A peine plus d'une heure après avoir vu Lucie l'emporter chez les Dames, Steve Chainel s'est imposé sur la première manche de la Coupe de France Elites Hommes de cyclo-cross, à Besançon (Doubs), en devançant Fabien Canal (Armée de Terre) et Francis Mourey (Fortuneo-Oscaro). Les Chainel réalisent ainsi un doublé historique ce dimanche et font briller les couleurs du Team Chazal-Canyon, dont ils sont à l'origine de la création. Ivre de bonheur après l'arrivée, Steve Chainel a partagé sa première réaction avec DirectVelo. 

DirectVelo : Quelle journée !
Steve Chainel : Je suis très ému car c'est une victoire collective. C'est de moi que l'on parle dans la presse, on dit "Steve, Steve....", mais non, ce n'est pas Steve, c'est toute l'équipe et les bénévoles qui sont derrière moi ! Du coup, c'est une victoire pour tous ceux qui sont là, qui prennent des jours de congés pour moi, pour l'équipe. Ils sont récompensés à travers la victoire de Lucie puis la mienne.

« IL FALLAIT QUE J'ATTENDE LE DERNIER TOUR »

Comment as-tu géré cette heure de course ?
Je savais qu'il fallait prendre un bon départ mais aussi être patient. C'était un parcours difficile. Il ne fallait pas faire l'effort de trop sur la première moitié de course. J'en ai mis une petite pour tester mes adversaires mais sans plus. Il fallait que j'attende le dernier tour. Je voulais simplement virer en tête dans le dernier virage.

On t'a vu frotter avec Fabien Canal dans les derniers hectomètres...
Ca a frotté évidemment ! On savait qu'il fallait passer les planches ou le virage suivant en tête. Du coup, il y a eu un sprint avant le sprint. C'était épaule contre épaule. Fabien (Canal) est quelqu'un que j'apprécie énormément mais pendant une heure, il n'y a pas de cadeau. C'était à lui-à moi. Habituellement, je suis plutôt du genre à freiner en premier mais à 34 ans, j'ai décidé de faire abstraction des sentiments amicaux. C'est la course.

« TIRER LA DISCIPLINE VERS LE HAUT »

Ca prouve surtout que tu voulais vraiment cette victoire !
J'avais souvent fait 2 ou 3 en Coupe de France et je n'y avais plus gagné depuis 2009. On parlait souvent de moi comme d'un favori mais je ne gagnais pas. Cette fois, enfin, je gagne. Mais la saison ne s'arrête pas là. Les gros objectifs arrivent.

C'est le week-end parfait pour le Team Chazal-Canyon !
C'est vrai ! C'est simplement dommage pour Antoine (Benoist) qui aurait mérité de finir sur le podium alors qu'il n'est qu'Espoir 1. Mais sinon, c'est sûr que l'on a répondu présent. L'équipe est une spécialiste de cyclo-cross. On se doit de marcher et de tirer la discipline du cyclo-cross vers le haut. Maintenant, j'espère que des gars comme Clément Venturini ou Clément Russo vont revenir. J'espère vraiment que le cyclo-cross français ne va pas perdre tous ses éléments.

« ALLER JUSQU'A 20 MONDIAUX »

Tu vas faire le plein de confiance avec ce succès ?
La confiance, je l'avais déjà. J'ai toujours une apparente décontraction mais je sais ce que j'ai fait ces derniers mois. Pendant le Tour de France par exemple, quand le réveil sonnait à 7h30 et que j'allais rouler et que je me couchais à 00h30 parce que je préparais les commentaires pour les étapes du Tour à l'antenne... Il faut avoir la foi pour bien s'entraîner dans ces moments-là et je l'ai fait. Je continue de me battre.

Après quoi cours-tu aujourd'hui ?
Il ne me reste pas quinze ans de vélo mais je peux encore faire trois ou quatre ans. J'ai dix-sept Championnats du Monde à mon actif. Peut-être que je pourrai aller jusqu'à 20 ! Tant que j'ai l'envie et que mon corps ne me lâche pas, je continuerai parce que putain, qu'est-ce que c'est bon !