La Grande Interview : Spécial montagne

Crédit photo Camille Nicol

Crédit photo Camille Nicol

La montagne est à l'honneur en ce mois de juillet, sur les routes du Tour de France. Depuis le début de l'année, plusieurs coureurs ont évoqué leur rapport à la montagne dans la Grande Interview. DirectVelo vous propose d'en retrouver les extraits.

DAVID GAUDU (10 mars 2016)

DirectVelo : Commençons par un chiffre étonnant : tu détiens le 6e temps dans la Planche des Belles Filles, si on en croit Strava. Alors que tu étais Junior à l'époque, tu mets six secondes de plus que Thibaut Pinot et quinze secondes de moins que Romain Bardet à l'entraînement. Ou encore 39 secondes de plus que le recordman, Laurens Ten Dam, qui établit son chrono lors du Tour de France 2014. Quel regard portes-tu sur cette donnée, qui a fait pas mal causer ?
David Gaudu : Il ne faut pas comparer l'incomparable. Même si nos temps sont confrontés automatiquement, Strava est juste un moyen de s'amuser. Nous sommes dans deux univers différents. Les gars du Tour de France enchaînent plusieurs cols avant la Planche des Belles Filles. Pour ma part, je me suis présenté dans l'ascension pendant un stage [avec le B'Twin Racing Team U19, en 2013, NDLR]. J'ai fait seulement cette montée à bloc et j'étais dans un pic de forme. Jamais je ne pourrais imaginer grimper plus vite que ces gars. Ce serait insensé !

Est-il facile d'être grimpeur quand tu habites, cours et t'entraînes en Bretagne ?
Oui et non. Nous avons des épreuves où les grimpeurs peuvent tirer leur épingle du jeu, comme Manche-Atlantique ou le Circuit du Viaduc au Ponthou. Mais, c'est vrai, les bosses sur ces courses-là sont davantage propices à un puncheur qu'à un pur grimpeur. Le relief se corse dans les Monts d'Arrée, au centre du Finistère, la région la plus « montagneuse » de Bretagne. C'est là que j'ai fait mes débuts de grimpeur.

Cette région t'a profondément « façonné », estime ton coéquipier Jérémy Bescond. Quelle incidence ce massif pas très connu du grand public a-t-il eu sur ta carrière ?
Je roule sur ces routes depuis l'âge de quinze ans. Les Monts d'Arrée sont magnifiques, avec des landes, des forêts et des montagnes... Heu, non, pas des montagnes, des monts ! Rien à voir avec les cols des Pyrénées ou d'Auvergne, mais on trouve déjà de très belles montées de deux ou trois kilomètres, qui se succèdent et forment un bon 2000 mètres de dénivelée sur une longue sortie. Depuis le Roc'h Trédudon, on aperçoit la mer. La nature a des reflets jaunes. J'aime cette région tout particulièrement en été. Il n'y a pas âme qui vive. Quasiment pas de voitures, peu de cyclistes à l'horizon. Beaucoup disent qu'ils roulent dans les Monts d'Arrée mais on ne les voit pas. Certainement que nous n'avons pas les mêmes horaires. Et puis le coin est étendu...

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ADRIEN COSTA (19 mai 2016)

Tu pourrais par exemple travailler tes aptitudes dans la montagne ?
Je dois travailler dans tous les domaines. Cette année, je me suis aligné sur le ZLM Tour, aux Pays-Bas, avec des bordures dans tous les sens. Le type de course qui te forme, même si tu n'aimes pas l'exercice. De la même manière, je vais sans doute disputer Paris-Roubaix Espoirs. Je suis a priori un coureur de courses à étapes, parce que j'ai un bon contre-la-montre et quelques qualités de grimpeur, comme je l'ai déjà montré chez les Juniors. Mais il faut avant tout que je devienne un coureur complet.

Pour en revenir à la montagne ?
C'est vrai, je suis inspiré par l'immensité de la nature. Rien n'est plus beau que passer en vélo à travers des cols avec un décor de cimes enneigées. J'ai besoin de me sentir seul. C'est l'image de l'homme seul dans la nature... D'autres fois, je m'amuse avec les copains dans la Silicon Valley. On peut faire facilement 4000 mètres de dénivelée. On part le matin et c'est l'aventure. On ne sait pas où on va, on prend des routes au hasard, on grimpe, jusqu'à se retrouver parfois sur des chemins de terre. Après ma carrière cycliste, j'espère recommencer ces aventures ! En tout cas, c'est comme ça que j'idéalise la montagne.

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JEREMY BESCOND (7 avril 2016)

Mais tes cols d’Isère ne te manquent pas trop ?
Si, forcément un peu. J’ai besoin des cols. Et puis, c’est quand même la région dans laquelle j’ai grandi. Lorsque j’étais gamin, je rentrais de l’école en vélo. J’avais un col à monter, la Côte de Laffrey au-dessus de Séchilienne, et à l’époque, je ne connaissais rien au cyclisme. J’en bavais vraiment pour rentrer chez moi (sourires). Puis je m’y suis habitué. J’ai commencé à bien rouler, à bouffer des cols toute la journée. Je ne voyais que par ça. C’est également en Rhône-Alpes que j’ai vécu mes premières grandes émotions sportives, comme cette victoire d’étape sur le Tour du Valromey en 2009.

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AURELIEN PARET-PEINTRE (2 juin 2016)

Tes ancêtres vivaient dans un col ?
Oui ! Ils ont fini par descendre de la montagne, et moi, j'y remonte de temps en temps ! [rires] Le Glandon, franchement, c'est un col mythique, très beau et ardu, comme le Galibier ou la Madeleine. Jusqu'à « chez moi », la pente n'est pas trop difficile, mais ensuite, ça se corse. A pied ou à vélo, j'y vais depuis petit, avec mes parents et mes grands-parents. Même si nous n'avons plus de famille là-haut, la balade vaut le détour. A chaque fois, je me régale !

Le Glandon, un col qui correspond bien à ta manière de grimper, d'ailleurs ?
En règle générale, je préfère les cols des Alpes, plus longs et roulants, à ceux des Pyrénées. J'aime monter avec un braquet souple et sans à-coups. Mais un bon grimpeur doit s'adapter à tous les terrains...

Une autre histoire de famille et de montagne : la Classique des Alpes, que tu remportes en 2013, pour ta première saison chez les Juniors ?
Pour la première fois, l'arrivée avait lieu à la Bridoire, devant la maison de mes grand-parents. Toute la famille était réunie. Au fond de moi, j'espérais obtenir un bon résultat, mais certainement pas la première place [Aurélien Paret-Peintre devance Rémi Aubert, actuel coureur du CC Etupes, et Rémy Rochas, son coéquipier au Chambéry Cyclisme Formation, qui remporte la Classique des Alpes Juniors en 2014, NDLR]. C'est la première grande course que je gagne. Ce jour-là, j'ai ressenti une émotion incroyable, que je n'ai jamais retrouvée depuis... J'étais incrédule. Une fois que j'ai pris la mesure de ce que j'avais fait, ma vie de coureur était définitivement lancée.

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VALENTIN MADOUAS (30 juin 2016)

Ton père était grimpeur. Peux-tu, toi aussi, évoluer dans ce registre ?
Je commence à prendre conscience du fait que je peux, moi aussi, passer les cols. Si je perds encore deux à trois kilos, ça pourrait être intéressant. J’ai hâte de me tester sur des courses de haute-montagne. Pourquoi ne pas découvrir tout ça sur le prochain Tour de l’Avenir. Mais il faudra d’abord que je fasse mes preuves lors des stages en montagne pour que Pierre-Yves Chatelon me fasse confiance. Pour autant, je ne serai jamais un pur grimpeur comme un David Gaudu. Je me vois d’abord comme un puncheur-sprinteur, c’est aussi pour ça que j’ai gagné sur le Tour d’Eure-et-Loir ou la SportBreizh. Mais à terme, je pense pouvoir devenir un coureur complet.

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