On a retrouvé : Jean-Baptiste Béraud

Champion de France Juniors de Cyclo-cross à Pont-Château en 1999, Jean-Baptiste Béraud faisait alors figure de grand espoir du cyclisme. Après quatre participations aux Mondiaux (deux en Espoirs -6e en 2003- et deux en Juniors -6e en 1999-), deux médailles de bronze au Championnat de France Espoirs, il terminait 10e du championnat de France Elite. Pourtant, l'élève de Patrice Thévenard (1) à l'EC Boucles de la Marne n’arrivera jamais à "passer au-dessus" comme il le souhaitait. Pour DirectVelo.com, il revient sur son parcours.
 
DirectVelo.com : On se souvient de toi comme un homme fort, parmi les meilleurs, dès que le terrain était gras. Comment expliques-tu cela ?
Jean-Baptiste Béraud : J’étais très à l’aise dès qu’il y avait de la boue et que le circuit se transformait en bourbier. Des circuits d’hommes forts ! J’ai encore le souvenir d’un Championnat de France qui a eu lieu à Sarrebourg et où on avait dû m’aider à me déshabiller tellement j’étais gelé ! Ce que j’aimais surtout dans ces circuits-là, c’était toute la partie analyse qui précédait la course. Il fallait avoir le circuit en tête mais aussi et surtout ses trajectoires. Avec Patrice (Thévenard), on travaillait beaucoup sur ça.
 
Tu étais donc quelqu’un de méticuleux alors ?
Oui et non. Tout dépend du contexte. Pour mon matériel par exemple, oui je l’étais. A chaque début de saison, lorsque je recevais mes vélos, je les démontais et remontais avec le matériel que j’avais moi-même choisi. J’aimais bien savoir sur quoi je roulais. Par contre, si ma carrière était à refaire, j’aurais été plus sérieux. Je n’hésiterais pas à changer certaines choses...
 
Comme ?
Il y a beaucoup de choses, mais en premier lieu me fixer plus d’objectifs plutôt que de me laisser aller une bonne partie de la saison et ne préparer très sérieusement qu’un seul rendez-vous. Être concentré sur plusieurs objectifs dans la saison m’aurait sûrement permis d’être plus fort toute l’année, et ainsi me mettre plus en évidence. Et si c’était à refaire, je me serai mis beaucoup plus tôt à la route...

« JE N'AI SÛREMENT PAS FAIT LES BONS CHOIX D'EQUIPE »

Dans quel but ?
Passer professionnel tout simplement. J’aurais aimé passer au-dessus.
 
Qu’est-ce qu’il t’a manqué ?
Après mon accident au genou (déchirure des ligaments croisés à la suite d’une chute à ski, NDLR), je me suis mis en tête de revenir à mon meilleur niveau. J’ai réussi de belles performances, en Espoirs, mais je n’ai pas assez insisté derrière. Je n’ai aussi sûrement pas fait les bons choix d’équipes après mon passage au CA Mantes-la-Ville. Après, il était trop tard. A 25 ans on te répète souvent que tu n’es plus bon à faire du vélo, et il est alors temps d’aller vraiment bosser !
 
Aujourd’hui, tu continues de rouler ?
Je fais 32 kilomètres quotidiennement... pour aller au boulot ! 16 kilomètres à l’aller, et pareil au retour, mais guère plus. Il m’arrive de sortir le vélo pour une sortie mais rien de régulier ni de programmé. Cela fait au moins 3-4 ans que je ne cours plus sur les vraies courses ! A la fin , j’avais pris une licence en 3e catégorie, mais l’ambiance ne m’a pas plu. Les mecs se battent pour une 20e place et pleurent pour ne pas monter de catégorie l’année suivante. Ce n’est pas le vélo que j’aime.
 
Le monde du vélo ne te manque pas ?
Pas spécialement. Bon, là je compte quand même m’y remettre un peu parce que j’ai pris trop de poids et qu’avec un copain, nous avons décidé de prendre part à une cyclosportive par mois l’année prochaine. J’aimerais bien être dans une condition correcte car l’année dernière j’ai dû marcher 1,5 kilomètres à côté de mon vélo sur l’Etape du Tour. J’y suis allé avec les mêmes conditions d’entrainement qu’actuellement et c’est devenu une galère ! Au-delà de ça, je garde quelques contacts avec des coureurs que j’appréciais comme Benoît Daeninck. Je n’ai jamais été quelqu’un de trop passionné alors je ne vais même plus sur les courses, à l’exception de celles organisées par mon club, l'EC Boucles de la Marne. Une sorte de remerciement envers Patrice qui a été quelqu’un d’important tout au long de ma carrière.

« ÊTRE DEHORS ME VA BIEN »
 
A quoi ressemble ta vie aujourd’hui ?
J’ai acheté une maison en Normandie et je suis devenu papa en 2015. C’était donc une année bien chargée et ça continue de l’être puisque j’ai pas mal de travaux à faire. Je travaille au Conseil départemental de Seine-Saint-Denis sur la gestion des eaux. Je touche à la plomberie, l’électricité des vannes au niveau sous-terrain etc. Je n’aurais pas supporté de travailler dans un bureau, c’est aussi pour ça que j’avais pris le vélo comme sport. Être dehors me va bien. Pendant mon temps libre, je joue aussi beaucoup au golf.
 
Une nouvelle vocation ?

Je joue partout à travers la France mais je ne me suis encore jamais lancé en compétition. Bientôt peut-être !

(1) Patrice Thévenard, ancien professionnel sur route (3 Tours de France terminés) était un spécialiste du cyclo-cross. Il a fini vice-Champion de France pro en 1983 et 7e du Championnat du Monde la même année. Il organise les cyclo-cross de Carnetin et de Jablines.
 

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