L'arrêt de BMC Development : « Une mauvaise nouvelle pour le vélo »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo.com

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L'équipe BMC a annoncé ce lundi que sa réserve BMC Development se retirera des pelotons l'année prochaine, lassée de voir ses jeunes pousses pillées par les équipes concurrentes qui n'investissent pas toutes dans la formation (lire ici). "C'est naturellement une décision encore plus regrettable d'autant que nous sommes la meilleure équipe de formation à l'heure actuelle", s'attriste le directeur sportif Klaas Lodewyck auprès de DirectVelo. Toutefois, le Belge comprend la décision de ses dirigeants. "Nous investissons beaucoup d'argent dans nos jeunes coureurs. La détection des talents nous prend du temps et de l'argent. En voir certains partir dans des équipes qui ne misent rien sur la formation peut s'avérer frustrant."

LE DÉBUT D'UNE LONGUE SÉRIE ?

Klaas Lodewyck craint même une disparation à terme de toutes les équipes de formation. "Si aucun changement ne vient de l'UCI, je pense évidemment que l'exode continuera. Regardez Rabobank et Klein Constantia ces dernières années. Il faut protéger ces équipes de manière à assurer le passage systématique dans la formation WorldTour." Toutefois l'arrêt des équipes réserve est loin d'être une nouveauté. Le Crédit Agricole avait supprimé son équipe de troisième division au moment d'intégrer le ProTour, pour des raisons budgétaires, en 2005.

C'est un pas en arrière pour BMC Racing Team alors que le Conseil du Cyclisme Professionnel avait proposé dans une première mouture de la réforme du cyclisme, d'imposer à partir de 2015, une équipe réserve à chaque armada du WorldTour.

« DÉCISION DRASTIQUE »

Outre son cas personnel, l'ancien professionnel déplore une situation désagréable pour ses coureurs. "Je n'aurai aucun problème pour les motiver, ça c'est sûr mais d'un autre côté, ils auront tous la pression car ils savent bien que BMC arrête à la fin de la saison. En ce qui me concerne, j'ai déjà vécu des moments difficiles en tant que coureur. Il fallait que cela arrive aussi en tant que directeur sportif. Je dois également me chercher un nouvel objectif."

Un des coureurs concernés par cette mauvaise nouvelle est donc Stef Cras, Espoir troisième année. L'Anversois juge cette décision "drastique. D'un côté, il faut favoriser la transition directe des jeunes vers l'équipe-mère. Ce qui est une bonne chose selon moi. D'un autre côté, il parait difficilement concevable de voir débarquer chaque année cinq ou six néo-pros dans une équipe WorldTour."

COMPENSATION FINANCIÈRE POUR LES ÉQUIPES FORMATRICES

Du côté de la concurrence, le directeur sportif de Lotto-Soudal U23, Kurt Van de Wouwer voit surtout "une mauvaise nouvelle pour le cyclisme en général". D'ailleurs, il soutient le point de vue de son homologue sur le maintien des jeunes talents en vue de les faire migrer vers l'équipe-mère. "On pourrait, je pense, mettre en place un système de compensation financière pour les équipes de formation qui perdent un talent. Ce qui serait déjà un pas en avant."

Cependant, il ne comprend pas l'arrêt définitif de BMC Development. "Se faire subtiliser des talents arrivera encore. Si nous avions eu le même raisonnement, alors nous aurions très bien pu nous arrêter après le départ de Laurens De Plus, formé chez nous. L'enveloppe financière de la BMC Development Team conjuguée à celle de l'équipe professionnelle est sans doute la vraie raison selon moi. Ils ont un budget six fois supérieur au nôtre chez les Espoirs. Ils ont eu une structure extraordinaire pour l'encadrement des jeunes. Si la question financière devient trop lourde par rapport à l'investissement en temps, pourquoi ne pas avoir tout simplement diminué le budget ?", s'interroge-t-il.

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