Grégory Baugé : « Décrocher l'or pour mes coéquipiers »

Champion du Monde sortant de la vitesse individuelle, Grégory Baugé remettra sa couronne en jeu à partir de mercredi. Comme il le confie à DirectVelo, le quadruple Champion du Monde de la discipline arrivera à Londres décontracté. Si les Jeux de Rio constituent son "objectif ultime" en individuelle, le démarreur du relais français compte se dépouiller pour conserver le titre conquis l'an dernier en vitesse par équipes.

DirectVelo : Es-tu satisfait de ta préparation ?
Grégory Baugé : Oui, même si j'ai un kilo et demi de plus que l'année dernière à la même époque. Je n'ai pas eu de pépin physique, c'est le plus important. Après, ce n'est pas toujours facile au quotidien parce qu'il y a toujours des choses qui viennent vous perturber. Ce sont des tracas de la vie de tous les jours, d'autres liés au sport... En général c'est lié à l'organisation et au fonctionnement. Malgré tout il faut essayer de faire au mieux et rester concentré. A mon sens, il n'y a rien de surprenant dans cette situation, c'est quelque chose que je considère comme normal. C'est à moi de m'adapter et de faire en sorte que ces problèmes ne me pourrissent pas trop la vie.

Etais-tu assuré de participer à la vitesse par équipes ?
On ne peut jamais dire qu'on est "assuré" d'avoir sa place mais je fais partie de l'équipe depuis 2005. Ce n'est pas comme si on m'avait fait passer un test il y a deux mois et que je n'aie pas fait ce qu'il fallait. Dans ma tête, je suis titulaire naturel de la vitesse par équipes. Il n'y a pas plus fort que moi au poste de démarreur en France. Donc si on part du principe qu'on met les meilleurs, ça sera forcément moi qui débuterai le relais. Après il y a des objectifs et il faudra être présent pour les atteindre.

Ça t'a permis d'aborder plus sereinement les Championnats du Monde ?
C'est vrai que c'est plus facile de préparer une échéance, on a moins de pression, moins de stress. Laurent Gané nous a quand même demandé de montrer de quoi nous étions capables sur les épreuves de préparation. On était tous dans le même bateau, titulaires comme remplaçants. Ensuite seulement, l'entraîneur et le DTN ont fait leur sélection.

« J'AURAIS DÛ MIEUX FAIRE »

Quel regard portes-tu sur tes performances de rentrée en tant que démarreur (13e temps à Cambridge puis à Hong-Kong, NDLR) ?
Je suis amer. Lors de ma dernière sortie en Coupe du Monde je fais 17"9, c'est un temps merdique. Je suis désolé d'être cru, mais c'est la réalité (rires). Quand je suis sur les Coupes du Monde j'essaie de donner le meilleur de moi-même avec la forme du moment. Je pars dans l'idée que 17"5-17"6 c'est convenable parce que contrairement à ce qui se fait de plus en plus, je ne suis pas qu'un démarreur. Je ne peux pas me permettre de ne travailler que ça à l'entraînement. Là ce n'est pas satisfaisant, j'aurais dû mieux faire. Bon, ce n'est pas pour autant que doute de mes capacités. J'ai encore le temps de travailler avant les Jeux Olympiques. Bien-sûr il y a l'étape des Championnats du Monde, mais l'objectif de l'année, ce sont les JO.

As-tu tout de même senti une progression entre tes deux manches de Coupe du Monde ?
En fait, c'est un peu particulier. Sur le premier tour à Cambridge, il me semble que j'ai fait 17"8. J'ai anticipé le départ donc je suis resté un peu trop "dans la machine". J'ai eu un problème et je n'ai pas eu le réflexe de tomber pour provoquer un autre départ. Sur le 200 mètres, je fais 10"14, ce qui n'est pas non plus décevant. A Hong-Kong, où je fais pourtant des moins bons temps, j'avais de meilleures sensations. Pour moi c'est ça qui est important.

CHAMPION DU MONDE AVEC UNE SEULE COURSE DE PRÉPARATION

Tu as peu couru en vitesse individuelle (seulement à Cambridge où il termine 26e des qualifications). Est-ce pour te cacher ou pour garder l'influx pour les Mondiaux ?
Ce n'est pas pour me cacher. La vitesse, c'est quelque chose que je maîtrise donc ce n'est pas forcément une nécessité de beaucoup courir avant les échéances. En 2010 et 2012, je n'avais participé qu'à une seule Coupe du Monde (respectivement en janvier et en février ndlr) et ça ne m'avait pas empêché de devenir Champion du Monde derrière. L'an dernier, cela faisait trois an que je n'avais pas couru en vitesse aux Mondiaux et on a vu ce qu'il s'est passé. Je n'avais même pas l'impression de ne pas avoir fait 2013 et 2014. C'est une habitude que j'ai prise parce que ce qui me fait rayonner, ce qui me motive vraiment, ce sont les grandes compétitions. Il faut aussi que je garde de la fraîcheur mentale et physique pour Rio.

N'est-ce pas un peu dangereux d'attendre Londres pour découvrir certains adversaires ?
Je n'attends pas (rires). Je connais les autres concurrents, notamment ceux qui sont bons. Personne ne va se révéler aux Championnats du Monde. Nos adversaires sont forts, on l'a bien vu sur les Coupes du Monde, aux Championnats d'Europe également. A la différences des autres nations, on n'a jamais eu l'habitude de préparer les Coupes du Monde, même si là c'est un peu différent des autres années. C'est aussi pour ça qu'on relativise quand il n'y a pas les résultats escomptés. On se connaît et on sait qu'on sera meilleurs sur des Mondiaux.

« ÊTRE EN FORME OLYMPIQUE A RIO »

Qu'attends-tu de ces Championnats du Monde ?
Me faire plaisir avant tout, c'est à dire bien courir et profiter de l'ambiance. Par équipes, je veux donner le maximum parce que je n'oublie pas que j'ai fait perdre un titre à mes collègues en 2011. Je veux aider mon équipe à être sacrée Championne du Monde.

Penses-tu qu'il est possible d'être au sommet de sa forme dans une année qui comporte deux événements majeurs ?
C'est difficile. A mon sens, on peut tout à fait avoir deux pics de forme dans la même saison, mais pas être en condition optimale aux Mondiaux puis aux Jeux. A titre personnel, je n'ai pas prévu d'avoir deux pics et j'espère bien en forme olympique à Rio.

Vois-tu certains de tes adversaires se réserver pour les JO ?
Les Mondiaux c'est quand même quelque chose de fort. Quand tu marches à l'entraînement et que tu te sens bien, tu te dis "il faut qu'on gagne". Ce n'est pas donné à tout le monde de devenir Champion du Monde de vitesse. C'est l'épreuve reine et elle est souvent réservée aux Français. Je ne pense pas que nos adversaires lèvent le pied. Peut-être que certains n'utiliseront pas leur matériel de compétition mais chaque coureur va se donner au maximum, avec la forme du moment.  

Crédit photo : Gautier Duet - DirectVelo.com
 

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