Charlotte Bravard a eu du mal à le réaliser, mais elle est bien la nouvelle Championne de France Elites Dames de cyclisme sur route. La pensionnaire de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope, qui a passé la journée à l'avant sur le circuit de Saint-Omer, l'a emporté en réglant au sprint un groupe de quatre attaquantes. La jeune femme de 25 ans partage son bonheur et ses émotions avec DirectVelo.

DirectVelo : Que ressens-tu avec ce maillot bleu-blanc-rouge sur les épaules ?
Charlotte Bravard : Je ne réalise pas du tout pour l'instant. Je pense qu'il va me falloir quelques jours pour que je réalise ce qui m'arrive. Aujourd'hui (samedi), sur la ligne de départ, j'avais vraiment envie que l'on ramène le maillot dans l'équipe. C'était vraiment l'objectif. Mais de là à ce que je gagne... Sur le chrono, j'étais un peu frustrée car je l'avais bien préparé et j'ai fait, selon moi, une contre-performance. Ça m'a encore plus motivé pour aujourd'hui car je savais que j'étais quand même en forme. 

« JE NE VOULAIS PAS ATTENDRE »

Dans un premier temps, tu t'es retrouvée isolée dans un groupe de tête imposant...
J'ai beaucoup douté quand on s'est retrouvées à une quinzaine devant et que j'étais la seule fille de la FDJ, après la crevaison de Coralie (Demay). Je voulais que ça rentre derrière puis au moment où l'on allait se faire reprendre, Fanny (Zambon) a attaqué. Je savais qu'elle roulait bien et qu'on allait pouvoir faire un petit bout de chemin ensemble.

Et tu n'as pas imaginé attendre Marjolaine Bazin et Amélie Rivat-Mas lorsqu'elles se faisaient de plus en plus menaçantes ?
Je ne voulais pas forcément les attendre. On s'usait devant mais elles se fatiguaient aussi derrière. Quand j'ai vu qu'elles rentraient quand même, j'ai soufflé un peu pour pouvoir bien reprendre les roues. Une fois à quatre, je ne voulais vraiment pas me rater et il fallait que l'on ramène le maillot. Et c'est ce que j'ai fait !

« J'AI DOUTÉ, C'EST NORMAL »

Il était prévu que tu fasses la course à l'avant ce samedi ?
Toutes les filles étaient en forme alors on avait toutes notre carte à jouer. Roxane (Fournier) était protégée en cas d'arrivée au sprint et pour les autres, on pouvait aller dans des coups. Finalement, c'est tombé sur moi.

Tu n'as pas eu peur lorsque le contre est rentré ?
J'ai douté, c'est normal. Je savais qu'Amélie (Rivat-Mas) avait une bonne pointe de vitesse. J'avais par contre l'avantage d'avoir Victorie (Guilman) juste derrière, en contre. Je ne voulais pas collaborer devant au cas où elle rentre car on aurait été deux de l'équipe devant. J'en ai profité pour m'économiser un peu et en faire moins que les autres filles.

« JE VEUX VRAIMENT PROFITER DE CE MAILLOT »

Comment as-tu géré le dernier kilomètre ?
J'avais la pression. Il fallait gagner, je n'avais pas le choix. J'aurais vraiment été frustrée de ne pas gagner mais j'avais peur qu'Amélie attaque dans la dernière bosse. J'avais fait toute la course devant et je pensais avoir un coup de moins bien. Mais on est arrivé toutes les quatre à la flamme rouge. Marjolaine (Bazin) a emmené le groupe sur les pavés. Elle a vu que Fanny avait perdu quelques mètres et je pense qu'elle voulait rouler pour assurer le podium. Amélie a lancé le sprint et j'ai pu déborder. Franchement, je n'aurais jamais pensé à ça. Je veux vraiment profiter de ce maillot.

Ce succès, c'est aussi celui du collectif de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope...
La FDJ a changé pas mal de choses pour moi depuis que j'y suis. On a beaucoup de moyens, un camping-car, un camion, des filles qui sont salariées. J'espère que l'on pourra toutes passer un palier d'ici deux ans et que l'ensemble des filles aura un contrat, même si c'est déjà mon cas. Ça avance petit à petit.

Tu as souvent expliqué te plaire dans un rôle d'équipière. Mais te voilà maintenant Championne de France : qu'est-ce que ça change ?
Je ne serai pas forcément plus protégée maintenant. J'aime bien ce rôle d'équipière. Si je progresse, peut-être que j'aurai aussi ma carte à jouer, mais pas pour l'instant.