Fabien Schmidt : « Avoir ma chance »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

“Incroyable, incroyable, incroyable…”. Fabien Schmidt n’avait pratiquement que ce mot à la bouche quelques minutes après l’arrivée de la 7e et dernière étape du Tour de Bretagne (2.2), ce mardi en fin d’après-midi (voir classements). 3e de la dernière étape après avoir passé toute la dernière heure de course à l’avant, comme les deux jours précédents, le Breton de la formation Côtes d’Armor-Marie Morin-Véranda Rideau est parvenu à faire exploser le leader du général, le Néerlandais Jarno Mobach (Development Sunweb) tout en contrôlant son dernier rival, le Belge Stan Dewulf (Lotto-Soudal U23). Le dernier lauréat du Challenge BBB-DirectVelo décroche à 29 ans le plus beau succès de sa carrière.

DirectVelo : Que représente cette victoire sur le Tour de Bretagne pour toi ?
Fabien Schmidt : C’est la vengeance de l’année dernière : on avait roulé comme des fous et à la fin, on s’était fait plumer. On prend une belle revanche avec l’ensemble de l’équipe. Plus personnellement, ça devient sans doute la plus belle victoire de mon parcours sportif. Encore une fois, c’est incroyable !

On a le sentiment que tu as du mal à réaliser…
Oui, franchement… C’est fou ! Il y avait beaucoup d’étapes et du coup, je suis assez surpris d’être là, devant. Bon, Dinan me réussit bien : j’y avais déjà gagné trois fois, dont deux critériums, certes. Mais en début d’étape, je n’étais pas bien. J’avais de mauvaises jambes sur la première heure de course et j’avais même dit aux gars : “franchement, ça ne va pas le faire…”. Heureusement, ça a temporisé pendant un moment et j’ai pu me refaire une santé.

« IL FALLAIT JOUER AVEC LUI »

Dans l’avant-dernier tour, tu avais semblé en difficulté face à Stan Dewulf !
Je ne voulais pas me mettre dans le rouge car je savais qu’après, je pouvais exploser. J’ai préféré perdre quelques longueurs. Je savais que j’allais pouvoir rentrer dans la descente puis sur le plat, avec mon 54. Dans ces cas-là, tout compte. Je suis revenu à l’expérience et à partir de là, j’ai décidé de ne plus passer de relais. Je me suis dit qu’il fallait jouer avec lui. Je ne voulais surtout pas me faire sortir dans la dernière bosse.

Et dans cette dernière bosse justement, tu pensais à quoi ?
A mon fils Lucas. Je ne pensais qu’à lui, à lui et encore à lui. Je ne voyais même pas la roue du mec devant. Je savais qu’il était là, que mes proches étaient là… Je l’ai fait pour lui, avant de le faire pour moi. Il va venir avec moi sur le podium et on aura des photos de fou ! Le vélo, c’est pour vivre des moments comme ça. Le reste on s’en fout.

« LES SCÉNARIOS DE  COURSE M’ONT AVANTAGÉ »

Tu étais confiant avant cette dernière étape ?
J’avais vu hier (lundi) que le leader (Jarno Mobach, NDLR) était en difficulté dans toutes les bosses et moi, c’est l’inverse, c’est là que je suis à l’aise. J’ai tout donné et ça a marché, je suis content.

Tu as attaqué trois jours de suite !
Oui mais franchement, il n’aurait peut-être pas fallu un ou deux jours de plus car je commençais vraiment à fatiguer. Je dois aussi avouer que les scénarios de course m’ont vachement avantagé. J’ai bien été protégé par les gars toute la semaine.

« J’EN AI RIEN A FOUTRE »

Tu aurais été sacrément frustré de te contenter de ces deux places de 2e…
Oui mais justement, ce sont les échecs qui m’aident à me remobiliser. Les échecs et les critiques me renforcent beaucoup. L’autre jour, on m’a beaucoup critiqué parce que j’avais dit que je n’avais pas gagné à cause de mes boyaux (lire ici)... Mais les gens s’arrêtent sur des petits détails. Je n’ai pas dit que c’était à cause de ça seulement mais on m’a beaucoup critiqué. J’ai lu des trucs du genre : “Il faut accepter que les autres soient plus forts, c’est tout…”. Oui, on tombe toujours sur plus fort : je n’ai jamais dit que les autres étaient moins forts. Enfin bon… ça m’a limite fait plaisir car cela a renforcé mon envie.

On t’imagine prétendre à un retour chez les pros l’an prochain !
Bien sûr, c’est le but. Je n’aurai pas forcément toujours envie de retourner sur la Ronde Finistérienne…. Enfin, j’aime bien la Ronde mais j’aimerais aussi pouvoir montrer ce que je vaux ailleurs. J’aimerais avoir ma chance. Bon, à 29 ans, je sais que plus personne ne mise sur moi, mais j’en ai rien à foutre ! C’est comme ça…

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