Cette semaine, Nacer Bouhanni, Bryan Coquard et Arnaud Démare étaient tous les trois réunis sur le Tour du Poitou-Charentes (2.1), une épreuve où les rois du sprint sont généralement à la fête. Avec un Mondial au Qatar promis, cette saison, à un sprinteur, l'occasion était belle pour Bernard Bourreau de se faire une première idée sur les forces en présence côté tricolore. DirectVelo a fait le point avec le sélectionneur de l'Equipe de France Elites dans les rues de Poitiers, au soir de la dernière étape.

DirectVelo : Quels enseignements tires-tu de cette semaine sur le Tour du Poitou-Charentes, où l'on a vu Nacer Bouhanni remporter deux étapes ?
Bernard Bourreau : C'était l'occasion de retrouver nos trois grands sprinteurs français. Ce n'est pas souvent le cas. La course est passée. Vous avez vu les résultats comme moi, et il y a des enseignements à prendre. Ils sont d'ailleurs vite pris, puisque l'on voit bien ce qu'il s'est passé notamment sur la dernière étape : Bryan (Coquard) n'a pas joué sa carte puisqu'il défendait le maillot de leader de Sylvain Chavanel. Arnaud (Démare) est tombé et Nacer (Bouhanni) n'était pas reparti. Je prendrai le temps de discuter avec chacun d'entre eux dans les prochains jours. 

L'ENECO TOUR POUR FINALISER LA SELECTION

De quoi vas-tu leur parler ?
L'idée sera simplement de savoir où ils en sont et de connaitre le programme de course. J'ai également envie de leur donner les critères et les bases de ma sélection pour le Championnat du Monde, mais également pour le Championnat d'Europe de Plumelec.

Finalement, sur ce Tour du Poitou-Charentes, il n'y a pas souvent eu de batailles entre les trois coureurs...
Il ne faut pas s'affoler. Le Championnat du Monde, c'est dans deux mois ! Ils devraient se retrouver sur l'Eneco Tour du Bénélux. Ce sera une très belle course, mi-septembre. Ce sera une bonne course de préparation et là, il faudra que les gars montent d'un niveau. Pour le moment, c'est encore un peu tôt. Il n'y a qu'à prendre l'exemple de Romain Bardet, qui a terminé 2e du Tour de France en faisant une dernière semaine du tonnerre. Et puis aux J.O, il n'était plus à 100%. Les coureurs sont des purs sangs maintenant. La forme ne dure pas longtemps, ça se travaille. L'objectif, ce n'était pas de gagner le Tour du Poitou-Charentes.

La sélection se fera donc après l'Eneco Tour ?
Elle se fera la semaine suivante, oui. Pour ce qui est des Championnats d'Europe, ce sera à la suite du GP de Fourmies.

LES SPRINTEURS SELECTIONNES EMMENERONT LEURS POISSONS-PILOTES

Même si tu ne sais pas encore qui emmener au Qatar, penses-tu prendre un ou deux sprinteurs ?
Sur les trois, je vais sûrement en emmener quand même deux. Mais ça dépendra aussi de leur niveau de forme. Je ne sais pas ce qu'il va se passer au GP de Plouay ou sur les courses suivantes.

Les sprinteurs sélectionnés viendront avec une partie de leur train ?
Oui ! C'est obligé que les coureurs qui sont habitués à leur train, enfin, disons à leur poisson-pilote, restent dans de bonnes dispositions. Normalement, je devrais emmener les poissons-pilotes. Mais là aussi, ce sera à condition qu'ils se préparent dans les mêmes conditions que les sprinteurs, et qu'ils arrivent motivés. J'ai déjà vécu des Championnats ou le poisson-pilote ne marchait pas et explosait à mi-course.