Caroline Mani s'est lâchée

A 29 ans, Caroline Mani signe la meilleure performance de sa carrière aux Championnats du Monde de Cyclo-cross. Deuxième de la course Elites derrière la puissante Thalita De Jong, la Doubiste ne boude pas son plaisir. Un temps la mieux placée pour la gagne alors qu'elle figurait dans un groupe de cinq, elle a assisté, impuissante, à la remontée de la Néerlandaise. Elle s'incline finalement pour 14 secondes sur la ligne. Pour autant, la Franc-Comtoise assure à DirectVelo n'avoir aucun regret.

DirectVelo : Comment s'est déroulée ta course ?
Caroline Mani : J'ai tenté. J'ai fait un départ correct. Maryline (Salvetat, NDLR) me disait avant la course que si je partais fort je pouvais gagner. J'ai répondu dit : "bon d'accord, pas de problème !". Ce n'est pas que je ne sais pas prendre un départ, j'ai les jetons ! Aujourd'hui je me suis dit qu'il n'y avait rien à perdre et je me suis lâchée. Je me suis retrouvée devant assez rapidement et j'ai roulé à mon rythme. Certains diront que j'en ai trop fait mais non. Je ne prends pas forcément les mêmes trajectoires que les autres, donc j'aime bien avoir mon espace. J'ai fait quelques écarts sur les deux premiers tours mais je pense qu'elle (Thalita De Jong, NDLR) était un cran au-dessus. Si ça avait été un peu plus technique j'aurais peut-être pu la battre mais physiquement elle est costaud ! Je n'ai pas de regret. Vice-Championne du Monde, ça va (rires).

Julien Thollet a souligné que les mécanos avait longuement préparé ton vélo...
Je leur tire mon chapeau. Ils m'ont mis dans des conditions optimales, le vélo était top ! La médaille, c'est aussi grâce à leur travail. A tout point de vue : massage, récupération, nourriture, déplacement, il n'y avait rien à redire.

« ON AVAIT MIS EN PLACE UN CODE AVEC JULIEN THOLLET »

Sur le papier tu faisais partie des favorites. Il a fallu intégrer ce statut ?
En arrivant à Zolder, j'ai eu une conversation d'une heure et demi avec Julien. Il m'a dit que je devais assumer mon statut. De mon côté, j'étais réticente (rires). Mon entraîneur ne voulait surtout pas en parler, j'imagine pour ne pas me mettre de pression. Du coup, on avait mis en place un code avec Julien. Il m'a dit : "si je te sens trop stressée, je te fais un signe pour te dire de te calmer". Au final je crois qu'on a bien géré la situation. Je crois que j'ai passé un cap cette année, notamment physiquement.

Tu as changé quelque chose dans ta manière de te préparer ?
Honnêtement non. Au niveau entraînement, je n'ai pas l'impression d'en avoir fait plus. Après, c'est vrai que j'ai perdu un peu de poids. Je pense que ça se voit. Je suis aussi mieux dans ma tête et meilleure dans ma manière d'aborder les courses. L'ambiance au sein de mon équipe est très bonne. Je trouve que le staff de l'équipe de France a passé un cap aussi. Ça facilite les choses : je suis détendue, je ne ressens pas de stress... Après Hoogerheide j'étais un peu énervée et ils m'ont tout de suite remis dedans.

« J'AI LOUPE UNE GROSSE PRIME »

On peut dire que ta saison est réussie ?
C'est sûr ! Victoire au général aux Etats-Unis, Championne de France, vice-Championne du Monde...

Comment penses-tu que les Américains vont t'accueillir ?
Je pense qu'ils vont être fous ! Bon, il vont sans doute me dire que j'aurais pu gagner. C'est bête, j'ai loupé une grosse prime (rires). Je pense que c'est bien pour mon manager qui gère une entreprise de pneus et que c'est un bon coup de pub pour lui sur le marché européen. Ça me permet de leur rendre ce qu'ils m'ont donné. En définitive tout le monde est content. Et puis pour l'année prochaine, ça va peut-être me mettre en position de force pour me permettre de disputer les neuf manches de Coupe du Monde. C'est important pour moi, surtout qu'il y en a deux aux Etats-Unis.

Crédit photo : Maxime Segers - www.directvelo.com
 

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