Armand Mégret n'a pas dit son dernier mot

Crédit photo DirectVelo.com

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Les chiffres du Suivi médical réglementaire sont à la baisse. C'est loin d'être une bonne nouvelle. La subvention ministérielle est passée de 319 025 euros en 2011 à 122 170 euros en 2016. En conséquence, le nombre d'examens a chuté de moitié en ce qui concerne les coureurs amateurs. Le nombre de cortisolémie basse suit la même courbe. De 43 cas dans le peloton amateur de 2012, on est passé à 4 en 2016. "Je cherche moins, je trouve moins", déplore Armand Mégret auprès de DirectVelo.

« UNE RAISON DE MA COLERE »

Le médecin fédéral présentait son bilan annuel à l'Assemblée générale de la FFC, samedi dernier. Il ne sait pas encore s'il rempilera avec la nouvelle équipe fédérale menée par Michel Callot. "Si ça continue avec des moyens à la baisse ça ne m'intéresse pas. C'est une des raisons de ma colère. La FFC va devoir faire des choix pour financer le Suivi et redéfinir des priorités", souligne-t-il. Le nouveau Président est visiblement sur la même longueur d'ondes.

Interrogé par DirectVelo sur ce sujet des subventions ministérielles, Michel Callot a avancé deux solutions : "Faire pression sur les autorités de tutelle pour obtenir les crédits nécessaires mais je ne doute pas que David Lappartient l'avait déjà fait avec beaucoup d'énergie et je ne dis pas que je ferai mieux. La deuxième solution sera de dégager une ligne budgétaire à l'intérieur de l'ensemble de notre budget sportif car il est essentiel de protéger la santé de nos athlètes avant tout."

Le Suivi longitudinal, devenu Suivi médical règlementaire est un peu le "bébé" d'Armand Mégret qui occupe le poste de médecin fédéral depuis 1997. On peut même dire qu'il a été visionnaire puisque le suivi a été décidé par le comité directeur de la FFC réuni le 26 juin 1998, quinze jours avant le contrôle de douane qui a lancé l'Affaire Festina.

« DOPAGE OU PAS, CE N'EST PAS MON PROBLEME »

La philosophie de ce suivi est toujours celle défendue par le docteur : prévenir au mieux les risques auxquels les athlètes peuvent être exposés. "Dopage ou pas, ce n'est pas mon problème. Mon devoir c'est de détecter les effets néfastes sur un plan sanitaire et de prendre des décisions", assène-t-il.

En 2016, il s'est senti esseulé quand il a alarmé le Ministère des sports et l'UCI sur l'augmentation de l'utilisation des corticoïdes dans le peloton. "Mais l'Agence Mondiale Antidopage commence à prendre en compte ce qu'on disait." Il ne prêche donc pas dans le désert et peut compter sur le soutien de Roger Legeay, Président du Mouvement pour un Cyclisme Crédible, créé en 2007. "Je lui tire mon chapeau d'avoir adopté des règles basées sur le volontariat", apprécie Armand Mégret. En 2016 avec le MPCC et la Ligue, il a mené des contrôles de cortisolémie sur six courses professionnelles en France avec cinq contre-indications sur 659 coureurs contrôlés. "Nous sommes le seul sport à mener ce type d'action sanitaire de contre-indication en raison d'une cortisolémie basse. Et si les corticoïdes ont repris de l'ampleur c'est aussi parce que la lutte antidopage marche bien et détecte d'autres produits ou méthodes", se félicite-t-il.

Le médecin fédéral a un autre cheval de bataille : les produits non-interdits mais dangereux comme le puissant antalgique, le Tramadol et le Stilnox, le somnifère classé récemment parmi les stupéfiants. Il aimerait voir ces produits rejoindre la liste des produits interdits.

UNE CHUTE DEVIENT UN ACCIDENT DU TRAVAIL »

Depuis 1997, le travail du docteur de la fédération s'est alourdi. "Il y a non seulement la prise en charge du volet sportif mais aussi du volet règlementaire", détaille-t-il. Cela nécessite un travail de veille permanent. "La loi du 27 novembre 2015 sur la protection des sportifs de haut-niveau assimile les accidents, une chute par exemple, des coureurs inscrits sur la liste des sportifs de haut-niveau, à un accident du travail. Cela sous-entend la responsabilité de la FFC comme employeur et une augmentation des coûts d'assurance. Cette médecine du travail, c'est ce pour quoi je milite depuis des années."

Le Breton de 73 ans est toujours partant pour servir la fédération d'une manière ou d'une autre. "Je suis disponible pour des missions mais le rôle du médecin fédéral doit évoluer. Tant que j'ai de l'énergie, je serai partant pour apporter quelque chose mais pas à n'importe qu'elle condition."

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