Topcompétition : Calendrier peau de chagrin

Crédit photo Edith Lebleu

Crédit photo Edith Lebleu

Tom Boonen et Gert Steegmans, premiers vainqueurs de la Topcompétition, avaient bien lancé le Challenge de la fédération belge. Mais depuis, Nicolas Vereecken, Rob Leemans et Arjen Livyns, trois des derniers lauréats, n'ont pas vu leur carrière décoller après leur victoire. Pire, les deux premiers ont interrompu leur carrière, tandis que le vainqueur 2017 cherche encore une équipe pour l'an prochain. La Topcompétition souffre alors que son objectif premier est d'ouvrir les portes d'une carrière professionnelle.

DirectVelo s'est penché sur la situation de ce trophée et a interrogé toutes les parties prenantes : coureurs, équipes, organisateurs et la fédération belge.

Nous vous proposons un dossier en trois volets sur l'état de santé et les perspectives du challenge : le calendrier, la nouvelle formule et les retombées de la Topcompétition avec à chaque fois une question : comment relancer la Topcompétition? Premier sujet de discussion : le calendrier.

Avec sept épreuves en trois mois (la première la Flèche Ardennaise le 7 mai et la dernière l'Antwerpse Havenpijl le 6 août), le programme de la Topcompétition est concentré dans le temps. Une situation qui dérange le directeur sportif de T.Palm Pôle Continental Wallon, Pascal Pieterarens. "La fédération a décidé d'abaisser l'âge de la Topcompétition en limitant la participation aux moins de 25 ans. Mettre la jeunesse en avant est une ambition louable mais je trouve qu'il faut être cohérent jusqu'au bout. Beaucoup de ces garçons sont encore aux études. C'est la raison pour laquelle la Flèche Ardennaise, traditionnellement en deuxième semaines de juin a avancé son épreuve au début du mois de mai depuis trois ans. "Nous avons remarqué que plusieurs participants ne pouvaient pas s'aligner à cause des examens universitaires. C'est pourquoi nous avons opéré ce changement. Nous voulons les meilleurs Espoirs au départ."

DE MOINS EN MOINS D'ÉPREUVES

Autre problème récurrent: l'Antwerpse Havenpijl tombe au même moment que le Tour de Namur. Difficile pour les équipes d'aligner deux équipes compétitives sur ces deux événements qui intéressent les mêmes équipes. "C'est vraiment un point sur lequel la fédération doit travailler. Avoir deux épreuves nationales le même jour n'est pas une bonne chose", assure le directeur sportif de Lotto-Soudal U23 Kurt Van de Wouwer. D'ailleurs, le secrétaire de l'Antwerpse Havenpijl Patrick Schollaert songe à modifier sa date dans le futur. "Pas en 2018 car nous avons un anniversaire spécial cette saison mais nous sommes au courant de ce chevauchement qui est regrettable pour l'un comme pour l'autre."

Le calendrier de la Topcompétition 2017 comportait six épreuves individuelles et le contre-la-montre par équipes, pour un total de sept courses. Soit le plus petit nombre depuis sa création. Des épreuves de renom, comme Zelik-Galmaarden, Hasselt-Spa-Hasselt et plus récemment le Circuit de Wallonie, la Kattekoers et A Travers les Ardennes Flamandes, se sont retirées ou ont tout simplement disparu, chacune pour des raisons différentes. Le Circuit de Wallonie a connu des problèmes financiers, la Kattekoers est devenu une manche de la Coupe des Nations Espoirs et A Travers les Ardennes Flamandes a des ambitions de classe 1 (lire ici). "Toutes ces courses manquent clairement au calendrier. Le Challenge se résume de plus en plus à un festival de sprinteurs", assure le directeur sportif de VL Technics - Experza- Abutriek Rudy Van den Heede complété dans ses propos par Pascal Pieterarens. "La Topcompétition a perdu son aura."

L'esprit de la Topcompétition, invoqué par les nostalgiques, consiste à proposer suffisamment de rendez-vous attractifs avec des parcours sélectifs et variés, mettant en évidence les qualités d'un grand coureur.  A cet égard, le Grand Prix de Saint-Nicolas aux allures de "kermesse", selon le directeur sportif d'AGO-Aqua Service Christophe Detilloux, n'a plu à personne. "Tourner autour du clocher du village n'a pas de sens", selon le directeur sportif Peter Bauwens. "Je peux concevoir les motifs de déplaisement des équipes mais cette épreuve s'est cherchée une organisation sur le tard. Ils ont fait avec les moyens du bord", précise le directeur de la fédération Jos Smets.

« TOUT LE MONDE ÉTAIT D'ACCORD »

Le Grand Prix de Saint-Nicolas, devenu un interclub 1.12, ne figurera pas au calendrier 2018 de la Topcompétition, au même titre que le Grand Prix Criquielion."Nous ne voyons plus l'intérêt de continuer pour plusieurs raisons. La licence est plus chère. Les 13 équipes inscrites à la Topcompétition ne sont pas toutes de haut-niveau. De plus, restreindre l'âge à 25 ans n'est inscrit nulle part dans les catégories UCI. Cela complique notre recherche d'équipes. J'ai dû refuser une équipe au départ le matin-même de la course. Wanty-Groupe Gobert, dont le siège est basé à dix kilomètres de Deux-Acren, n'était pas là. Rester en Topcompétition n'a plus aucun sens. Nous allons faire une 1.2 UCI où je pourrai constituer mon plateau moi-même sans qu'on m'impose quelconque équipe", annonce l'organisateur Laurent Haegemann.

Toutefois, le directeur de Belgian Cycling, Jos Smets rappelle que "cette décision de passer en U25 date déjà de fin décembre. Il y a eu une réunion à l'époque. Tout le monde était d'accord à ce moment-là. Ce n'est pas la peine de revenir sur ses engagements sous prétexte que U25 n'est pas un statut officiel de l'UCI. Nous avons d'ailleurs obtenu une dérogation à l'UCI."  Une dérogation qui suscite également une vive réaction de Laurent Haegemann. "Nous l'avons reçu le 28 avril, soit seize jours avant notre Grand Prix. Il y a une grande règle dans les règlements internationaux : on ne peut plus rien changer dans les vingt jours qui précèdent une course ! Voilà pourquoi nous étions mécontents." Une analyse qui dérange Jos Smets. "Je pense que cette attitude n'est pas honnête. Ils agissent comme s'ils n'étaient pas au courant de notre projet. Ils avaient d'ailleurs publié l'âge U25 dans leur propre guide technique. Si Wanty n'avait pas eu suffisamment de coureurs de moins de 25 ans au départ, ils n'auraient pas fait tout ce vacarme."

En attendant, la Topcompétition 2018 sera amputée de deux épreuves. Ce mouvement pourrait être suivi par la Flèche Ardennaise (1.2). Présente depuis le début et véritable repère de la Topcompétition, l'organisateur Maurice Pirard ne cache pas sa déception envers l'évolution de la situation. "Nous sommes une référence chez les jeunes. Le calendrier actuel ne valorise plus notre épreuve. Voir les courses défiler ne nous motive plus. Le niveau a bien chuté. Le Top cinq de la Flèche Ardennaise devenait automatiquement professionnel. Maintenant, ce n'est plus le cas."

« DIFFICILE DE DONNER UN CONTRAT AU VAINQUEUR »

Sous réserve de la décision de la Flèche Ardennaise, le calendrier 2018 sera composé du Mémorial Van Coningsloo ("la dernière chance" de convaincre l'organisateur Frans Uytterhoven de la plus-value de ce challenge), de l'Omloop Het Nieuwsblad (dont la date n'est pas encore déterminée), le contre-la-montre par équipes à Borlo et l'Antwerpse Havenpijl. Ceci risque de constituer un nouveau record à la baisse. Cette situation renforce le point de vue de Christophe Brandt, le manager de la formation Conti Pro WB-Veranclassic-Aqua Protect. "On reproche aux équipes professionnelles de ne pas donner un contrat professsionnel au vainqueur mais avec un tel calendrier, comment est-ce possible?"

Le directeur de Belgian Cycling Jos Smets a conscience des limites de ce calendrier. Cependant, il est "impossible" de revenir à un challenge de 10 épreuves. "Avec la saison qui débute en mars jusqu'en octobre, nous avons huit mois. Comment voulez-vous avoir dix rendez-vous ponctuels dans un calendrier où beaucoup d'équipes se tournent vers l'international? Et puis, il y a aussi le Triptyque des Monts et Châteaux, le Triptyque Ardennais, le Tour de Namur et le Tour de Liège."

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