Un crossman se relance dans la boue... en Afrique

Lukas Winterberg était venu au Tour du Rwanda dans le seul but de préparer sa saison de cyclo-cross. Mais le Suisse, à court de compétition, "s'est surpris" la semaine dernière à travers les cols de moyenne montagne trempés de pluie : 6e du classement général (lire ici) et premier Européen (les Français Julien Liponne et Jérémy Bescond terminent 9e et 10e).
 
Bien sûr, Winterberg a trouvé son compte à la veille de l'arrivée, sur une étape chaotique, marquée par des pavés boueux et un final en bosse, idéal pour un crossman (voir notre récit)... "Mais s'il obtient un beau résultat, c'est avant tout parce qu'il a un beau potentiel, à la fois rouleur et grimpeur", estime Jean-Jacques Loup, son directeur sportif.
 
La cylindrée a déjà fait quelques dégâts sur des cyclo-cross internationaux. Pendant la saison 2014-2015, Winterberg termine cinq fois dans le Top 8 et six fois sur le podium, prenant la 3e place du Providence Cyclocross Festival, aux Etats-Unis, sous les couleurs de Cannondale p/b Cyclocrossworld. Il aurait bien voulu un contrat ferme avec l'équipe américaine, mais un coureur du pays lui a été préféré.
 
Cette saison, fort de son Tour du Rwanda, le coureur de Roggliswil, près de Lucerne, peut espérer briller aux Championnats de Suisse en janvier. Et décrocher une sélection aux Championnats du Monde, en février, alors qu'il a dû renoncer aux « Europe », pas encore rétabli d'une fracture de la jambe survenue fin juillet.
 
"Je ne sais pas grand chose de mon futur, explique-t-il à DirectVelo.com. Ni sur mon programme, ni sur mon équipe puisque je n'ai rien de précis pour 2016. Je rêve toujours d'un team de cyclo-cross aux Etats-Unis, un pays où je cours régulièrement depuis 2011."
 
Sur la route aussi, Jean-Jacques Loup pense que "Lukas peut faire un très bon routier". Mais, ajoute aussitôt celui qui l'a dirigé cette année au Tour du Cameroun (10e du général) et au Tour du Rwanda, au sein de l'équipe Meubles Descartes : "Encore faut-il que Lukas ait envie de connaître la vie des coureurs sur route..." S'il le voulait, s'il le pouvait encore, il suivrait alors les traces de son oncle Guido, cinq participations au Tour de France, dont deux comme lieutenant de Bernard Hinault et Greg LeMond à la Vie Claire.
 
Las, c'est davantage aujourd'hui un problème de temps que d'ennui. Lukas Winterberg a déjà 28 ans et un emploi de charpentier à mi-temps. "Je travaille entre 6h et midi, donc je ne peux pas m'entraîner ni récupérer dans de bonnes conditions", dit-il. S'il a choisi le cyclo-cross plutôt que la route, c'est pour une question de préparation, moins gourmande en heures...
 
Cercle vicieux : pour mettre toutes les chances de son côté, Winterberg devrait renoncer à son emploi. "Mais il est difficile de quitter la vie active à 28 ans", souligne-t-il. Fin 2016, il s'est fixé de trouver une équipe qui lui permette de trancher entre ses deux activités, de vivre de son sport. Faute de quoi il rejoindra la liste des talents suisses révélés sur le tard, peut-être trop tard.
 
Crédit photo : Ministère des Sports et de la Culture du Rwanda
 

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Lukas WINTERBERG