Evita Muzic (Bourgogne-Franche-Comté) a remporté, ce samedi à Saint-Amand-Montrond (Cher), le Championnat de France Juniors Dames. Elle a devancé sa coéquipière Jade Wiel et Célia Le Mouël (Bretagne). La nouvelle Championne nationale, déjà sacrée en cyclo-cross chez les Cadettes, revient sur ce titre auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Quelle drôle de fin de course, avec ta propre équipière Jade Wiel qui revenait fort dans les derniers kilomètres !
Evita Muzic : J'ai essayé de ne pas m'affoler du tout dans la dernière bosse. Je me suis souvenu que sur le chrono, j'avais perdu 20 secondes rien que dans les deux derniers kilomètres et c'est ce qui m'avait coûté le podium. Cette fois-ci, il ne fallait surtout pas qu'une mauvaise gestion de mon effort me coûte le titre. Je savais aussi que les bosses étaient mon point fort et que ce n'était pas dans ces parties-là que j'allais perdre du temps. Mais il fallait quand même gérer. Je n'ai pas tout donné dans la dernière bosse car je savais qu'il restait encore quelques kilomètres et que si elles revenaient, il fallait que j'ai encore des forces pour éventuellement jouer le sprint. J'ai vraiment tout donné à partir de la flamme rouge.

« JADE ETAIT LARGEMENT AUSSI FORTE QUE MOI »

As-tu eu le temps de douter ?
Oui, quand même. Il a fallu que j'attende les 100 derniers mètres pour réaliser que j'allais gagner car avant, je n'étais sûre de rien. Je voyais que Jade (Wiel) revenait très fort. Je savais qu'elle pouvait revenir sur moi, qu'elle était en grande condition et qu'en plus, elle était plus rapide que moi au sprint. Alors il a fallu que je donne tout jusqu'à la fin. Je pensais au titre mais dans ma tête, ce n'était pas fini dans le final.

Paradoxalement, c'est aussi grâce à la course d'équipe que tu décroches ce titre, Jade Wiel n'ayant pas pris de relais dans le groupe de contre pendant de nombreux kilomètres...
Oui, Jade était largement aussi forte que moi mais j'ai eu ma chance et j'ai tenté le coup. Et ça l'a fait ! Quand j'ai tenté ma chance, je me suis dit que les filles allaient peut-être se regarder. C'est pour ça que j'ai attaqué assez tôt. J'ai pensé que ça allait être plus difficile de sortir dans le final. Je suis assez forte en endurance donc je savais que si j'arrivais à prendre 30-40 secondes, j'allais pouvoir tenir jusqu'au bout. Il fallait surtout que je creuse vite l'écart.

« UN BOULOT D'ENFER »

Le circuit semblait taillé pour toi...
C'est sûr qu'il convenait à mes qualités. Si on avait pu mettre l'arrivée en haut de la bosse, ça aurait été encore mieux (rires). Mais bon, finalement, peut-être que c'était mieux comme ça...

Qu'as-tu ressenti pendant La Marseillaise ?
J'ai pensé à beaucoup de choses, à mes parents qui m'ont beaucoup donné. Je pensais aussi à mes équipières qui ont vraiment fait un boulot d'enfer pendant toute la course. Cette victoire, c'est aussi pour elles.

« CE NE SERA PLUS PAREIL »

Tu étais frustrée après l'épreuve chronométrée, où tu avais manqué le podium...
C'est sûr, même si je n'avais pas fait une préparation spécifique pour le chrono. Je préparais plutôt la Classique des Pyrénées. Mais j'étais quand même déçue de louper le podium pour quatre secondes. J'étais partie dans les premières et je n'avais aucun temps de référence, ça n'a pas aidé mais d'un autre côté, ça m'avait quand même mis en confiance car j'ai senti que j'avais de bonnes sensations.

Aujourd'hui, tu confirmes que tu fais partie des toutes meilleures de ta génération, en cyclo-cross mais aussi sur route ?
J'ai souvent été dans les trois meilleures de ma génération mais je n'avais jamais concrétisé, hormis une fois en cyclo-cross chez les Cadettes. Et en plus, ce jour-là, je pense que je n'étais pas forcément la meilleure. Je suis vraiment contente d'avoir ce maillot, d'autant que c'était mon dernier Championnat chez les Juniors. Avec les Elites, ce ne sera plus pareil. Et pour finir, le maillot reste en Franche-Comté après la victoire de Juliette Labous l'an passé. C'est parfait.