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L'AVC Aix aime donner une deuxième chance

Après avoir fait le point sur les ambitions sportives de l'AVC Aix-en-Provence (relire ici), Jean-Michel Bourgouin, le manager du club provençal aborde pour DirectVelo.com différentes questions comme l’économie, la formation ou encore la passion, après 16 années passées à l’AVC Aix-en-Provence.

UN CLUB, UNE PHILOSOPHIE

« J’ai tendance à placer le club au-dessus de la discipline en elle-même. C’est important pour moi que le club soit le garant d’une philosophie. A l’AVC Aix-en-Provence, l’humain passe avant tout. Qu’il s’agisse d’un licencié lambda ou d’un coureur Elite. Mon souhait ou ce que j’essaie de dire aux gens du club c’est qu’un licencié, même s’il n’est que de passage parmi nous, doit apprendre quelque chose. Quand nous privilégions les coureurs du club au moment du recrutement, cette démarche s’inscrit dans la philosophie du club. Ici, les coureurs ont des deuxièmes, des troisièmes chances même, mais comme dans la vie. Tu ne construis rien en douze mois. Quand un coureur n’obtient pas les résultats qu’il souhaite, on ne va le faire partir sans avoir cherché le pourquoi. Je fais du relationnel, j’essaie de parler à l'encadrement, à la famille, aux coéquipiers pour tenter de comprendre comment je peux l’aider. C’est un risque. Comme quand l’on reprend un coureur qui redescend des pros. On pourrait dire : "il a eu sa chance, c’est trop tard". Nous prenons un risque, mais c’est un risque calculé qui a payé depuis des années. Dans notre vie personnelle, professionnelle, nous avons tous des deuxièmes, des troisièmes chances même des quatrièmes, et heureusement. »

1999-2016 : LA MÊME PASSION ?

« Je ne suis jamais venu à reculons, à mon âge je ne m’emmerderais pas ! (rires). Je suis toujours motivé sinon je n’irais pas dormir dans des gîtes avec 10 mecs ! Toutes ces années sont remplies d’histoires d’hommes. Je me suis un petit peu nourri de chacun. Si un mec à 20% de bon en lui, j’exagère volontairement, je me souviendrai de ces 20%. Et j’espère que les gens qui sont passés par l’AVC Aix retiennent la même chose de moi.

La saison dernière, le titre de Rosto (Thomas Rostollan, Champion de France Amateurs du contre-la-montre) a été un moment spécial. C’était avant tout une aventure humaine qui a trouvé un écho chez les coureurs. Quand l’aventure va un peu au-delà du vélo, c’est encore mieux. C’est pour vivre ces moments que je fais ce métier. Ce titre va laisser un héritage, une trace. Il a prouvé que l’on était capable de cibler un objectif et d’accompagner au mieux nos coureurs. On peut parler d’un aboutissement. Certains coureurs ont été sensibles à ça, et ont envie de reprendre le flambeau. Le Championnat de France 2016 sera une échéance importante. Sinon dans l’ensemble j’essaie de toujours me projeter vers la prochaine course, je ne suis pas un nostalgique. Même au volant de la voiture, je me surprends à anticiper sur la prochaine course. »

SURVIVRE ECONOMIQUEMENT

« Les problèmes économiques, c’est le point noir qui peut engendrer fatigue et lassitude. Nous dépendons en grande partie des subventions, peut-être encore plus depuis une dizaine d’années. Tout le monde connaît la conjoncture économique dans les municipalités. C’est à nous de chercher des solutions, et c’est un grand sujet de réflexion. Le sponsoring pur, une pub sur le maillot n’intéresse plus les entreprises. On ne nous donnera rien sans rien. Il faut qu’une entreprise ou une société puisse trouver un intérêt à collaborer, même pendant une période courte avec nous. C’est dans cette optique que nous créons des stages, des événements. A mon sens, nous devons proposer un vrai service.

Porter le nom d’une société ? Pourquoi pas mais avec deux conditions essentielles. Premièrement, garder notre attache à la ville dans l’intitulé du club. On ne peut pas rayer 90 ans d’histoire. Deuxièmement, que nous ayons vraiment des valeurs communes, un projet qui soit viable sur du long terme. Collaborer avec une équipe pro comme nous l’avons fait avec Cofidis par le passé peut-aussi être une hypothèse, mais ce n’est pas une fin en soi. Là aussi, il faut qu’il y ait des méthodes et des valeurs communes, nous ne voulons pas d’un mariage de raison ».

DROIT DE FORMATION

« Rien n’a évolué, et rien n’évoluera dans les mois qui viennent. Tout le monde a une bonne raison de protéger ses intérêts. Dans un sens, je comprends les équipes pros, elles ne touchent pas de droits d’image et sont dépendantes de sponsors. Comment récupérer des droits, qui appartiennent à des sociétés privées ? Chacun défend son beurre, mais si les clubs amateurs ne peuvent plus faire leur travail correctement, tout le monde va nous sauter dessus et ce sera dangereux pour notre sport. Que fait la fédération à part nous dire : "Oui mais, c’est au niveau international que ça doit bouger. Les autres pays ne le font pas. Ou encore, c’est un secteur concurrentiel" ? »

Je ne vois pas de solution pour changer ce modèle économique qui ne fonctionne pas. Et puis, nous, dirigeants, sommes pris par notre quotidien. Nous devons gérer notre budget au mieux, faire fonctionner les clubs. Il n’y a pas que l’équipe Elite mais aussi les jeunes. Nous n’avons pas forcément de temps à passer dans les dossiers. Et quand on voit que nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord sur une épreuve de piste (il souffle), sur un dossier aussi fastidieux que les droits de formation, j’ai des doutes… ».

Crédit photo : Jean-Michel Ruscitto - DirectVelo.com
 

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