Pierre Idjouadiene : « Etienne, pour toi mon frère »

Crédit photo Mathilde l'Azou Photographies

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La terrible nouvelle est tombée ce samedi, tard dans la soirée : Etienne Fabre, à peine 20 ans et pensionnaire de la formation du Chambéry CF, est mort suite à un accident de montagne (lire ici). Ami et colocataire d'Etienne Fabre, Pierre Idjouadiene rend hommage à son ami disparu à travers un récit qu'il a souhaité partager avec DirectVelo. 

« Hier, j'ai perdu mon plus grand ami, mon partenaire de vie, le frère que je n'ai jamais eu. Hier, la montagne t'a pris, Étienne, elle t'a laissé filer dans son couloir. Elle a pris tes derniers souffles. Tu es parti en silence, sans mot, sans rien, mais j'entends déjà ton rire et ta voix qui chantent autour de moi. Ta bonne humeur est toujours là avec moi et j'ai du mal à me dire que désormais je ne vivrai à tes côtés que de souvenirs ; les plus beaux souvenirs de ma vie. 

Très peu de gens peuvent s'imaginer à quel point le partage était la raison d'être de notre vie en commun, dans cet appartement au coeur de Lyon. Nous avons partagé tant, mais si peu. Tant d'histoires à raconter, tant de fous rires inexpliqués les veilles de partiels, tant de motivation mutuelle à aller braver la pluie à vélo pour préparer un objectif (parfois le même d'ailleurs). Tu m'as toujours soutenu dans mes choix, surtout cette dernière année, mais moi je t'aurais toujours admiré pour ta capacité à rester digne et droit face aux difficultés alors que moi je les contournais. 

Plus qu'un ami ou un frère, tu étais déjà un homme. La façon dont tu regardais ta mère ces six dernières semaines après l'accident de ton père : tu la voyais courageuse, cela t'aura rendu grand. Les pépites d'empathie qui t'emplissaient les yeux ont éclairé notre appartement ces derniers temps et à travers toi j'ai appris à reconnaître ce que "courage" voulait dire. Tu as été courageux, Étienne, de vivre avec autant de dignité les événements récents. Tu as gardé ta ligne : tes objectifs sportifs c'est sûr, mais tes objectifs scolaires sont restés inaltérables, alors que tu avais le droit de penser à toi. Tu avais un cap et tu l'a tenu. Tu as été noble, et tu as su le faire pour le bien de ta famille et de tes proches. 

Aujourd'hui, le courage c'est nous tous qui devons l'avoir. Je pense en particulier à ta famille, ton père, et ta mère. Je ne sais pas quoi faire pour remédier aux maux qui se préparent. Je me sens impuissant face aux jours qui arrivent, tout comme j'étais impuissant en te voyant hier tomber le long de cette paroie.   
Je suis nu sans toi et je m'habille déjà avec les moments de magie que nous avons vécu ensemble. Tu méritais un avenir radieux et d'être heureux, comme tu savais l'être en rendant tes amis heureux. C'est cette image que je garderai de toi : le "cong" de l'Aveyron le plus fort qu'il m'ait été donné de connaître.
Je t'admirais déjà hier, désormais tu es celui pour lequel je crierai "pour toi mon frère !". »

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