On a retrouvé : Pierre Garson

Crédit photo Hervé Dancerelle / DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle / DirectVelo

C’était il y a onze ans, déjà. Début 2007, Pierre Garson était sacré Champion de France Cadets de cyclo-cross sur le tracé breton de Lanarvily (Finistère). “Ces instants passent très vite, il est difficile de se rendre compte de leur importance et de réaliser sur l’instant”, raconte après coup celui qui prendra la décision d’arrêter le cyclisme sept ans plus tard, en 2013, alors qu’il portait le maillot du CC Nogent-sur-Oise. “J’arrête momentanément”, expliquait-il à l’époque (lire ici). Depuis, le Picard n’a finalement jamais repris le chemin de la compétition. Mais alors, que devient Pierre Garson ? DirectVelo a retrouvé sa trace.

DirectVelo : Tu es devenu Champion de France Cadets de cyclo-cross en 2007. Que te reste-t-il de cette journée une décennie plus tard ?
Pierre Garson : Même si j'étais très jeune, c'est quelque chose qui ne s'oublie pas, surtout quand c'est à Lanarvily, une des terres les plus emblématiques du cyclo-cross. C'était quelque chose d'énorme. Nous étions arrivés à cinq au sprint pour la gagne. Il y avait de l'enjeu, c'était compliqué jusque dans les derniers mètres. Au bout, il y avait un titre de Champion de France et il ne fallait pas le rater. Cette année-là, j'aurais très mal digéré de ne pas décrocher cette victoire au vu de ma saison. J'avais gagné toutes les courses auxquelles j'ai participé sauf la dernière, fin janvier, où Jimmy Turgis m'avait devancé. C'était un copain donc ce n'était pas grave, il faut parfois savoir perdre.

Entendre la Marseillaise en son honneur avec le maillot bleu-blanc-rouge sur le dos doit être un moment unique dans la vie d’un coureur...
Ces instants passent très vite, il est difficile de se rendre compte de leur importance et de réaliser sur l’instant. On vit le truc à 100%. Des fois, ça m'arrive de regarder un événement important où la Marseillaise est jouée et je repense au podium de Lanarvily quand elle résonnait en mon honneur. Ça a par exemple été le cas pour la demi-finale du Championnat du Monde de handball à Bercy !

« J’AI FAIT LE CHOIX DE LA RAISON »

Par la suite, tu as directement confirmé dans les rangs Juniors !
Une victoire dans un Championnat de France, c'est ce que l'on retient et c'est ce qui marque mais une de mes meilleures saisons reste ma première année dans les rangs Juniors. J'ai fait de bons résultats comme un Top 10 aux Championnats d'Europe et une 6e place aux Mondiaux, cela fait partie des meilleurs moments que j'ai passé sur un vélo. J'ai découvert le niveau international, j'étais heureux de me confronter aux meilleurs. La même saison, Arnaud Jouffroy est devenu Champion du Monde, c'était incroyable. En Équipe de France, tous les niveaux se côtoient : les Juniors, les Espoirs, les Élites et les Féminines. Tout le monde discute et échange, personne ne reste dans son coin, ce sont de beaux moments de partage.

Tu as éprouvé davantage de difficultés par la suite, chez les Espoirs...
C'est à ce moment que j'ai commencé à suivre un cursus en alternance, j'avais moins de temps pour m'entraîner. À vouloir tout faire, on ne fait rien de bien. Entre les études, le travail, la route et le cross, il y avait trop de choses. J'ai fait un choix en Espoirs 3 en arrêtant le vélo, j'ai eu des gens qui m'ont bien accompagné au CC Nogent-sur-Oise et qui m'ont écouté jusqu'au bout. J'ai été engagé comme conducteur de travaux chez Vinci, où je travaille depuis 2012. Nous étions dans un contexte compliqué dans le monde professionnel avec peu d'embauches. On me proposait un CDI. J'ai fait le choix de la raison et je l'ai accepté. J'ai arrêté le vélo.

En 2013, tu annonçais “arrêter momentanément” ta carrière. Mais tu ne l'as jamais reprise...
Avec le boulot, je suis trop occupé. Une fois que c'est parti, c'est parti, c'est impossible de tout faire. Je fais des grosses semaines au travail. Je pars le matin à six heures et demi et je reviens le soir vers vingt heures. Et surtout, quand tu sors des rangs Espoirs, tu n'as plus 20 ans ! Je ne sais pas si je vais reprendre un jour. Pourquoi pas au niveau régional mais pour l'instant, je n'y pense pas.

« SUR LES PHOTOS, ON EST TROIS : FLAVIEN MAURELET, ARNAUD DÉMARE ET MOI »

Regrettes-tu cette décision ?
J'aurais aimé marcher chez les Espoirs et pouvoir décrocher un nouveau titre mais je n'étais jamais concentré à 100% sur le vélo. C'est vrai que l'on a toujours un peu de regrets dans ces conditions. Je me demande parfois ce qui aurait pu se passer si je m’étais consacré à 100% au vélo, ne serait-ce qu’une saison… Mais j’aurais peut-être refusé ce CDI pour rien, et je ne serais jamais passé pro. Certains de mes amis sont passés professionnels et d'autres non.


Tu as gardé contact avec certains d'entre eux ?
Des coureurs de ma génération, c'est avec Flavien Maurelet que j'ai gardé le plus de liens. Je n'étais pas loin de pleurer aux Championnats de France quand je suivais l'épreuve sur DirectVelo et que j'ai vu qu'il avait gagné. Dans le peloton, ils sont beaucoup à mériter ce titre mais s'il y en avait vraiment un qui le méritait plus que tout, c'était lui. Sur les photos affichées chez mes parents, on est trois : Flavien Maurelet, Arnaud Démare et moi. Avec Flavien, on se voit assez souvent. Avec Arnaud, les années passent et on s'est un peu perdu de vue mais quand on se croise, on discute quelques minutes.

En fait, le vélo, c’est une grande partie de ta vie !
J'ai commencé quand j'avais quatre ans. Ma tante était marchande de cycles donc j'ai baigné dans cet univers dès gamin. D'ailleurs, je le suis toujours. J'ai encore des copains qui en font et j'essaie d'aller sur les courses avec le CC Nogent-sur-Oise même si j'ai perdu le contact avec eux depuis l'an passé. Ce sont des choses qui m’intéressent. Si quelqu'un, de n'importe quel club, m'appelle, je suis toujours preneur et j'y vais avec plaisir.

« IL FAUT QUE TOUT LE MONDE SE RESPECTE »

C'était une façon de garder le contact avec le monde du cyclisme ?
Ce qui est plaisant, c'est l'ambiance avec les coureurs. En plus, ça m'a toujours plu d'être avec des gens qui ont l'esprit de Nogent parce que je ne suis pas là pour me prendre la tête, j'y vais pour le plaisir. Si quelqu'un me fait chier (sic), il va le savoir. Je suis là pour rendre service et me faire plaisir, j'ai autre chose à faire que de supporter des tensions. Certains coureurs doivent descendre de leur vélo, il ne faut pas croire que c'est toute la vie et qu'il n'y a rien à côté. Il faut avoir les pieds sur terre, contrairement à certains mecs de 18 ans. Le staff est là pour aider les coureurs à faire du mieux possible, il ne faut pas les traiter comme des chiens... J'ai été de l'autre côté de la barrière et ce sont des petites choses qui font tout. Heureusement, ça se passait super bien avec Nogent. Mais vraiment, il faut de tout pour faire un monde : le vélo marche aussi avec les directeurs sportifs, les mécanos, les organisateurs et les bénévoles. Sans eux, il n'y a pas de coureurs et vice-versa. Il faut que tout le monde se respecte car on est tous passionné.

Tu es donc au courant de ce qu'il se passe dans le monde du cyclisme !
Je regarde encore fréquemment les articles sur DirectVelo, je connais bien le site. J'aime savoir qui va où et qui fait quoi. Je suis les grands événements, comme ce week-end, les Championnats de France à Quelneuc. C'est un super circuit que j'aimais beaucoup. Je vais regarder les résultats dimanche soir.

Et aujourd’hui, continues-tu encore à rouler pour le plaisir ?
Pour être franc, je n'étais pas monté sur un vélo depuis trois ans et demi. Je disputais seulement le cyclo-cross Arnaud Coyot. J'y allais tous les ans pour sa mémoire et en dehors de ça, je n'ai pas fait un mètre sur mon vélo. Le 1er janvier, ma femme m'a lancé le défi de retourner faire du vélo. Un copain s'est inscrit à la cyclo-sportive de Paris-Roubaix. Je me suis engagé avec lui, c'est un pari. Il va falloir rouler un peu. Je n'ai plus de vélo, plus d'équipements. Avis aux amateurs, je cherche un vélo (rires). J'ai repris l'entraînement dimanche dernier pour la première fois depuis quatre ans ! Je n'avais plus de restes... En quatre ans, beaucoup de choses se sont passées.

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