Victoire Berteau : « Ancré dans l'Histoire »

Crédit photo Olivia Nieto

Crédit photo Olivia Nieto

Son retour d'Aigle était plus long qu'un voyage à tire-d'aile. Victoire Berteau a passé quinze heures en voiture pour rejoindre le bout de la Bretagne afin de disputer le Championnat de France sur route, après la semaine du Championnat du Monde sur piste. Celle qui s'est classée, mercredi, 10e du Championnat de France Juniors Dames de contre-la-montre, (voir le classement), avait encore une partie de son esprit en Suisse. "J'ai vu tout de suite que je n'étais pas dedans. Dès le premier pointage, j'étais avant-dernière à cinquante-six secondes... Heureusement que mon directeur sportif ne me l'a pas dit à l'oreillette, ça m'aurait démoralisée (rires) ! Je n'étais pas dedans, j'étais toujours en train de me repositionner sur ma selle, de chercher mon développement...", ressent la nouvelle Championne du Monde Juniors de l'Américaine, avec Marie Le Net.

A Plougastel-Daoulas, elle a subi le ricochet des hauts et des bas de sa semaine arc-en-ciel. "Après le titre de Championne du Monde, je n'ai pas beaucoup dormi (rires). Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais je ne trouvais pas le sommeil. En plus, j'ai été hospitalisée après l'Omnium. Je pense que j'ai aussi subi le contrecoup des médicaments de cet épisode. J'ai eu comme un calcul rénal, et je ne pouvais plus marcher. Du coup, j'ai passé la journée à faire des tests à l'hôpital", explique-t-elle à DirectVelo.

« C'ÉTAIT MAGIQUE »

Avant ce passage à l'hôpital, la cycliste de tout juste 18 ans a donc dominé l'Américaine, avec Marie Le Net, le dernier jour. "Notre coach, Léonard Cosnier, nous avait dit d'attaquer dès le début, se souvient-elle. Au début, on avait quelques doutes parce que c'est une épreuve assez longue. Et finalement, on a vu les Italiennes tomber, et les Australiennes ainsi que les Néo-Zélandaises y aller d'entrée, donc on les a suivies. On voyait que les Australiennes n'étaient pas à l'aise techniquement, donc ça nous a permis de revenir à l'avant. Je voyais Marie faire les sprints, alors que normalement, son rôle était plutôt de suivre. Mais elle "avionnait" tellement qu'elle gagnait ses sprints aussi. On appliquait tellement bien la tactique que c'était magique".

Il aura fallu attendre les derniers tours pour vraiment goûter au succès, et à l'émotion de l'approche du maillot irisé. "À trente tours, Marie commençait à parler du maillot, mais je ne voulais pas y penser pour ne pas porter la poisse (rires). À dix tours, notre entraîneur nous a dit de ne plus faire le sprint. Je me suis dit que c'était risqué, d'autant que j'étais bien placée. Du coup j'y suis allée un peu, et j'ai lancé Marie, même si c'était un peu tard. Après ça, on n'avait plus qu'à assurer. Sur la fin, on avait des frissons. Je n'arrivais plus à pédaler, j'entendais mes parents crier... C'était exceptionnel"

« ON SE CONNAIT PAR COEUR »

Au-delà de la piste, les deux pistardes se connaissent parfaitement, en dehors du vélodrome. "On est dans la même chambre depuis deux ans, on est tout le temps ensemble au Pôle de Bourges, on se connaît vraiment par cœur, commente Berteau. On s'entraîne très régulièrement à l'Americaine. Notre entraîneur a également fait un gros boulot sur le bord de la piste. Je n'arrive toujours pas à réaliser. Quand j'aurai des enfants, des petits-enfants, je pourrais leur dire qu'on a été Championnes du Monde... On a franchi un cap. Un titre national, c'est déjà quelque chose. Mais là, au niveau mondial... C'est ancré dans l'Histoire. C'était seulement la deuxième Américaine Juniors Dames, maintenant que c'est une épreuve olympique".

La préparation routière n'a donc pas été idéale pour le Championnat de France de chrono, mais la sociétaire du VC Laon ne se focalise pas pour autant sur le résultat de ce mercredi. "Je n'ai pas touché au vélo de contre-la-montre depuis Nogent l'Abesse, début juin, rappelle-t-elle. Je n'ai pas non plus couru sur la route depuis Loudun, c'était mi-juin... Tout ça fait loin... Mais bon, j'ai déjà dû rebondir après deux déceptions, aujourd'hui c'est la troisième. On dit "jamais deux sans trois", donc j'espère aussi que c'était la dernière (rires)".

« J'AI TOUJOURS SU REBONDIR »

Après la déception du contre-la-montre Victoire Berteau espère se relancer sur l'épreuve en ligne, ce vendredi. "J'espère que ça passera, confie-t-elle. J'ai eu mon entraîneur au téléphone après le chrono. Il m'a rappelé que j'avais déjà rebondi après mon scratch, après mon Omnium, que je m'étais cassée deux clavicules, un coude, et que j'avais toujours su rebondir. C'est important pour moi qu'il me montre qu'il a confiance comme ça. Maintenant, je ferai tout ce que je peux, et on verra ce que ça donne. Pour la course de vendredi, il faut que je me repose, que je récupère bien, et ça devrait aller".

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