On a retrouvé : Guillaume Perrot

Guillaume Perrot a arrêté le vélo et plus précisément le cyclo-cross alors qu'il était un des quatre meilleurs spécialistes français en 2014. Faute de moyens car comme il le rappelait dans sa Grande Interview en janvier 2014, "je dois sortir de l’argent de ma poche pour disputer des manches de Coupe du Monde comme à Namur. Alors, je ne peux pas participer à chaque manche. Je ne travaille plus depuis quelques mois et sans rentrées financières, je dois faire encore plus attention. D’ailleurs, j’arrive vraiment à la limite sur un plan économique : j’ai tout dépensé dans les déplacements sur les épreuves de cyclo-cross." (lire ici).
DirectVelo a retrouvé l'ancien coureur du Team Probikeshop Saint-Etienne Loire, qui suit toujours le cyclo-cross.

DirectVelo.com : Avec un peu de recul, comment juges tu le niveau actuel du cyclo-cross français ?
Guillaume Perrot : Francis (Mourey), même si il est vieillissant, est toujours là. Il y a Venturini qui arrive chez les Elites et qui est en pleine progression, c’est un tout bon. Derrière, il y a peut-être à peine moins de densité qu’à une époque avec l’arrêt de nombreux crossmans ces dernières années, je pense notamment à des coureurs comme Pion, Bourgoin, Duval ou Lhotellerie qui a arrêté après son titre de Champion de France.

« LES ABSENTS ONT TOUJOURS TORT »

Cette année, on voit de nouveaux noms. Le niveau est-il plus bas qu’à ton époque ?
Je pars du principe que les absents ont toujours tort. Ce n’est parce qu’il y a moins de densité que le niveau est plus faible ou meilleur. A mon époque, je me battais régulièrement avec des coureurs comme Julien Roussel par exemple, qui est toujours dans les mêmes places aujourd’hui. C’est que le niveau est toujours aussi élevé. Entre ceux qui ne courraient pas à l’époque où je courrais, et ceux qui progressent, c’est difficile de juger et de se positionner. Pour moi, le niveau n’est pas moins bon !

Que reste t’il de ta carrière aujourd’hui ?
De bons souvenirs. Je pense notamment à mes trois titres de Champions de France sur piste ou mes années Elite en cyclo-cross.

Où tu as toujours été régulier...
Oui, j’ai toujours terminé dans le Top 10 ou Top 5 du classement final du Challenge national. Les manches du Challenge et le Championnat de France constituaient toujours mes objectifs de l’année. Une fois par mois, je devais donc être en forme, ce qui me permettait de l’être aussi le reste du temps et tout au long de la saison. C’était important pour moi plutôt qu’un simple coup d’éclat.

« J'AI TROP DELAISSE LA ROUTE »

Penses tu que ce sont ces fameux coups d’éclats qui t’ont manqué pour passer à l’échelon supérieur ?
Je pense surtout que je ne me suis pas assez concentré sur la route, notamment en Espoir. Je misais sur le cross et délaissais trop la route. Les deux dernières années, j’ai réalisé des saisons complètes sur la route qui m’ont fait beaucoup de bien. Malheureusement, j’avais du retard par rapport aux vrais routiers pour être très performant. Sur la tactique, la distance, l’expérience. J’ai fait quelques belles performances comme une 6e place en Coupe de France au Cristal Energie.

2e du Challenge national, 4e du Championnat de France en 2013/2014, c’était ton meilleur hiver. Pourquoi avoir arrêté en pleine progression ?
Je m’étais donné deux ans de vélo. Au début, je vivais sur le chômage puisque je sortais d’un contrat de travail. Mais peu à peu, mes revenus étaient de plus en plus faibles et bien que l'EC Saint-Etienne m’ait beaucoup aidé financièrement, je piochais dans les réserves. Début 2014, il était temps d’arrêter. Je suis devenu papa peu après et j’avais décidé de me relancer dans la vie professionnelle, pour avoir une situation stable. Le Championnat du Monde d’Hoogerheide -notre photo-, en février 2014, a donc été une de mes dernières sorties.

« JE ME SUIS ECLATE PENDANT DEUX ANS »

Sans regrets ?
Mon objectif pendant ces deux années était vraiment de m’éclater, me faire plaisir en ne faisant que du vélo. Si j’avais eu un contrat à la clé, ça aurait été la cerise sur le gâteau, mais je ne vis pas ma situation comme un échec. J’ai donné tout ce que j’ai pu.

Quels sont tes projets aujourd’hui ?
Je suis préparateur de commande sur un site de vente en ligne. 39h par semaine, peu de temps libre le week end mais j’ai une situation stable. J’envisage d’essayer de construire un appartement ou une maison. Je n’ai plus trop le temps pour le sport. Et puis j’ai un peu peur de m’y remettre. L’année dernière je m’étais lancé sur la Saint-Etienne-Lyon en course à pied. Au bout de 10 kilomètres je me suis foulé la cheville mais j’ai fini mon relais pour ne pas léser l’équipe. J’ai eu une entorse à la cheville et aujourd’hui, j’ai encore un manque de mobilité. Je ne me sens pas de recourir, j’ai trop peur.

Crédit photo : Hervé Dancerelle - www.directvelo.com
 

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