Pierre Idjouadiene : « L'émotion était énorme »

Crédit photo Marie Grenèche

Crédit photo Marie Grenèche

Pierre Idjouadiene se remet doucement de ses émotions. Lauréat avec la manière du Circuit des 4 Cantons samedi dernier en hommage à son ami Etienne Fabre (lire son interview d'après-course), le coureur de 21 ans a remis le couvert le lendemain en remportant le Critérium du Printemps sur les terres de son club du CC Etupes. L'ancien médaillé de bronze du Championnat d'Europe Juniors revient sur ce week-end inoubliable auprès de DirectVelo.

DirectVelo : As-tu eu le temps de te remettre de toutes ces émotions ?
Pierre Idjouadiene : Je commence à digérer tout ça... Physiquement, je souffle un peu car ces deux jours de course dans le froid et sous la pluie m'ont vidé. Dimanche soir, j'étais cuit. Émotionnellement aussi, j'ai beaucoup donné ce week-end et ça m'a fait du bien de souffler ces dernières heures. J'ai une toute petite douleur au genou suite aux efforts de ce week-end et du coup, je m'offre deux jours sans vélo.

Avais-tu rêvé d'un tel week-end ?
J'avais rêvé de la course de samedi, oui. Celle de dimanche, c'était plutôt du bonus et le matin de la course, je me suis simplement dit qu'après avoir gagné la veille, c'était l'occasion de rouler pour l'équipe et de faire gagner un copain dans la mesure du possible. Mais finalement je me suis retrouvé dans la bonne échappée avec notamment mes équipiers Romain Seigle et Matthieu Garnier. En surnombre dans le final, nous avons attaqué à tour de rôle et finalement, c'est moi qui ai pu me détacher dans les vingt derniers kilomètres.

« BEAUCOUP DE PERSONNES ONT PRIS LE TEMPS DE VENIR ME FÉLICITER »

Samedi, au soir de ta victoire sur les 4 Cantons, comment as-tu vécu les heures qui ont suivi ?
Ca a été une soirée passée sur les réseaux sociaux (sourires). J'ai reçu énormément de messages de félicitations et j'ai tenu à répondre à tout le monde. J'ai quand même essayé de ne pas rester collé à l'écran du téléphone car j'étais en famille. Mon grand-père, mon oncle et ma tante étaient venus me voir sur la course et j'ai passé la soirée avec eux. J'ai même pu me faire un petit plaisir avec les gaufres préparées par ma grand-mère. Il y a aussi eu un grand moment d'émotion lorsque les parents d'Etienne (Fabre) m'ont appelé. C'était peu de temps après la course. J'étais tellement fier d'avoir pu rendre cet hommage à Etienne...

On a également vu l'émotion de tes équipiers et de ton entourage juste après la ligne d'arrivée sur les routes auvergnates...
Je ne me suis pas rendu compte de tout car il y avait beaucoup de monde autour de moi. Mais je me souviens que beaucoup de personnes ont pris le temps de venir me féliciter après la ligne, notamment tous les coureurs du Chambéry CF et plus généralement tous les Rhônalpins qui connaissaient bien Etienne. L'émotion était énorme.

« JE N'AI PLUS ENVIE DE LÂCHER DANS LA TÊTE »

Après ce que tu avais réalisé et vécu sur le Circuit des 4 Cantons, tu aurais pu avoir envie de lever le pied le lendemain...
C'est justement le piège dans lequel je suis souvent tombé par le passé et je ne voulais pas retomber dedans. L'an dernier, à chaque fois ou presque que j'avais un bon résultat ou que je marchais fort, je ne retrouvais pas la même envie le lendemain et je laissais facilement tomber. Je n'avais plus l'envie de me faire mal. Mais j'ai appris de ces erreurs-là. J'essaie de garder la même envie sur chaque course, peu importe ce qui a pu se passer la veille ou l'avant-veille. C'est un nouvel état d'esprit en quelque sorte : je veux me forcer à me battre sur chaque course. En plus, c'était une course très importante pour le club dimanche et je ne pouvais pas me permettre de "la jouer cool".

D'un point de vue purement sportif : que peuvent changer ces 2 victoires coup sur coup pour le reste de ta saison ?
J'ai pris conscience que j'étais capable de me faire encore plus mal sur le vélo que je ne l'imaginais. C'est d'ailleurs ce que m'a dit mon entraîneur après la course de samedi : "Si tu l'as fait une fois, tu peux le refaire". Bien sûr, je ne vais pas me mettre à gagner tous les week-ends maintenant, mais j'ai envie de m'impliquer encore plus, de me faire encore plus mal. Je me dois d'avoir un autre état d'esprit. Je n'ai plus envie de lâcher dans la tête comme je l'ai trop souvent fait. Ça a toujours été l'un de mes points faibles depuis mon passage dans le peloton des Élites. Je pense que sur le vélo, on atteint sa limite mentale avant d'atteindre sa limite physique et moi, je veux repousser cette fameuse limite mentale.

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