Bourg-en-Bresse : « Les coureurs comprennent notre choix »

Un an après un premier refus, Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme a choisi une nouvelle fois de ne pas monter en DN1. Christian Milesi, le directeur sportif du club vainqueur de la Coupe de France DN2, explique pourquoi à DirectVelo.com.

DirectVelo.com : Pourquoi avoir refusé la montée en DN1 ?
Christian Milesi : Honnêtement, sportivement et financièrement, nous avions les moyens de passer en DN1. Le dossier aurait sans doute été accepté. Mais notre projet est à placer dans le climat sportif rhonalpin. Il y a beaucoup de clubs de DN1 dans la région (Chambéry CF, CR4C Roanne, Probikeshop Saint-Etienne Loire et Vulco-VC Vaulx-en-Velin, NDLR). Je pense que nous avons trouvé notre créneau en DN2, en se permettant d'avoir le temps et le recrutement nécessaire pour relancer des coureurs de 23-26 ans. Ce n'est peut-être que partie remise si la Coupe de France reste ainsi. Mais avec notre budget actuel, nous ne pourrions peut-être pas avoir, en DN1, le projet qui ferait plaisir aux dirigeants, aux partenaires et aux coureurs. Un profil comme celui de Julien Liponne, qui se met sérieusement au vélo à 27 ans, trouve sa place chez nous. Tout comme Camille Chancrin ou Frédéric Brun à l'époque. On se fait plaisir... Avec nos moyens et dans le climat sportif local, on vivrait une montée en DN1 plus comme une somme de contraintes qu'une véritable évolution.

« LE CYCLISME DOIT RESTER UN SPORT D'EVENEMENTS »

Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme n'a pas l'habitude de recruter de jeunes coureurs. Est-ce un choix ?
Notre projet sportif est aujourd'hui sur la formation de coureurs plus âgés que ceux qu'on retrouve habituellement en DN1. Nous l'assumons. Un coureur du club, Aurélien Doléatto, a remporté cette saison le Challenge National Juniors. Dès le mois de mai, nous avons pris contact avec Chambéry CF. Nous avons pensé que c'était le meilleur moyen pour lui d'évoluer pour passer professionnel, par rapport à sa localisation. Si nous étions montés en DN1, nous aurions tâché de le garder à tout prix. Je n'ai pas envie de dire aux coureurs que nous sommes la structure idéale pour passer pro. Avec le budget que nous aurons l'an prochain, je ne veux pas rentrer en concurrence avec des structures qui font passer professionnel de suite.

L'idéale est donc pour vous de rester en DN2 ?
A titre personnel, je trouve que le cyclisme doit rester un sport d’événements et pas de Championnats. Il y a une vraie vie en DN2, un vrai calendrier à faire hors des Coupes de France... En gagnant la Coupe de France, on arrive à avoir des invitations sur les courses comme une bonne partie des DN1. Nous arrivons à prendre part à des épreuves de classe 2, nous sommes pratiquement toujours pris sur les courses par étapes que nous souhaitons faire... C'est aussi pour ça que nous ne sommes pas prêts à tout pour aller en DN1. Une montée valoriserait le projet mais encore une fois, il faut bien réfléchir. Je précise que je ne remets pas en cause l’intérêt des Divisions Nationales. Ça permet d'avoir une grille de lecture pour les collectivités.

« MA CRAINTE SERAIT DE PERDRE CE QU'ON FAIT DE BIEN »

Les coureurs comprennent-ils la décision du club ?
Il n'y a pas d'incidence car les coureurs sont conscients de tout ce que je viens de dire. Dans les briefings du début de saison, la Coupe de France est le seul objectif du club. Le reste, ce sont des objectifs individuels... Les coureurs sont chez nous pour l'ensemble du calendrier. Un jeune Espoir aura peut-être besoin de faire des Coupes de France DN1 pour passer pro. Nous, encore une fois, nous avons plus des coureurs intéressés par la globalité du programme. Nous n'avons pas eu de remontrances de le part des coureurs.

Comment imagines-tu la suite ?
Nous continuerons de vivre à fond les Coupes de France. Remporter ce challenge a été un super moment. On va essayer de revivre ça... Les coureurs comprennent notre choix. Ça peut paraître "petit joueur" mais nous ne vivons pas avec le stress d'une descente... Ma crainte serait de perdre ce qu'on fait de bien aujourd'hui. En montant en DN1, on risquerait de le perdre. Je ne veux pas mettre le stress aux coureurs. Je veux continuer de mettre le projet du coureur au centre de l'activité. Placer les objectifs d'un club en priorité, j'estime que ça ne marche pas en amateur.

Crédit photo : Philippe Pradier - picasaweb.google.fr/PHPHOTO42
 

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