Delko Marseille : « Je lui avais botté le cul »

Crédit photo William Cannarella

Crédit photo William Cannarella

“Que la montagne est belle”, chantait Jean Ferrat en contemplant Antraigues-sur-Volane et les villages voisins de l’Ardèche, dont il était tombé amoureux après s’être exilé de la région urbaine parisienne. Rémy Di Grégorio, lui aussi, se plait dans la montagne, et la trouve belle. Le Marseillais a collectionné les centaines d’heures à rouler dans la pinède provençale qu’il aime tant. Son jardin préféré : le col de l’Espigoulier. “Dans "l'Espi", j'ai passé des heures à travailler. Des montées à répétition, dans l'ombre. C'est ici que je travaille. Et aujourd'hui, cette montagne me fait briller”, souriait Rémy Di Grégorio samedi dernier, quelques minutes après l’arrivée. Très ému, l’ancien vainqueur d’étape de Paris-Nice semblait vouloir arrêter le temps, et ne plus quitter la zone d’arrivée. “Je réalise petit à petit parce que je sais ce que cela représente. Je l'ai fait tellement de fois à l'entraînement. Montée, descente, au chronomètre... Ce sont des heures de travail ici. Le vélo, c'est tellement dur, tellement de sacrifices... Aujourd'hui, tout le monde était avec moi et c'est formidable”.

« FORCÉMENT QUELQUE CHOSE D’EXCEPTIONNEL »

Samedi, Rémy Di Grégorio n’était pas le seul à avoir les yeux humides. D’ailleurs, le manager général de la formation Delko Marseille-Provence KTM, Frédéric Rostaing, a même pleuré à chaudes larmes après l’arrivée. “C’est immense en émotion car le parcours de Rémy est vraiment lié à l’équipe et déjà au club de La Pomme par le passé”, tient-il à rappeler auprès de DirectVelo.  “Il a été tout proche de quitter le monde professionnel, tout le monde le sait. Les raisons étaient simples : les deux dernières années, il n'avait été que l’ombre de lui-même, mis à part un peu sur la fin de saison. Cette émotion, ce n’est pas tant pour la victoire mais surtout pour tout ce parcours”.

Nouveau venu dans la structure marseillaise, le directeur sportif Andy Flickinger a lui aussi pris la mesure de l’événement. “On est une équipe marseillaise, on gagne à Marseille. C’est forcément quelque chose d’exceptionnel et qui restera dans les grands moments de la saison, même s’il y en aura d’autres ! Je suis vraiment très content pour Rémy, qui a eu quelques saisons difficiles mais qui s’est bien remotivé”, savoure celui qui a vu son coureur totalement concentré sur son objectif prioritaire. “Depuis un mois et demi, deux mois même, il en parle. Il était très serein avant l’étape. Il savait qu’il avait tout fait pour être au top. Il a vraiment fait des sacrifices, il a été sérieux. Il s’était mis en confiance sur le Grand Prix La Marseillaise et Bessèges. Il savait qu’il devait assumer”.

« TRÈS FIER DE LUI »

Assumer, parce qu’il s’agissait là d’une occasion en or à ne pas rater. Mais assumer aussi, parce que toute une équipe avait fait le travail pour l’emmener dans les meilleures dispositions. Lucas De Rossi d’abord, le néo-pro, autre Marseillais de l’équipe, présent dans l’échappée principale de la journée. Puis l’ensemble des maillots bleu ciel, qui ont durci la course avant-même la première ascension de l’Espigoulier. A commencer par l’Espagnol Angel Madrazo. “On a tout fait pour jouer l’étape et pour Rémy. Il était super motivé à la maison. C’était important de mettre un coureur dans l’échappée puis dans la première ascension, on a voulu monter à un rythme élevé”. Ce dernier a donné jusqu’à ces dernières forces, comme son compatriote Delio Fernandez. “Tous les deux, nous avons tenté d’accompagner Rémy le plus longtemps possible mais à quatre kilomètres de l’arrivée, on n’en pouvait plus”, ajoute Madrazo. “Finalement, Rémy l’a fait, et ce n’était pas facile !”.

Peu après le podium protocolaire, Andy Flickinger se remémorait quant à lui les récents échanges avec Rémy Di Grégorio : “je lui avais un peu botté le cul avant, et je suis très fier de lui. Forcément, les mots étaient plus forts que d’habitude avant la course. On misait tout sur lui. Il a assuré et assumé comme un grand”. Ce succès inoubliable est (déjà) le quatrième de la saison pour l'équipe Delko Marseille-Provence KTM, après les succès de l’Australien Brenton Jones au Gabon et celui de Javier Moreno à Sharjah. “On a une équipe très compétitive cette année. Petit à petit, l’équipe se renforce en terme de crédit et de confiance. Il faut un peu de réussite mais il faut aller la chercher. Le projet sportif de l’équipe se densifie et prend du poids. On aspire à grandir. Et les coureurs font en sorte de le justifier sur le terrain”, conclut Frédéric Rostaing.

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Portrait de Rémy DI GRÉGORIO
Portrait de Angel MADRAZO RUIZ