Opinion : « Un collectif ne se décide pas mais se construit »

Crédit photo Philippe Pradier

Crédit photo Philippe Pradier

Nouvelle rubrique en 2016 sur DirectVelo : un acteur du monde cycliste donne son point de vue sur une question d'actualité, un sujet de fond dans son sport. Ce soir : S’entrainer ensemble, vivre ensemble pour progresser, à travers l'exemple du Chambéry Cyclisme Formation par Loic Varnet, le directeur général du club savoyard.

« C’est assez rare de regrouper les coureurs dans une même ville et encore plus dans le même bâtiment. C’est ce que nous avons décidé de faire à Chambéry. On voit que les équipes, professionnelles ou amateurs, organisent des stages au fil de la saison. On peut considérer que nous sommes en stage toute l’année donc c’est forcément bénéfique.

PERSONNE NE GAGNE SEUL DANS LE CYCLISME

Bénéfique pour le club car c’est beaucoup plus facile d’organiser les entrainements et les déplacements en particulier. Et puis  bénéfique pour les coureurs car nous pouvons négocier des horaires aménagés dans le cadre de leurs études. Nous les aidons à mieux organiser leur quotidien pour qu’il n’y ait pas de perte de temps dans les transports ou dans la préparation des repas par exemple.

Du point de vue performance, personne ne gagne seul dans le cyclisme. Pour que l’équipe soit forte, il faut que les coureurs s’entendent. Un collectif ne se décide pas mais se construit au quotidien. Forcément, en vivant ensemble, il y a des affinités qui se créent. Il peut aussi y avoir des tensions ou des désaccords. C’est une situation que nous avons connue il y a une dizaine d’années. Je me réjouis que nous n’ayons plus ce problème ces dernières saisons. Tous les dirigeants aspirent à créer un groupe harmonieux.

MEILLEURS SUR LE VELO GRÂCE AUX ETUDES

Aujourd’hui, notre modèle est unique en France. Sans la proximité avec l’équipe professionnelle de Vincent Lavenu et surtout sans son soutien logistique, le projet ne serait sans doute pas aussi abouti. Notre centre de formation permet à Vincent (Lavenu) de récupérer des coureurs qu’il connait déjà. La formation pour nous a toujours été dans le projet. Bien sûr comme cycliste mais aussi comme personne, c’est pour cette raison que les coureurs ont un double projet chez nous.

A la base, nous pensions surtout à leur reconversion mais aujourd’hui, je suis convaincu que les études leur permettent d’être meilleurs sur le vélo. Premièrement, ça leur enlève de la pression par rapport à un garçon qui ne fait que du vélo. On constate aussi que lors des périodes de méforme ou de blessure, le double projet enlève un stress aux coureurs. Ils ont un deuxième cheval de bataille. C’est aussi à travers leurs études qu’ils rencontrent des personnes d’horizons différents. J’observe que les coureurs sont plus dispos, plus frais quand ils sont sur le vélo. Ils s’entrainent mieux en ayant une activité hors vélo. C’est aussi un enrichissement personnel.

FREIN CULTUREL POUR REGROUPER LES PROS

Je ne suis pas impliqué du tout dans l’équipe professionnelle, donc je ne peux pas expliquer pourquoi ce modèle de regroupement ne prend pas. Je pense qu’il y a d’abord un frein culturel très fort. Le cyclisme est une discipline éminemment conservatrice où il est difficile de faire changer les choses. Je vois peut-être une autre raison. Les coureurs professionnels sont souvent en déplacement beaucoup plus longtemps et ressentent le besoin de garder un repère famillial. De retrouver des attaches dans les périodes où ils sont chez eux, à la maison. Si ça ne se fait pas c’est qu’il doit y avoir plus de freins que d’avantages. »

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