Ronde de l'Isard : Le peloton sur le grill

Crédit photo Pierre Carrey - DirectVelo

Crédit photo Pierre Carrey - DirectVelo

Signes que le peloton a souffert comme rarement dans la Ronde de l'Isard samedi : 22 abandons enregistrés et une moyenne de 39,1 km/h alors qu'il n'y avait aucun col au programme. Cette étape dite "de transition" a été émaillée par la chaleur accablante et des bosses à répétition. "Une étape de harcèlement" la rebaptise Pierre-Yves Chatelon.

Le sélectionneur de l'Equipe de France fait référence à la tactique de ses coureurs visant à "bousculer la hiérarchie", ce qui conduit à une victoire en solitaire d'Elie Gesbert. Le maillot jaune Bjorg Lambrecht (Lotto-Soudal U23) a effectivement été en danger toute l'étape, sauvant son bien pour 25 secondes, alors que l'échappée prenait jusqu'à 6'30'' d'avance.

"Tout le monde a souffert", observe Chatelon. "J'ai dépensé 20 watts de plus que sur les deux premières étapes qui se terminaient en altitude", confirme Hugo Pigeon (Chambéry Cyclisme Formation), qui se classe 4e samedi.

Le tracé rendait la course très difficile à contrôler, sur ce "Liège-Bastogne-Liège local" vanté par Jean-Pierre Grasset, qui administre Trie-sur-Baïse, la commune de départ. Cette étape était d'ailleurs celle présentant le plus de dénivelée sur les quatre journées de la Ronde de l'Isard 2016. "Franchement, j'aurais préféré dix cols qu'un chantier comme ça !", lance Sofiane Mérignat (VC La Pomme Marseille).

Certains coureurs ont été décrochés dès la première côte, au kilomètre zéro. En cause : ce parcours infernal, la fatigue accumulée des deux premiers jours et, sans doute, la chaleur, qui a atteint les 31°C.

GARE AU CHOC THERMIQUE

"Les premières chaleurs de la saison font toujours beaucoup de dégât", observe Marlon Gaillard (Vendée U), 5e de l'étape. Le virtuel maillot jaune a ainsi utilisé plus de huit bidons sur les 160 km pendant son échappée, "pour boire, rafraîchir la tête ou même les jambes".

"J'adore la chaleur, mais ça tapait quand même,
ajoute Lucas Papillon (CR4C Roanne), 8e à l'arrivée. Je pense que c'est l'une des courses les plus éprouvantes que j'ai disputées dans ma vie".
Signes de cette difficulté, des maillots tâchés du sel de transpiration, les visages déformés par la douleur et les nombreuses bouteilles d'eau échangées dans le peloton, y compris entre équipes concurrentes.

Avant de laisser des traces dans les mémoires, cette étape de la Ronde de l'Isard 2016 devrait avoir quelques incidences directes pour le dénouement de la course, dimanche, dans la montagne, par-delà le Col du Portet d'Aspet et le Col de la Core. Car la météo devrait passer d'une canicule à une pluie glaciale, épisode de grêle en option. Rien ne dit que ce sera l'hécatombe de 2012, quand seuls 28 coureurs avaient réussi à rallier l'arrivée, mais le choc thermique devrait faire du dégât et sceller une épreuve où les 11 premiers se tiennent en 47 secondes.

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