On a retrouvé : Steven Le Hyaric

Crédit photo Www.velofotopro.com

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Aller vite. S'il est une chose que Steven Le Hyaric a retenu de sa carrière cycliste, c'est de ne pas perdre de temps. Reconverti dans la conception et le commerce de fixies sur mesure,  l'ancien coureur du CC Nogent-sur-Oise a voulu apprendre très vite le métier d'entrepreneur.
Il conserve le contact avec le vélo à travers ses "vrais copains" qui "le sont toujours aujourd'hui." A bientôt 30 ans, il jette un regard sans complaisance sur sa fin de carrière. "J'étais devenu un vrai con !", reconnaît-il mais, depuis, rassurez-vous, il a changé au contact d'un nouveau monde : le triathlon.

DirectVelo : Pourquoi avoir arrêté la compétition en cours de saison ?
Steven Le Hyaric : J’ai arrêté à l’arrivée du Championnat de France de Boulogne-sur-mer, en 2011 (lire ici). A la fin de mes années passées à Nogent, j’avais, l'année précédente, déjà voulu arrêter ma carrière, mais c’est Eddy Seigneur qui a insisté pour que je rejoigne Villeneuve St Germain dans le rôle de capitaine de route. Mais à la mi-saison, j’ai quitté le monde du vélo, je n’avais plus envie de tout çà, j’étais dégouté du vélo, du milieu.

Comment s’est passée la suite ?
Comme bon nombre de sportifs, s’en est suivi une petite dépression. Lorsque l’on arrête, c’est comme une petite mort en soi. J'avais l'impression de ne pas être capable de faire autre chose que ce que j'avais toujours fait : du vélo. Très vite, j’ai dû apprendre à faire face aux vrais problèmes de la vie, les galères, les doutes, les remises en question. Tout cela était bien loin des petits caprices que l’on fait lorsque l’on est coureur cycliste.

APPRENDRE TRES VITE

C’est-à-dire ?
Quand tu es coureur, tu es assisté et tu ne te rends pas vraiment compte du reste. Tu es dans ton truc, tu ne parles que de vélo ou ce qui l’entoure. Cela manque cruellement d’ouverture d’esprit même s'il existe évidemment des exceptions Je suis reparti de zéro et repris une formation de communication à l'EFAP Paris (une école d'où sont sorties de nombreuses personnalités du monde des médias comme Laurence Ferrari NDLR). J'ai souhaité dès le début de cette formation faire les choses à fond, ne rien manquer, apprendre très vite et être le meilleur. Cette envie m'a même poussé à monter ma "boite": l'EURL SL BIKES. Mon activité est de concevoir, créer et vendre des fixies sur mesure. Je n'ai jamais autant appris que durant ces deux dernières années d'études et d'entreprenariat. Ca m’a permis de grandir énormément, de me remettre en question chaque jour et d'apprendre très vite.

Te considères-tu fâché avec le monde du cyclisme ?
Non, pas du tout. J’ai d’ailleurs gardé de bonnes relations avec quelques-uns. Ceux qui étaient mes vrais copains auparavant le sont toujours aujourd’hui. Steve Houanard, Stéphane Rossetto, Peter et Niels Brouzes notamment. J'ai moins de nouvelles d'autres mais je suis tout de même avec attention leurs parcours de vie. Je ne regrette pas d’avoir autant donné pour ce qui était ma passion mais je ne regrette pas du tout non plus de découvrir une autre vie maintenant. Je suis plus épanoui et apaisé dans ma vie d’aujourd’hui. A la fin de ma carrière cycliste, j’étais butté et centré sur moi-même, j’étais devenu un vrai con !

De quoi est fait ton quotidien aujoud’hui ?
Je suis chargé de communication digitale à la Fédération Française Triathlon. Je suis responsable de toute la communication sur Internet de la Fédération. Je suis également responsable de la communication des Equipes de France olympiques et paralympiques de Triathlon. C'est un magnifique projet avec les Jeux de Rio qui se profilent cet été et ceux de Tokyo en 2020 en ligne de mire. C’est un travail très prenant mais aussi très enrichissant. Je rencontre au quotidien des personnes hors du commun avec qui je partage mon expérience et vice-versa. Le monde du triathlon me plait beaucoup !

LES TRIATHLETES SONT PLUS HUMBLES

Qu’est ce qui le différencie du monde cycliste ?
Ce sport est tellement difficile, avec des charges d’entrainement tellement importantes que les athlètes sont chaque jour à la limite ! Dans ces conditions, les gars sont vraiment plus humbles et respectueux ! Dans le vélo, tu as tendance à prendre la grosse tête facilement. Un mec qui court en Elite peut très vite se prendre pour un champion du monde alors qu’en réalité, il n’a encore jamais rien prouvé. C’est le système qui veut ça, avec des coureurs toujours plus assistés. Dans la recherche de la performance aussi, le triathlon a beaucoup plus d’avance que le cyclisme. Si j’avais appris tout ce que je sais aujourd’hui, j’aurais sûrement pu accéder à un niveau supérieur en vélo.

As-tu un exemple concret ?
Il y a un suivi de l’entraînement et des athlètes au quotidien. La réflexion est globale, on parle ici de projet olympique pas de "passer pro" à tout prix. Je me souviens qu’il m’arrivait de commencer les premières courses avec 10 000 kilomètres au compteur. J’étais devenu bourrin, et voulait toujours en faire plus. En triathlon, chaque discipline a ses particularités et l’entraînement est dirigé de sorte à optimiser chacune des aptitudes des athlètes. Tout est réfléchi. Mais la plus grosse différence, c’est sur la préparation mentale des athlètes. A haut niveau, tous les athlètes sont suivis par un préparateur, dans les bons mais aussi et surtout dans les moins bons moments. Et les objectifs fixés sont sur du long terme. L’accompagnement de l’athlète est primordial. En cyclisme, on te dit très rapidement que tu as 1 ou 2 ans pour réussir sans te donner d'outils, de clés pour apprendre et construire. La vie est un apprentissage, certains apprennent différemment, j'ai toujours fait partie de ceux là.

UN HOMME DE FER A NICE

Ton nouvel intérêt pour le triathlon t’as même amené à épingler un dossard...
En effet, après l’arrêt et de mes études, j'ai fait de choix de devenir consultant à mon compte pour avoir un peu plus de temps pour moi. J'avais besoin de faire un point. J'ai donc décidé de m'inscrire à l’IronMan de Nice. Le triathlon m’a toujours attiré et devenir un "homme de fer" était un petit rêve de gosse.  Terminer Nice a autant de valeur pour moi que ma première victoire cycliste. Une autre discipline m'attire énormément : le trail. La liberté, la nature, l'état d'esprit de la discipline m'a séduit très rapidement Le 19 Mars prochain, je vais prendre le départ de l’EcoTrail 80km de Paris qui se termine en haut de la Tour Eiffel. J’aimerai par la suite faire les cinq plus durs Ironman du Monde et participer à l'Ultra Trail du Mont-Blanc et la Diagonale des fous, deux des trails les plus durs de la planète. Pour moi, il n’y a pas de pression. Cela me permet de rencontrer des gens d’horizons différents et d’échanger tout en me dépassant et en repoussant mes limites. Le partage et l'apprentissage sont mes deux leitmotiv aujourd'hui.

Crédit photo : www.velofotopro.com

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