Quatre questions à Nicolas Dumont

Nicolas Dumont, 36 ans, a annoncé à travers un mail qu'il avait décidé de mettre un terme à sa carrière. Le vainqueur du Tour de Guadeloupe 2009 aura connu quatre carrières en une, avec deux passages chez les amateurs, deux saisons chez les professionnels (Besson Chaussures et Phonak) et cinq années en Guadeloupe. Où il est resté vivre aujourd'hui. Joint par www.directvelo.com, il a accepté de revenir sur sa carrière, sur les bons et moins bons moments.

DirectVélo : Pourquoi as-tu décidé d'arrêter le cyclisme ?
Nicolas Dumont : A 36 ans, il faut savoir passer à autre chose. J'ai eu une bonne proposition de travail, qui me permettait de rester dans le milieu du vélo. C'était une proposition à saisir. La personne qui m'a embauché m'a bien fait comprendre qu'il n'engageait pas un coureur cycliste. Je suis arrivé en Guadeloupe parce que j'étais lassé du vélo. J'étais passé professionnel. Tu te retrouves ensuite amateur, et même si tu sais que tu peux continuer de gagner de l'argent sur un vélo, les années passent et il faut penser à faire autre chose. Je réfléchissais en début d'année à ma reconversion. Une chose était sûre, je ne voulais pas quitter la Guadeloupe. Je vis avec une Guadeloupéenne. L'ambiance me plait, je ne voulais pas quitter l'île. J'ai donc saisi cette opportunité dans un magasin de cycles.

Tu as eu quatre carrières en une, que souhaites-tu retenir ?
Le vélo m'a tout apporté. Sans le vélo, je ne serai pas en Guadeloupe aujourd'hui. Je remercie Thierry Garreau, qui m'a initié au vélo en junior. Après j'ai commencé petit à petit à gravir les échelons. Je suis allé au VC Pontivy, où j'ai gagné le Tour du Pays Roannais et les Boucles Guégonnaises. Cela m'a ouvert les portes du CC Etupes. J'ai rencontré de grands coureurs, comme Denis Leproux et Pascal Profilet. Puis je suis passé pro en 2000. J'avais le physique mais pas le mental pour être professionnel. J'ai fait une belle année avec Besson Chaussures, avec Jean-Philippe Duracka. Puis je suis allé à Phonak. L'équipe s'est créée un an avant, et les dirigeants avaient juste besoin de coureurs pour une année de transition. Ils savaient quelle suite ils voulaient donner à leur équipe, et la mentalité ne me plaisait pas. Je suis redescendu chez les amateurs avec le CC Etupes, où j'ai gagné des belles courses comme le Circuit des Ardennes, le Grand Prix des Marbriers, le Tour du Tarn-et-Garonne, le Circuit de Saône-et-Loire ou encore le Tour du Nivernais-Morvan. J'aurais fait neuf saisons au CC Etupes.

Puis tu t'es retrouvé en Guadeloupe...
En début de saison 2004, j'étais sur le Grand Prix d'Antibes. Je parlais avec Francis Hottelet (qui gère aujourd'hui la société Vitta, NDLR). Je lui ai dit que j'effectuais sans doute ma dernière saison. Je n'étais pas sûr de terminer la saison. Francis m'a dit "tu marches encore, tu ne vas pas t'arrêter, vas courir en Guadeloupe". Je suis allé en Guadeloupe pour trois mois, et je ne suis pas reparti depuis. Outre le vélo, tout me plait ici. C'est une qualité de vie qu'on n'a pas en métropole. Les gens ne sont pas stressés. Ici tu connais ton voisin, tu partages des choses avec. Il y a tout le temps le soleil. Je prends mon pied. Quand je suis venu ici, je n'étais pas marié et sans enfant, j'avais juste une bagnole. J'ai tout vendu, et aujourd'hui je suis toujours ici.

Dans ta carrière, il y a aussi cette affaire avant le Tour de Guadeloupe 2008 (Voir ici)...
Je vais dire ce qu'il s'est passé. Je n'ai rien à cacher. Tous les coureurs cyclistes prennent des vitamines. Nous sommes rentrés de Colombie, et les Colombiens (Daniel Bernal et Ismaël Sarmiento) n'avaient rien d'exceptionnel. Ils avaient leurs vitamines à eux. Il y a donc eu exportation de produits étrangers sur le territoire français. Moi je l'avais dit après sur internet, comme je n'avais rien à cacher. J'avais une boîte de vitamines B12. Et apparemment une loi était passée au moment où on est partis, qui indiquait qu'on n'avait plus le droit de transporter des vitamines. Puis il y a des douaniers qui étaient contre le club de l'USL (Union sportive Lamentinoise), et ils en ont profité. Ce qui m'a dérangé et fait de la peine, c'est de voir mes parents m'appeler. Personne n'avait rien à se reprocher. Nous avons été en garde à vue. Nous avons été contrôlés deux fois, avec un test capillaire qui a été négatif. Avant le résultat, je pouvais dormir tranquille. Mais quand tu sors de la garde à vue, et que tu vois ton nom sur tous les sites internet, ce sont des choses qui font mal. Ma seule fierté est d'avoir 36 ans et d'avoir gagné en 2009 le Tour de Guadeloupe. J'aurais pu faire deux à trois années supplémentaires de vélo. Le moteur n'était pas cramé.

Retrouvez en cliquant ici la fiche wiki de Nicolas Dumont.



Nicolas Dumont, vainqueur du Tour de Guadeloupe 2009 / Crédit Photo : Sylvain Pigeau - www.guadeloupecyclisme.com

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