Bruno Armirail : « J’ai tout perdu pour une connerie »

Crédit photo Corentin Photographies Cyclisme

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Bruno Armirail a vécu une drôle de semaine sur les routes du Tour du Poitou-Charentes. Là même où il avait convaincu la Groupama-FDJ de l’embaucher l’an passé, lorsqu’il était encore stagiaire professionnel, le rouleur de 24 ans nourrissait de grandes ambitions pour le classement général de l’épreuve 2.1. En lice pour un podium voire pour la victoire jeudi après-midi, le Pyrénéen a vu tous ses espoirs s’envoler sur une chute, à moins de quatre kilomètres de l’arrivée.

DirectVelo : Que s’est-il passé dans le final du contre-la-montre, jeudi après-midi ?
Bruno Armirail : Je suis tombé à 3,5 kilomètres de l’arrivée, dans un virage sur la gauche. J’étais en train de relancer après avoir tourné, bien comme il fallait. Et je me suis retrouvé par terre, sans explication. Je ne pense pas avoir commis d’erreur. Peut-être que c’est à cause d’une rafale de vent, ou le cintre qui a tourné… En tout cas, j'étais bien râpé de partout. 

Pensais-tu encore à perdre le moins de temps possible en te relevant ?
Non, pas vraiment. Une fois au sol, c’est fini. Sur un chrono aussi court, tu sais que la moindre erreur est fatale, que ce soit une chute ou une crevaison. Je suis reparti de suite, sans changer de vélo, mais les vitesses ne passaient plus très bien. Je ne pensais plus au chrono, j’avais mal à la hanche, à l’épaule… de partout ! C’était mort.

Tu étais dans les temps de Sylvain Chavanel, 2e à l’arrivée, à l’intermédiaire…
J’étais vraiment bien parti et en plus, je comptais finir très fort. Je m’étais un peu calmé en milieu de parcours pour en remettre une couche sur le final. D’après les pointages que nous avions fait dans l’équipe, j’ai repris une dizaine de secondes à Arnaud (Démare) entre l’intermédiaire et peu avant que je chute. Je n’étais plus qu’à huit secondes. J’aurais peut-être pu faire deux, voire même titiller Arnaud et la gagne. Je pense que j’aurais pu rivaliser. Mais avec des si...

« COMME DANS UN RÊVE »

On t’a vu régulièrement rouler pour Arnaud Démare sur les fins d’étapes, tout au long de la semaine : étais-tu malgré tout protégé pour le classement général ?
En début de semaine, l’objectif était clair, c’était tout pour Arnaud. Il ne fallait pas se louper, il fallait qu’il gagne. C’était risqué de jouer ma carte au général. J’aurais pu être victime d’une chute avant, ou prendre des cassures… La priorité était de gagner des étapes avec Arnaud. Avant le chrono, étant donné que j’étais encore dans le coup au général, j’ai commencé à y croire. Mais c’était une ambition personnelle. L’équipe ne m’a pas “mis la pression” pour un résultat. On était concentré sur notre travail collectif autour de notre sprinteur. Sur cette dernière étape (vendredi), j’ai encore fait du mieux possible pour l’équipe, malgré les blessures. Ca faisait mal, dès que je prenais un trou, ça piquait (sourires). Mais je me suis battu.

Tu aurais pu prétendre à un podium final sur ce TPC : comment vis-tu ce nouveau coup du sort ?
Sur le moment, je me suis dit que je n’avais vraiment pas de chance. Au Championnat de France, j’avais perdu mon bidon après quatre-cinq kilomètres, j’étais déshydraté et j’avais fait un chrono de merde (lire ici). Là, je tombe alors que j’aurais pu prouver que j’étais l’un des meilleurs rouleurs français. C’est vraiment frustrant. Dans l’équipe, on m’a dit qu’il y aurait d’autres occasions sur les chronos, mais je n’ai pas si souvent ma chance et là, ça en était une… Sur ce TPC, j’ai tout perdu pour une connerie.

Tu auras tout de même vécu une sacrée semaine, avec les six victoires de ton leader Arnaud Démare !
Courir avec Arnaud, c’est comme dans un rêve. Il y a un an, j’étais encore amateur et là, je roule pour lui. C’est énorme. Je suis heureux de vivre ces moments-là. 

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