Alexys Brunel : « J'étais le plus fort »

Crédit photo Alain Dutilleul

Crédit photo Alain Dutilleul

Alexys Brunel n'est pas passé loin d'un très grand succès ce dimanche. Seul en tête à la sortie du Carrefour de l'Arbre, le puissant rouleur du CC Etupes s'est vu gagner Paris-Roubaix Espoirs pour sa première participation dans cette catégorie. Mais c'était sans compter sur la non-collaboration de ses deux derniers rivaux, Nathan Van Hooydonck et Robbe Ghys. "Je ne comprends pas : Ils sont contents de terminer quatrième et cinquième alors qu'ils avaient le podium assuré ?", peste Brunel. Déçu du résultat mais définitivement convaincu de pouvoir remporter la course qui le fait rêver, le Champion d'Europe Juniors du chrono revient sur sa performance auprès de DirectVelo. 

DirectVelo : Quel sentiment prédomine au lendemain de ta sixième place sur Paris-Roubaix ?
Alexys Brunel : La déception. Faire sixième n'est pas ce que j'espérais. Un Top 10 en étant Espoir 1, sur le papier, c'est pas mal... Mais je voulais vraiment gagner. Je suis passé en tête au Carrefour de l'Arbre et à ce moment-là, je me suis vraiment dit que ça pouvait le faire. En plus, le scénario de course semblait idéal. Lorsque Ghys et Van Hooydonck sont revenus sur moi, nous étions trois en tête. Trois, comme le nombre de places sur le podium. Dans ma tête, je me suis dit qu'on allait au bout.

Mais alors, que s'est-il passé ?
Ils n'ont jamais voulu rouler ! Ils se regardaient. Van Hooydonck parle français, on se comprenait. Quand il est revenu sur moi, je lui ai dit : "Allez, on roule à bloc". On avait vingt secondes d'avance, c'était vraiment bien. Mais il ne voulait pas passer. Puis le mec de Lotto est rentré (Robbe Ghys, NDLR) et là, pareil. Ils m'ont dit qu'ils avaient des mecs derrière... C'était déprimant.

« ILS FAISAIENT SEMBLANT »

Ils n'ont jamais passé le moindre relais ?
Ils passaient juste le vélo quoi, mais c'était histoire de, ils faisaient semblant. Ils n'ont jamais passé un seul vrai relais jusqu'à ce qu'on se fasse reprendre à la toute fin. Je ne comprends pas : Ils sont contents de terminer quatrième et cinquième alors qu'ils avaient le podium assuré ? Il faudra m'expliquer.

De ton côté, comment as-tu géré ces kilomètres-là nerveusement ?
J'étais entre deux : Je roulais quand même mais surtout pour encourager les autres à passer. Je ne passais pas de relais super appuyés, ça ne servait à rien. J'espérais que ça s'organise mais ça n'a jamais été le cas.

Nathan Van Hooydonck a notamment expliqué qu'il te trouvait très fort et qu'il te savait plus rapide que lui au sprint (lire ici)...
D'accord mais dans le pire des cas, il aurait pu terminer sur le podium. Et là il fait quoi ? Cinquième ? Bon, alors... Il fallait jouer le coup à fond. De toute façon, une fois que tu es devant, il faut faire la course, sinon ça ne sert à rien d'attaquer. Franchement, être devant et agir comme ça, je trouve ça dingue et désolant.

« ÇA POUVAIT ÊTRE INCROYABLE »

Tu t'es senti le plus fort sur ce Paris-Roubaix Espoirs ?
Franchement, oui ! Enfin... Je me sentais au-dessus des autres, je me sentais le plus fort. Mais je le dis vraiment sans avoir la grosse tête. C'est simplement que j'étais au top physiquement et mentalement. Je sentais que ça pouvait vraiment le faire. Et puis, dans ce groupe de trois, c'était royal. En plus je savais que j'étais assez rapide au sprint. Tout était possible. Je me suis imaginé pouvoir gagner la course.

Que s'est-il passé dans ta tête quand le gros groupe de contre est rentré ?
C'était la déception. Mais j'étais encore dans ma course. Je voulais toujours faire mon résultat. Malheureusement il s'est passé pas mal de choses dans ce sprint et je me suis fait enfermer. Je n'ai pas pu sprinter comme je l'aurais voulu.

Tu retiendras quand même de belles et grandes émotions de ce dimanche ?
Oui, c'est le mythe Paris-Roubaix quoi ! Je me suis régalé... C'est la course qui me fait rêver. Lâcher tout le monde dans le Carrefour de l'Arbre, c'est quelque chose. Dans ma tête, je me suis dit : "Normalement, celui qui passe en tête à la sortie du Carrefour de l'Arbre gagne Paris-Roubaix". Je me suis dit que c'était peut-être aujourd'hui, que ça pouvait être incroyable.

« JE M’AMÉLIORE À CHAQUE COURSE »

Finalement, tu t'es imaginé remporter coup sur coup le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, puisque tu t'étais déjà retrouvé en tête sur le "Ronde"...
C'était quand même différent car sur le Tour des Flandres, j'avais bien joué le coup tactiquement mais je ne me sentais pas le plus fort. Je sentais que je n'avais pas la puissance pour peser sur le final et jouer avec les tous meilleurs. Mais depuis, j'ai encore beaucoup travaillé à l'entraînement et en course. J'ai chopé de la caisse. Je me sens plus fort qu'en début de saison.

Pourtant, le Tour des Flandres n'était pas il y a six mois...
C'est vrai mais je tiens mieux la distance. Vraiment, je le sens. J'essaie d'améliorer toujours plus mon sens tactique aussi. Physiquement, je m'améliore à chaque course.

Tu as déjà coché Paris-Roubaix Espoirs 2018 sur ton calendrier ?
Oui (rires) ! Je vais le cocher pour les trois prochaines années même. Après ce que j'ai fait en Espoir 1, je suis surmotivé. Surtout que les deux mecs les plus forts, avec moi dans le final, étaient des Espoirs 4. Bon, ça ne veut pas tout dire car d'autres mecs vont arriver, puis d'ailleurs, le vainqueur est un Espoir 1 comme moi (Nils Eeckhoof, NDLR). Mais ce n'est pas pareil, il avait été lâché sur les pavés et il est rentré dans le contre. Alors rendez-vous sur la prochaine édition.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Alexys BRUNEL