Lucas Destang : « Être cycliste, c'est une chance »

Crédit photo Maelys Relet

Crédit photo Maelys Relet

Lucas Destang est de retour. Alors qu'il avait pris la décision d'arrêter la compétition l'an passé (lire ici), l'ancien coureur du Vendée U puis du GSC Blagnac-Vélo Sport 31 a finalement décidé de tout reprendre à zéro, du côté de La Bande. "Avec cette pause, j'ai réalisé qu'être cycliste, c'est une chance. C'est quand même plus sympa de se lever le matin pour aller rouler cinq heures, que pour aller au boulot, en magasin ou à l'usine pendant huit heures par jour", résume-t-il auprès de DirectVelo. Entretien avec celui qui, à 21 ans, espère toujours faire carrière dans le monde du cyclisme professionnel.

DirectVelo : Pourquoi as-tu décidé de reprendre la compétition ?
Lucas Destang : J'avais décidé d'arrêter sur un coup de tête. Enfin, j'y pensais depuis quelques temps mais mon début de saison 2016 avait fini de me convaincre. Sur le coup, je me suis dit que ça allait me servir d'expérience. Du jour au lendemain, j'ai arrêté le vélo, et je n'ai plus du tout roulé. J'ai commencé à bosser à Intersport. Mais au fil du temps, je voyais les copains se régaler sur les courses, gagner des épreuves... j'avais arrêté la pratique du cyclisme mais j'ai toujours continué de suivre les résultats. Petit à petit, à force d'en discuter avec les copains, j'ai décidé de reprendre. J'ai accroché au projet du Team Payname, qui s'appelle maintenant La Bande, et j'ai donc repris en DN3.

« J'AVAIS BESOIN DE REPRENDRE UNE VIE NORMALE ET CLASSIQUE »

Tu parles de "coup de tête" mais l'an passé, tu nous expliquais ne jamais avoir été à 100% dans ton implication sur le vélo, et avoir longtemps continué pour ne pas décevoir tes proches...
C'est vrai. Je n'étais pas épanoui dans ma vie de cycliste. Sur le coup, je pense que j'avais besoin de reprendre une vie "normale et classique". Je voulais voir ce que c'était que de se lever tous les matins pour aller au boulot.

Comment avaient réagi tes proches lorsque tu leur avais annoncé ta décision d'arrêter la compétition ?
C'est toujours un "choc" d'autant qu'ils avaient beaucoup misé là-desssus. Enfin, ils se sont toujours beaucoup impliqués pour moi, en terme de déplacements par exemple. Mais d'un autre côté, ils savaient que je n'étais pas impliqué à 100%. Je leur avais simplement expliqué que j'en avais ras-le-bol. Ils ont respecté ma décision mais peut-être se doutaient-ils que j'allais reprendre plus tard.

« JE N'AI PAS VOULU FAIRE LE PAS, J'AVAIS UN PEU PEUR »

Tu répètes que tu n'étais pas impliqué à 100% : c'est-à-dire ?
Chez les Juniors, j'étais au CREPS et donc en étant avec tout le monde sans arrêt, j'étais parfaitement impliqué. Mais cela a disparu lors de mon arrivée chez les Espoirs. Je me suis retrouvé livré à moi-même et j'ai commencé à faire n'importe quoi. C'est d'autant plus dommage, avec le recul, que j'aurais justement pu avoir la chance d'être très bien encadré au Vendée U mais à l'époque, j'avais refusé de vivre au manoir avec le groupe. Je n'étais pas prêt à faire ce genre de sacrifices à l'époque. Je ne voulais pas partir de Bordeaux, quitter ma petite vie, mes habitudes et mes amis. Je n'ai pas voulu faire le pas, j'avais un peu peur. C'était sans doute une erreur.

Qu'espères-tu aujourd'hui en reprenant la compétition ?
Dans un premier temps, je veux me refaire plaisir : m'amuser tout en m'impliquant, cette fois, à 100% (rires). Je m'entraîne beaucoup plus sérieusement depuis que j'ai décidé de reprendre. Je sors moins qu'avant, je me couche plus tôt... je pense que ça devrait payer. Bien sûr, il va me falloir un peu de temps car on ne retrouve pas son meilleur niveau comme ça, du jour au lendemain. Mais j'ai bien travaillé tout l'hiver et je suis déjà content de mes sensations sur les premières courses de la saison. Il n'y a rien de dingue, mais c'est quand même encourageant.

« J'AVAIS TOUJOURS VECU DANS LA FACILITE »

Et tu travailles toujours en parallèle ?
Non ! Justement, je ne fais que du vélo et je veux vraiment pouvoir m'y exprimer pleinement. Avec cette pause, j'ai réalisé qu'être cycliste, c'est une chance. C'est quand même plus sympa de se lever le matin pour aller rouler cinq heures, que pour aller au boulot, en magasin ou à l'usine pendant huit heures par jour. Jusqu'à cet arrêt, j'avais toujours vécu dans la facilité. Je crois que j'avais besoin de le réaliser et maintenant, c'est chose faite. Le vélo, c'est la belle vie. C'est la vie dont je rêve depuis gamin. Être coureur cycliste, c'est ce qui me plaît.

Finalement, tu reviens plus motivé que jamais ?
Je reste jeune : je suis Espoir 4e année. Dans un coin de ma tête, je me dis que je peux toujours espérer passer professionnel. Mais chaque chose en son temps. Je veux déjà retrouver le niveau qui était le mien avant que j'arrête et pour la suite, on verra.

« J'AI SOUVENT EU LA REPUTATION DE FAIRE LA FÊTE »

Physiquement, tu as donc réalisé une grosse préparation hivernale...
J'avais pris dix kilos après mon arrêt ! J'ai coupé totalement et j'ai profité de la vie. Alors quand j'ai décidé de reprendre, il a fallu faire de gros efforts. Finalement, j'ai reperdu huit kilos et j'ai retrouvé un poids quasi de forme. De toute façon, j'ai toujours été en léger surpoids jusqu'à présent sur le vélo mais là aussi, je veux corriger le tir.

Tu as toujours ta "petite vie tranquille" sur Bordeaux ?
Oui, je vis avec ma mère et ça me permet de rester sérieux. Je ne suis plus tenté par les nuits bordelaises (sourires). J'ai souvent eu la réputation de faire la fête. Mais j'ai changé ! Je travaille dur maintenant et à l'avenir, j'ai envie de travailler encore plus dur pour voir jusqu'où je peux aller.
 

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