Romain Le Roux : « La vie est belle »

Gravement blessé l’été dernier sur  le Tour Alsace (2.2), Romain Le Roux a pu remonter sur son vélo après  une longue  convalescence. Le coureur de l’Armée Terre avait chuté dans une descente de col, tombant dans un ravin rocheux à plus 70 km/h. Héliporté avec 13 fractures : quatre vertèbres, cinq du poignet droit, trois aux côtes et une de l’omoplate, sans oublier une luxation de la hanche. "Je souffrais tellement que je me concentrais sur ma respiration. J’avais fait de la sophrologie, je pense que ça m’a bien aidé". Depuis le 1er novembre, il peut de nouveau faire du vélo. Une délivrance pour celui qui est incorporé dans le 1er régiment du train parachutiste. Pour DirectVelo.com, le Breton revient sur ces longues semaines.

DirectVelo : Comment as-tu vécu les premières semaines après ta chute ?
Romain Le Roux : Je suis passé par des périodes très compliquées mentalement. Après dix jours à l’hôpital où je devais rester allongé, je suis rentré chez moi. J’étais en fauteuil roulant, les deux bras dans le plâtre, une jambe dans l’attelle. J’étais dépendant de mes parents et de ma copine comme ma maison n’est pas du tout adaptée à une personne en fauteuil roulant. J’ai frôlé la dépression... Je n’acceptais pas l’image que je renvoyais. Un mois et demi après l’accident, j’ai subi un gros contrecoup, comme un choc post-traumatique.

« FAIRE LE STAGE DE JANVIER AVEC L'EQUIPE, UNE GRANDE VICTOIRE »

As-tu pensé arrêter le vélo ?
Jamais ! J’ai même fait du home-trainer avant de marcher (rires). Je bouillais tellement que je réussissais à me hisser sur le vélo. Même si je ne tenais que cinq minutes, c’était déjà une grande victoire pour moi.

Ton retour sur la route s’est fait comment ?
Je m’étais fixé la date du 1er novembre même si les médecins me disaient que ce ne serait pas possible. Je voulais me prouver à moi-même que je pouvais le faire donc le 1er novembre, je suis remonté sur mon vélo. Je n’ai pu faire que 20 minutes parce que j’avais perdu tous mes muscles mais quelle sensation ! Au fil des jours, j’ai tenu plus longtemps car la position était vraiment difficile à garder à cause de mes fractures et de ma hanche. En janvier, j’ai pu faire le stage de l’équipe comme n’importe quel coureur. C’était vraiment une grande victoire.

Aujourd’hui, tu as mal quand tu pédales ?
Il me reste des séquelles dans le poignet mais c’est tellement léger à côté de ce que j’ai supporté. Tant que je peux rouler et m’entraîner, ça va bien !

« JE VEUX QUE LES GENS AIENT L'IMAGE DE MOI SUR LE VELO, PAS DANS UN FAUTEUIL »

Tu as même pu reprendre la compétition sur certains cyclo-cross.
Oui, j’ai couru deux fois après les fêtes ! Remettre un dossard, c’était à la fois une envie et un besoin. Même si les courses ont été difficiles, j’étais heureux d’être de retour. Heureux  aussi que ma famille et mes amis puissent me voir sur le vélo. C’est l’image que je veux qu’ils aient de moi. Romain sur un vélo, pas dans un fauteuil.

Ton retour dans le peloton, tu l’envisages quand ?
L’équipe ne me met aucune pression. Je vais reprendre progressivement en mars sur Manche-Atlantique puis Paris-Troyes. Je reviendrai tranquillement. Vivre une telle épreuve vous fait évoluer. Mon regard a forcément changé. On se dit que la vie est belle et qu’elle peut basculer en un instant. Je veux avant tout me faire plaisir sur le vélo. Dans ma tête, cela ne m’empêche de vouloir retrouver mon niveau et obtenir des résultats.

Crédit photo : Mathilde L'Azou - Mathilde L'Azou Photographies
 

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