Alexandre Billon : « Je n'étais pas assez mature »

Crédit photo André Quentin - www.ggfotovelo.fr

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Et si c'était enfin la bonne année pour Alexandre Billon ? Après plusieurs saisons difficiles, l'ancien cadre de l’Équipe de France Juniors a remporté, samedi, le Grand Prix de Saint-Hilaire-du-Harcouët en devançant, au terme d'un sprint en petit comité, Guillaume Millasseau et Cédric Delaplace. Ce premier succès de la saison semble confirmer le retour au premier plan du sociétaire Team Peltrax-CS Dammarie-lès-Lys. Le coureur de 27 ans revient sur sa victoire auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Comment s'est déroulée ta course ?
Alexandre Billon : Au début, j'étais dans le peloton, plutôt en milieu de paquet. J'essayais de gérer et de me débrouiller contre le froid. J'avais les jambes tétanisées, je n'arrivais pas à remonter et à être explosif dans les montées. Heureusement, un coéquipier m'a remonté. Il m'a également motivé pour que je me force un peu plus. Dans la bosse suivante, à environ 80 kilomètres de l'arrivée, j'ai suivi un coup pour aider les copains. On s'est détaché à quinze. Dans la montée d'après, j'ai de nouveau accompagné un coup de sept coureurs. C'était la bonne échappée. Derrière, le peloton a tiré le rideau, c'était fini. Toutes les grosses équipes étaient représentées sauf Sojasun espoir-ACNC qui ne s'est pas affolée. On a vite creusé l'écart jusqu'à presque quatre minutes.

Quelle stratégie as-tu adopté une fois à l'avant ?
Au fur et à mesure, j'ai vu que ça allait mieux. Dans la montée du circuit, au vu des qualités de mes compagnons d'échappée où ne figurait que du beau monde, je me suis dit que j'allais souffrir de plus en plus. Je me demandais à quel moment j'allais sauter dans la bosse. À trois tours de l'arrivée, j'ai vu que je pouvais tenir et j'ai commencé à penser à la victoire. Sans ratonner, j'ai commencé à d'avantage compter mes efforts. Deux coureurs ont sauté. On était plus que cinq devant, je voulais arriver au sprint. Dans le final, j'ai compris que j'étais bien. Le dernier tour s'est fait à un bon rythme. On se regardait un peu plus. Un coureur du VC Rouen 76 s'est sacrifié pour rouler. Romain Bacon (CC Nogent-sur-Oise) a tenté de partir mais on l'a repris. Il avait l'ordre de ne plus trop passer. À la fin, ça se regardait et ça m'a profité jusqu'à 200 mètres de la ligne quand Romain Bacon a lancé le sprint.

« LA PREMIÈRE SAISON QUE JE FAIS RÉELLEMENT »

Et tu devances au sprint Guillaume Millasseau...
Quand Guillaume était au Pôle Espoirs d’Île de France, je m'occupais de lui. Je voyais qu'il était impressionnant. Je connaissais ses capacités et son potentiel. J'ai suivi ses résultats. Je savais à qui j'avais affaire mais je savais que s'il ne lançait pas de loin, c'était pour moi.

Es-tu de retour à ton meilleur niveau ?
Pour moi, c'est la première saison que je fais réellement. Toutes les autres années, je n'étais pas assez mature mentalement pour entreprendre un vrai entraînement. Maintenant, je suis plus réfléchi, je sais à quoi m'en tenir pour marcher en Élite. L'an passé, j'étais en 2e catégorie. J'avais arrêté un an car j'en avais ras le bol. Cette année, je me suis boosté car je veux me donner la chance de tout donner pour réussir. Je réalise que simplement le fait de reprendre le vélo sérieusement m'a permis de gagner une Élite Nationale alors que je n'en avais jamais gagné avant. C'est de bon augure pour la suite.

Qu'as-tu changé dans ton approche ?
J'ai pris conscience que dans le cyclisme, il fallait du sérieux, un mental, l'envie de faire du vélo et ne pas seulement être passager sur le vélo. Il faut s'investir dans tous les domaines. J'ai mis toutes les chances de mon côté avec de la préparation mentale, des massages et de l’entraînement. J'ai découvert tout ça et cette année je me donne les moyens pour réussir avec un entourage qui m'aide. Virginie Berva m'a redonné goût au vélo. Ma copine et ma belle-famille m'ont aidé à me relancer. Ils me soutiennent. 

« NE PAS AVOIR DE REGRETS »

Même après ce nouveau départ, t'attendais-tu à gagner aussi tôt dans la saison ?
Non, vraiment pas du tout. Je fais confiance à mon corps, j'y vais progressivement, je n'ai pas d'objectif précis. Je me prépare petit à petit sans griller les étapes. Je suis passé de la 2e catégorie à la 1ère catégorie et enfin aux Élites Nationales. Ce n'est pas la même approche. J'ai gagné avec l'expérience et la forme du moment mais j'ai encore du travail, c'est encore le début de la saison.

Ce premier succès récompense tes efforts...
C'est une bonne surprise. Il y a six ans, j'avais arrêté sur cette même course car je m'étais blessé au ménisque. J'ai conjuré le mauvais sort, ça m'a fait du bien.

Vas-tu de nouveau donner la priorité à la route ?
Je vais faire la saison à fond. J'aimerais réaliser une année pleine. J'espère parvenir à maintenir le rythme, progresser et me faire plaisir. Pour l'instant, je suis sur la route, chaque chose en son temps. On verra après pour ce qui est du cyclo-cross.

Qu'attends-tu de cette saison 2018 ?
J'espère ne pas avoir de regrets... J'ai été stagiaire chez BigMat-Auber 93 sans me donner les moyens à 100%. Maintenant, je me donne à fond dans tous les domaines car si demain je dois arrêter, je saurai le niveau que j'aurais du avoir.

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