Edwige Pitel, le sacre pour sa « dernière saison »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Deuxième, jeudi, du contre-la-montre du Championnat de France, Edwige Pitel a fait encore mieux sur la course en ligne, ce samedi. En effet, la sociétaire du SC Michela Fanini a décroché son second titre national après celui d'Aurillac, en 2007. Elle revient sur sa course pour DirectVelo, et annonce qu'elle mettra un terme à sa carrière de haut-niveau en fin de saison.

DirectVelo : On t'a senti énervée quand tu as attaqué. Pourquoi ?
Edwige Pitel : Je l'étais effectivement. Tout simplement car personne ne voulait rouler, à part Audrey (Cordon) et moi. Lorsqu'Aude (Biannic) a attaqué alors qu'elle avait fait de la patinette pendant toute la course, je me suis dit que ce n'était pas possible qu'on la laisse partir... Puis elle a remis ça, et je me suis dit que ce n'était pas à moi d'y aller tout le temps. Audrey s'y est collée, mais elle n'a pas sautée tout de suite dans la roue et Aude a pris du champ. J'ai donc attaqué parce que j'étais énervée par l'attitude d'Aude, et Audrey m'a laissée partir. C'était franchement à l'équipe du Futuroscope de me sauter dessus, et elles n'ont pas réagit. Je savais que si j'arrivais au pied de la bosse avec 30 secondes de retard sur Aude, je la reprendrais avant le haut.  

« PEUR DU FROID »

Il faut dire que la difficulté du parcours était une vraie force pour toi ce samedi...
Oui, mais quand j'ai vu qu'on allait partir sous la pluie, ça n'était plus le cas... J'ai eu très froid aux troisième et quatrième tours. Heureusement que ça s'est arrêté, j'ai pu me réchauffer. J'ai eu peur que le froid m'empêche de m'exprimer complètement, mais ça a été ! (sourires)

Fait de course important : Elise Delzenne a subi deux crevaisons à trois minutes d'intervalle (lire ici), alors que son avance était confortable...
On ne saura jamais ce qui serait arrivé si ça ne s'était pas produit. Elle était partie de loin, et on espérait encore pouvoir revenir... Elle avait encore sa chance quand on l'a reprise, mais j'ai quand même vu qu'elle piochait dans les dernières difficultés. J'ai eu cette chance, mais il en faut toujours un peu pour que la course tourne en sa faveur. J'ai souvent été davantage déçue que contente sur un Championnat de France... Et aujourd'hui (samedi), c'est mon jour !

« DES COUPS DU SORT, CA ARRIVE »

Car tu as, toi aussi, connu de mauvaises expériences ?
Oui, et je comprends donc sa déception. Il y a quelques années, j'étais huitième au classement général d'une course internationale en Espagne. Et j'ai tout perdu parce que ma voiture n'avait pas pu passer, pour me dépanner. J'avais pris 1'30'' ce jour-là, et dit Adieu à mes ambitions... Malheureusement, des coups du sort, àa arrive sur des crevaisons, et des dépannages qui sont difficiles. Ça m'est également arrivé sur un Championnat du Monde alors que j'étais dans le groupe de tête. Il me semble que c'était à Mendrisio (en 2009, NDLR). On était quinze dans le groupe de tête. Je perce à deux tours de la fin, et l'Equipe de France était derrière le deuxième groupe : c'était terminé pour moi !

Ce titre, c'est également une revanche sur ta non-sélection pour les J.O ?
Rio était ma motivation pour cette année, car c'est la dernière que je fais à haut-niveau. Malheureusement, je ne suis que remplaçante pour le moment... Je travaille à côté du vélo, et c'est difficile de concilier les deux. Ça fait une douzaine d'années que je suis sur le circuit. La préparation que j'avais faite pour les Jeux s'est malgré tout révélée utile aujourd'hui. J'ai tout mis de mon côté depuis deux-trois mois pour être du voyage brésilien. J'étais même déjà bien en début de saison, je montais très bien les bosses. Et quand on m'a dit que le circuit était difficile ici, je suis venue pour le voir. Je me suis tapée les huit tours toute seule, en montant cinq fois la bosse à fond... et la deuxième aussi ! Elle n'était longue que de 500 mètres, mais elle faisait très très mal. Je savais donc que je pouvais tenir en montant fort à chaque passage. Je n'avais pas laissé de place au hasard.

« JE SUIS TOUT LE TEMPS FATIGUEE »

Cette décision d'arrêter en fin de saison est-elle réfléchie de longue date ?
Oui, depuis déjà quelques mois. Pour avoir des résultats comme ça, il faut s'entraîner très dur, et il faut prendre du temps. C'est très compliqué de gérer carrière sportive et travail. J'ai eu une période où je ne faisais que ça, et je connais la différence. La récupération est très difficile, je jongle et je suis tout le temps fatiguée... Je ne fais plus tout le circuit international car je ne peux plus être disponible toute l'année. Je sélectionne donc les courses qui correspondent à mon profil. Et comme je suis dans une petite équipe, on ne fait pas énormément de courses. Ça me va bien, mais je ne peux pas continuer ad vitam æternam. Il faut savoir s'arrêter à temps, et j'ai toujours voulu finir sur une bonne note. Je crois que cette semaine est la meilleure que je puisse avoir sur des Championnats de France.

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