On a retrouvé : Paul Poux

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo.com

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo.com

Trois années ont passé depuis sa dernière saison professionnelle à Sojasun. Deux depuis que le vélo reste bien à l’abri dans son garage. Paul Poux, vainqueur du Rhône-Alpes Isère Tour en 2012, avait l’habitude de décrocher « une Belle » au cours de ses saisons dans le peloton amateur (Sojasun espoir-ACNC en 2010 et Top 16). Sur sa carte de visite figurent des victoires au GP du Pays d’Aix (2009), les Boucles Nationales du Printemps (2008) ou encore le Souvenir Louison-Bobet (2010). Pour DirectVelo, le Charentais se replonge dans ses années vélo.

DirectVelo : As-tu toujours un pied dans le vélo ? 
Paul Poux : Je continue de suivre l’actualité. Même si ce n’est plus ma priorité, ce sont des années qui feront toujours partie de ma vie. J’ai toujours des copains qui sont dans le vélo donc je reste en contact avec le milieu et je reste attentif à ce qui s’y passe.

Il y a même une cyclosportive : La Paul Poux qui porte ton nom !
Ça fait deux saisons qu’elle est organisée ! Je n’étais pas forcément chaud pour qu’elle porte mon nom mais Pierre Mounier et son fils Thomas sont très sympas donc j’ai accepté. C’est important pour moi de rester lié au cyclisme par ce biais. Et puis, c’est l’une des seules fois dans l’année où je sors le vélo du garage.

Tu ne roules plus depuis l’arrêt de ta carrière ?
Non plus vraiment et on perd très vite son niveau. Ça ce n’est pas une légende (rires) ! J’ai continué de sortir l’année qui a suivi mon arrêt puis j’ai arrêté. Ma reconversion m’a pris de plus en plus de temps. D’ailleurs c’est ma reconversion qui m’a permis de tourner la page du cyclisme pro.

« REFLECHIR, TRAVAILLER ET SORTIR DE L'ASSISTANAT »

Difficile à faire ?
Assez dur pendant la saison suivante car je suivais à fond les résultats et les actualités. En voyant le calendrier je me disais : "j’étais là l’année dernière" et du coup tu ne passes pas à autre chose. Autant le vélo peut être une soupape de décompression pour les gens qui travaillent autant pour moi, mon projet pro m’a permis petit à petit de reprendre un rythme de vie normal.

A la fin de ton contrat avec Sojasun, tu ne souhaitais pas faire une autre saison amateur pour tenter de repasser ?
La question s’est posée mais ma femme venait d’accoucher de mes deux jumeaux donc j’ai vite eu ma réponse. Il fallait que je prenne mes responsabilités. J’avais une formation d’ingénieur dans le génie civil que j’ai pu compléter. Ensuite j’ai pu monter ma propre structure. Je me suis replongé dans la vie réelle. Réfléchir, travailler et surtout sortir de l’assistanat du monde professionnel. Reprendre un rythme de vie totalement différent de celui que l’on a chez les pros où l’on ne pense qu’à s’entrainer et récupérer.

Un changement de braquet en quelque sorte ?
Complètement. Quand on est sur des courses, on fait sa valise et quelqu’un vient la prendre pour vous. On arrive à table, on mange et l’on repart. Quand tu rentres à la maison, tu as besoin d’un rappel à l’ordre pour faire la vaisselle ! On est vraiment assisté.

« LE RAIT ? UN BON SOUVENIR MAIS PAS LE MEILLEUR »

Quels sont les souvenirs que tu garderas ?
Comme ça, je pense à une victoire sur l’Essor Breton ! Ce n’était même pas moi qui avait gagné mais Christophe Laborie qui est un bon ami. Nous avions fait une sacrée course d’équipe. Ce qui m’a le plus marqué restera ma première course chez les pros. Les frissons et cette sensation de se dire : "j’y suis".

Et ta victoire sur le RAIT ?
C’est un bon souvenir mais ce n’est pas ce qui me vient en premier, c’est vrai. Je n’y pense plus trop je ne sais pas pourquoi. C’est bizarre… En y repensant j’ai quelques images qui me reviennent. L’équipe avait très bien travaillé. C’est peut-être parce que je me sentais plus libre en Amateurs, moins stressé que j’en garde de meilleurs souvenirs.

Quels regards portes-tu sur ces trois années à Sojasun ?
C’était une excellente expérience, je ne la regrette pas du tout. Par contre, j’ai été déçu par la fin de l’aventure. Je suis arrivé pro comme un passionné mais je suis aperçu qu’il fallait vraiment le prendre comme un métier. J’ai peut-être été trop gentil. Je n’ai sans doute pas su me vendre et je pense que c’est important dans une équipe. Ce serait aujourd’hui avec mon expérience pro, j’agirais différemment parce que j’ai appris à le faire via mon travail.

« ON NE VA TARDER A LEUR ENLEVER LES STABILISATEURS »

Qu’entends-tu par se vendre ?
Je pense que tout le monde fait à peu près le même constat, du moins les équipiers. Au début de la saison, on dit aux coureurs qu’il faut bosser pour son leader puis à la fin de la saison on te demande tes résultats. C’est le point qui m’a déçu.

Aujourd’hui tu aimes quand on te pose des questions sur ta carrière ?
Je suis assez réservé mais j’en suis quand même fier. C’est un plaisir de se replonger dans ces années. Et puis ça peut aider même dans le boulot que ce soit avec des passionnés qui ont suivi ma carrière où les gens qui ne connaissent pas mais qui sont quand même intrigués par ce sport.

On entend tes deux enfants s’amuser derrière toi. Ils ont l’air de s’impatienter mais montent-ils déjà sur le vélo ?
Pour l’instant ils ont trois ans et demi donc je leur ai laissé les stabilisateurs ! On ne va tarder à  les enlever. Je serai content s’ils veulent faire du cyclisme mais je ne les pousserai pas. Enfin je dis ça aujourd’hui (rires).

Et toi comment as-tu commencé ?
J’étais toujours sur mon vélo quand j’étais jeune mais j’ai débuté la compétition en Ufolep à 16 ans. A l’époque c’était le garagiste de mon village qui courait en Ufolep et qui m’avait dit que je devais avoir seize ans pour faire des courses. J’ai commencé dans le club du village puis à l’AC Nersac (proche d’Angoulême) où l’on m’a transmis l’esprit de compétition. J’ai appris le sérieux à l’entrainement. Ensuite le Top 16 où j’ai franchi les échelons un par un.

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