Le premier DTN du cyclisme français est mort

Crédit photo DirectVelo.com

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Il était rentré à la FFC Capitaine, il en est ressorti Colonel. Premier Directeur Technique National du cyclisme français, Richard Marillier est mort vendredi à 92 ans, annonce L'Equipe.

"Vous avez des notes de Maréchal de France, vous êtes décorés jusqu’au nombril mais vous n’avez pas d’origine. Vous sortez du rang", lui avait dit un Colonel de l'Armée de Terre. Ancien FFI, il était membre du maquis du Vercors en 1944, pour donner une idée de son courage physique. Il fut coureur amateur après la guerre, puis employé chez les dérailleurs Simplex dirigés par son beau-père.

En 1956 , il retourne dans l'Armée. Instructeur chez les commandos, ses anciens collègues des forces spéciales lui demanderont un coup de main en 1977 pour filer le terroriste Carlos à San Cristobal, où se déroulent les Championnats du Monde. "Sous les drapeaux", il va aussi relancer le championnat de France militaire.

HC ET 50x16

En 1969, la FFC l'appelle à la rescousse pour mettre de l'ordre dans la maison. Il est le premier Directeur Technique National.

Son premier chantier sera de limiter l'activité des amateurs. Le problème de l'époque est que les néo-pro prometteurs rentrent vite dans le rang. L'exemple emblématique est Bernard Guyot, vainqueur de la Course de la Paix 1966 mais qui s'effacera chez les pros malgré de bons débuts. Accusés : l'abus de gros braquets et une trop grande activité chez les amateurs.

Alors en 1970, Richard Marillier limite les jours de courses : pas plus de quatre courses par étapes par an et huit jours obligatoires entre deux épreuves par étapes. Il limite les distances des courses Minimes et Cadets ainsi que leurs braquets : 46x16 et 50x16.

Sans langue de bois, il dénonce l'incompétence des dirigeants qui conseillent les coureurs et se fait des ennemis. Il s'appuie alors sur Daniel Clément pour former des cadres.

Richard Marillier va aussi s'attaquer aux amateurs Hors Catégorie, les ex-pros, qui gagnent leur vie en pédalant. Il supprime leur catégorie et limite les prix du premier d'une course à 20% du total des prix. Pour lui, l'argent est un des maux du cyclisme amateur.

CLUB FRANCE

Le DTN élargit aussi le "club France", c'est à dire le nombre de coureurs susceptibles d'être retenus en équipe de France. Le but est de créer une élite pour y puiser les néo-pros. Ce dernier point n'aboutit pas.

IL RENVERSE UN PRESIDENT

Pendant dix ans ses sélections ou critères de sélections sont régulièrement discutés mais c'est le lot de tout sélectionneur.
Mais un de ses choix aura tout de même coûté sa tête à un Président de la FFC.

Avant les J.O. 1980 de Moscou Marillier attribue une des quatres bourses olympiques à Marc Madiot. Colère d'Olivier Dussaix, Président de la FFC et Colonel dans l'Armée, qui s'oppose à ce choix. Il demande à son comité directeur le limogeage du DTN le 15 décembre 1978. Au final Dussaix est mis en minorité et doit capituler. Le Colonel Marillier reste à son poste.

Mais parfois, les équipes sous sa responsabilité connaissent la débacle. Ainsi en 1977, l'équipe de France du 100 km contre-la-montre est disqualifiée à la fin de la course car aucun des coureurs ne portait de casque. Le comble pour un militaire.

DE LA FFC AU TOUR DE FRANCE

Richard Marillier achève sa mission après les championnats du monde de 1980 organisés en France. En onze ans, sous le maillot tricolore, Régis Ovion, Josiane Bost et Geneviève Gambillon ont endossé le maillot arc-en-ciel au niveau amateur.
Il rejoint en 1981 la Société du Tour au poste de directeur adjoint. Il sera l'homme de la Société du Tour promu Président de la nouvelle Ligue du cyclisme professionnel et membre du comité directeur de la Fédération Internationale du Cyclisme Professionnel.

Il n'abandonne pas le cyclisme amateur, notamment chez lui, dans la Nièvre. Il est ainsi Président du Tour  Nivernais Morvan  de 1988 à 1996.

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