On a retrouvé : Alexandre Lemair

Champion de France Espoirs en 2009, Alexandre Lemair a couru quatre saisons dans le peloton professionnel. A Roubaix-Lille Métropole de 2008 à 2010, puis chez Bridgestone en 2012. Début 2014, lassé des contraintes du quotidien cycliste, il décidait de mettre un terme à sa carrière. Pour Directvelo.com, il a accepté de revenir sur son parcours.

DirectVelo : Alexandre, un an après avoir accroché ton dernier dossard, où en est tu ?
Alexandre Lemair : Je suis papa d’une petite fille de 6 mois. Je nage dans le bonheur. Avoir un enfant, ça change la vie, mais ce sont aussi des moments uniques dont je profite pleinement. Je ne regrette pas du tout d’avoir arrêté le vélo. Et puis, un enfant c’est un autre emploi à plein temps ! (rires). En parallèle, je travaille dans au rayon cycles d’Intersport d’Yvetot, à côté de chez moi.

Comment s’est passée ta réinsertion dans le monde professionnel ?
Initialement, j’ai passé le concours pour rentrer dans la police. J’avais passé tous les tests physiques mais j’ai été recalé après l’entretien. Selon eux, je n’avais pas encore fait le deuil de la vie de sportif de haut-niveau.

« J'AVAIS BESOIN D'ARRÊTER »

Tu ne sembles pas d’accord ?
Le vélo ne me manque pas. J’aime toujours ça puisque je roule de temps en temps mais les contraintes de la pratique devenaient pesantes. Les longs déplacements à répétition notamment. J’étais aussi rentré dans une routine. Faire les mêmes choses tous les hivers, j’étais lassé. Au début de la saison dernière, j’ai senti que manquais de motivation sur beaucoup de points. Je me faisais moins mal à l’entraînement, je faisais moins attention à mon alimentation. C’est un cercle « vicieux » qui te fait régresser et qui finit par te priver du plaisir d’être compétitif sur les courses. J’avais besoin d’arrêter.

Pour mieux revenir un jour ?
Pourquoi pas. Ce n’est pas d’actualité du tout pour le moment mais on ne sait jamais. Je n’aime pas faire du vélo à moitié, mais dans le même temps je ne peux pas vivre du cyclisme en amateur. On verra dans le futur. J’ai pris goût à la course à pied. L’année dernière déjà, j’avais beaucoup couru pendant l’hiver et j’ai pris une licence cette année. Je fais quelques trails, l’ambiance y est sympa ! Surtout, c’est un sport qui nécessite beaucoup moins de temps. Je peux aller courir à 20h le soir en rentrant du boulot, à raison de 10h d’entraînement par semaine. J’ai encore quelques lacunes techniques mais j’essaie de m’améliorer.

« JAMAIS RETROUVE MON MEILLEUR NIVEAU »

Revenons au cyclisme, que t’inspire ta carrière avec un peu de recul ?
J’ai de bons souvenirs dans chacun des clubs où je suis passé. Que cela soit Rouen, Saint Austreberthe et Chartres au niveau amateur ou Roubaix et Bridgestone chez les professionnels. Bien sûr j’aurais aimé courrir à encore plus haut niveau mais une carrière est faite de choix, de haut et de bas qui te font atteindre ou pas tes objectifs. Je ne regrette pas grand-chose si ce n’est, peut-être, d’avoir arrêté mes études très jeune. En passant professionnel à 19 ans, j’aurais pu continuer ma formation STAPS que j’avais commencée. Un coureur comme Jimmy Turgis a bien réussi à allier les deux et je pense que c’est une véritable chance de pouvoir concilier sport et études dans le même temps. S’aérer l’esprit c’est essentiel et en ne faisant que du vélo c’est plus compliqué par moment. C’est un de mes seuls regrets, ajouté à mon opération de l’artère iliaque en 2009.

Penses-tu que cela ait influencé ta carrière ?
Complètement. Je n’ai jamais su revenir à mon meilleur niveau. L’année qui a suivi mon opération, j’ai voulu rattraper le temps perdu et j’en ai oublié de refaire les fondations. Les artères iliaques, ce n’est vraiment pas anodin et cela nécessite une opération lourde. Encore aujourd’hui, je subis des répercussions liées à cette opération. J’ai mal au dos et mon osthéo m’a dit que cela était sûrement lié à un mauvais placement de mes organes vitaux suite à cette opération. Certains s’en remettent mieux que d’autres, il n’y a qu’à voir un coureur comme Tony Gallopin. Ça n’a pas été mon cas.

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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