perdu ma grand-mère, mon grand-père et ma mamie. Ce n'est pas facile. J'aimerais bien être une machine mais ce n'est pas le cas... et comme je ne suis pas une machine, c'est dur.

Tu penses déjà 2019 ?
Non pas encore. Il y a le Mondial, le Tour de Lombardie... Il ne faudra pas refaire les mêmes erreurs cet hiver. Je vais reprendre tout ce qui a marché par le passé pour revenir au même niveau.

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