Mondial : Un changement de vélo très flou

Crédit photo Maxime Segers - DirectVelo.com

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L’annonce, formulée dans les salons cossus d’un hôtel de Doha (Qatar) par Thor Hushovd en octobre dernier, avait fait frémir les purs spécialistes tels Tony Martin (lire ici) . Les pentes du Mont Floyen, juge de paix du contre-la-montre Elites, pourraient nécessiter un changement de vélo. Depuis, les coureurs ont eu le temps, au printemps ou en début de semaine, de se forger leur propre avis. Laconique dimanche soir après son sacre mondial dans l’effort collectif, Tom Dumoulin hésite encore à changer de machine (lire ici). Et après quelques balbutiements dans la presse néerlandaise, le vainqueur du Giro n’est pas encore certain de son choix pour escalader les 3,4 kilomètres à 9,1% de pente moyenne menant au belvédère de Floyen.

VOITURES INTERDITES

Chris Froome, lui, devrait changer de vélo, comme il l'avait déjà fait pour gagner le contre-la-montre de Chorges sur le Tour 2013. Il passera (habillé cette fois), dans la zone dédiée et encadrée par l’UCI, de son bolide de contre-la-montre à son Dogma F10 avec lequel il a brillé sur les pentes de la Vuelta et du Tour. La majorité des concurrents devraient s’inspirer de l’exemple du Britannique. D'ailleurs, changer de vélo au pied ou au sommet d'une bosse d'un contre-la-montre est loin d'être inédit. Les exemples sont nombreux, comme par exemple, au Monte Grappa sur le Giro 2014, ou tout simplement, en cas de crevaison.

Mais le changement de vélo pose toujours de nombreuses questions. Les certitudes sont maigres. Une zone a été prévue au pied du Mont Floyen, là même où les épreuves chronométrées entraient dans Bergen par le secteur pavé. Là, et seulement dans cette zone délimitée par un tapis de sol rouge, les coureurs pourront passer de leur vélo de contre-la-montre à un vélo de route traditionnel. Les épingles au pied du Mont Floyen se succédant trop rapidement, et la route étant très étroite jusqu’au sommet, les voitures suiveuses seront interdites. Elles devront alors se garer sur le bas-côté, pour permettre à un membre de l'encadrement de monter sur… une moto suiveuse. Comme cela s’est déjà vu dans les pentes du Plan de Corones du Giro, un mécanicien, ou le directeur sportif, pourra monter sur une moto mise à disposition par l’organisation et équipée d’un support permettant d’embarquer un vélo (de route) et une paire de roues.

AU COUP DE SIFFLET

Les incertitudes, elles, demeurent. Le chrono devrait ressembler, durant quelques secondes, à un poste de dépannage de cyclo-cross. Mais ici, les mécaniciens pourront pousser, durant un temps déterminé par un commissaire au moyen d’un coup de sifflet, le coureur qui remonte en selle. Comme lors d’un changement de vélo traditionnel sur route, mais à l’opposé du cyclo-cross. « Nous n’avons pas encore reçu d’instructions précises quant à la durée de la part de l’UCI. Apparemment, le commissaire sifflera quand on devra arrêter de pousser le coureur. Mais nous découvrirons sur place », explique Kevin Suarez, un mécanicien de l’équipe belge.

Laurens De Plus, Yves Lampaert et Victor Campenaerts ont procédé, ce mardi matin, à plusieurs tests pour optimiser ce changement de vélo. Pour De Plus et Campenaerts, les trois ou quatre passages se sont révélés concluants. Lampaert, lui, hésiterait à changer de vélo. « J’ai disputé quelques cyclo-cross, donc j’ai pu leur partager mon expérience de coureur », dévoile Suarez à DirectVelo. « Une personne sera chargée, comme en cross, de réceptionner le vélo de chrono. Une autre, pour la Belgique ce sera moi, de donner le vélo de route et de pousser le coureur. Le danger, par rapport au cross, est de glisser en cas de pluie car les cales de route ne sont pas prévues à cet effet, d’autant que tout se déroule dans une zone pavée. »

PIERRE-YVES CHATELON SUR LA MOTO

Du côté de la France, on procèdera aux derniers ajustements ce mercredi matin, lors de la dernière reconnaissance du tracé par Alexis Gougeard. « Nous verrons ce qu’on aura le droit de faire, et de pas faire », prévoit Franck Boudot, mécanicien chez AG2R et pour l’occasion en équipe de France. « Nous avons l’expérience du cyclo-cross, mais il faudra être efficace et propre car la manoeuvre est différente, tant du cross, que d’un dépannage classique depuis la voiture suiveuse. D’autant que le coureur aura déjà 27 kilomètres dans les jambes, il sera un peu cramé donc il faudra qu’il garde son sang froid. »

Le dispositif est en tout cas déjà établi. Guimard, Chatelon et Boudot dans la voiture suiveuse. Deux mécaniciens dans la zone technique, prêts à réceptionner et donner les vélos. Puis le sélectionneur des Espoirs sautera sur la moto suiveuse pour accompagner et encourager Gougeard dans l’ascension de Floyen. « On sera content que la journée se soit bien passée, mais en attendant, il faut être bien concentré pour que le job soit accompli avec cohésion et fluidité », conclut le mécanicien de l’équipe de France pour DirectVelo.

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