Francis Mourey : « Le plus beau des cadeaux »

Francis Mourey (Fortuneo-Vital Concept) a remporté ce dimanche, à Besançon (Doubs), son 9e titre de Champion de France de cyclo-cross. Le Franc-Comtois, âgé de 35 ans, a pris le meilleur dans le final sur Clément Venturini (Cofidis). Voici la  réaction  du nouveau Champion de France.

DirectVelo : Tu étais habitué à conserver le titre de Champion de France, là tu le récupères, est-ce une sensation différente ?
Francis Mourey : Je n’aime pas qu’on dise que j’ai reconquis ce titre. J’ai couru ce Championnat comme les précédents, comme si je n’avais jamais été Champion de France. C’est ce qui me permet de rester concentré sur la course. Ce titre a la même valeur que les huit autres, c’est simplement le titre de l’expérience.

As-tu eu l’impression d’avoir déjà perdu à la fin du premier tour ?
Non. Je savais que ma condition physique était bonne. Sur un parcours aussi difficile que celui-ci, rien n’est jamais perdu d’avance et il faut garder beaucoup de forces pour le dernier quart d’heure. Après ma crevaison au premier tour, je n’ai pas baissé les bras. J’y ai toujours cru et j’ai donné le maximum dans les derniers tours et c’est ce qu’il fallait faire.

« AUCUN MESSAGE A TRANSMETTRE A LA FDJ »

Clément Venturini t’a souvent battu cette saison et quand il est parti on ne pensait pas que tu pourrais revenir...
Cette saison a été un peu compliquée pour plusieurs raisons. A mi-septembre j’ai appris que je n’étais pas conservé par la FDJ. J’ai demandé de l’aide à Emmanuel Hubert qui m’a tendu la main en me proposant un contrat. Je ne voulais pas arriver dans ma nouvelle équipe en étant fatigué de ma saison de cyclo-cross, ce qui aurait perturbé ma saison sur route. Au mois d’octobre, j’ai coupé volontairement pour avoir de la fraîcheur au mois de janvier et enchaîner le cyclo-cross par une belle saison sur route. J’ai chuté à la reconnaissance du Championnat d’Europe et je n’ai quasiment pas pu faire de vélo les 15 premiers jours de novembre. Les dix jours qui ont suivi, j’ai roulé tranquillement et j’ai donc pris du retard. En décembre j’ai beaucoup travaillé pour revenir en forme en janvier. C’est pour ces raisons que mes résultats ont été un peu moins bons, mais j’ai régulièrement été sur les podiums en faisant 2e à Albi ou 3e à Flamanville. Sur les cyclo-cross internationaux je n’ai jamais été à la lutte pour le podium, mais j’y ai toujours cru. Mon équipe a toujours cru en moi, ensemble on a bien travaillé en vue des objectifs du mois de janvier et aujourd’hui montre que ceci nous a réussi.

L’objectif de l’hiver était-il le Championnat de France ?
Il y a un an jour pour jour, je terminais troisième du Championnat de France. J’ai alors dit à tout le monde que l’objectif de 2016 était le Championnat de France et que j’allais modifier ma préparation. C’est pour cette raison que je n’ai pas lâché toutes mes forces en début de saison. J’ai maintenant 35 ans, je peux être toujours très bon, mais sur des périodes plus courtes que quand j’avais 25 ans. C’est pour cette raison que j’ai tout misé sur ce mois de janvier et le Championnat de France. J’ai eu raison et l’équipe aussi.

Ce titre est-il une réponse à la FDJ ?
Je n’ai aucun message à transmettre à la FDJ. Ils ont fait un choix. J’ai été très heureux de passer 12 ans avec eux et leur apporter 8 titres. Au mois de mai, la FDJ m’a dit qu’elle ne souhaitait plus s’investir dans le cyclo-cross et tout miser sur la route. Je pensais qu’après douze ans on allait me conserver dans un rôle d’équipier. Mi-septembre, on m’a dit que je n’étais pas gardé. J’ai demandé à Emmanuel Hubert si mon profil l’intéressait. Il m’a dit que oui et aujourd’hui je le remercie. Ce titre de Champion de France est le plus beau cadeau que je peux faire à Fortunéo-Vital Concept.

« TOUT ETAIT REUNI POUR MOI »

Ce circuit, à domicile et dans la boue, c’était le jour idéal pour toi...
Je préfère un circuit comme aujourd’hui à celui de l’an passé à Pontchâteau qui était roulant et très sec. J’aime les conditions difficiles, le circuit l’était, il pleuvait et il ne faisait pas chaud. Tout était réuni pour moi. C’est toujours motivant de courir devant son public, mais en tant que coureur, on est dans une bulle. On entend des bruits mais on ne distingue pas les paroles. J’essaie de rester concentrer sur ce que j’ai à faire et aujourd’hui c’était d’aller chercher le maillot bleu-blanc-rouge. J’ai uniquement pu savourer dans la dernière ligne droite. Cette année, j’ai pris ma 20e licence et ce titre de Champion de France, c’est pour remercier le public qui me suit depuis tout ce temps.

Ce Championnat n’était diffusé que sur internet et pour le grand public, c’était plus difficile que de le regarder sur France 3...
J’ai regardé les six courses de ce week-end sur internet et je n’ai pas vu la différence. Quant au grand public, il aime peut-être plus regarder sur internet que sur France 3...

Contrairement à tes adversaires, tu ne changeais pas de vélo lors du premier passage au poste de dépannage, était-ce délibéré ou jouais-tu ton va-tout ?
C’est un choix que j’avais fait avec mes mécaniciens. A midi j’ai testé les deux options et je me suis rendu compte que si je ne passais pas la première fois, j’étais capable de faire un tour complet avec le même vélo. Je gagnais même du temps pendant que les autres passaient par le poste. J’avais également repéré deux endroits où je pouvais en quelque sorte nettoyer mon vélo en passant dans des flaques d’eau.

« NE PAS S'OCCUPER DES AUTRES »

Quand tu rattrapes Venturini, un coureur rapide au sprint, quelle a été ta stratégie ?
Sur un tel circuit, il ne faut pas s’occuper des autres. J’étais sur un rythme assez élevé et je l’ai gardé quand j’ai rejoint Clément. Tout s’est joué dans le denier tour, dans les parties physiques. J’ai pu prendre quelques mètres que j’ai conservé jusqu’à l’arrivée.
Le parcours était physique tout au long, même à l’approche de la ligne d’arrivée, un sprint était difficile à imaginer.

Ce titre modifie-t-il la suite que tu souhaites donner à ta saison et de ta carrière, alors qu’on pouvait entendre que tu étais sur le déclin ?
Pour l’instant je suis Champion de France 2016. Je ne m’occupe pas de ce qu’on dit de moi sur internet ou dans les journaux. Je sais ce que je vaux. Je suis là pour gagner un maximum de cyclo-cross et aider mes équipiers sur la route. Aujourd’hui j’ai pris encore énormément de plaisir et je compte encore en prendre en 2016 et en 2017. Je sais que je serai encore là.
Maintenant, je vais tâcher de montrer ce maillot tricolore et de faire de belles Coupes du Monde et de beaux Championnats du Monde.

Crédit photo : Elen Rius - Elen Rius Photos
 

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