Mondial - Betouigt-Suire : « Une médaille collective »

La France a décroché une quatrième médaille lors de ces Championnats du Monde de Richmond. Clément Betouigt-Suire a pris l’argent ce samedi matin lors de l’épreuve réservée aux Juniors. DirectVelo.com a rencontré le licencié au Mérignac Vélo Sport juste après le podium protocolaire. 
 
DirectVelo.com : Que représente cette deuxième place pour toi ?
Clément Betouigt-Suire : Je suis un peu déçu car je visais le maillot arc-en-ciel. Mais bon, je me dis qu’il s’agit tout de même d’une médaille d’argent. Je sais aussi que mon oncle va me chambrer à mon retour en France. Il a déjà été vice-Champion du Monde Masters, et ici, je prends aussi la deuxième place. Il va me dire que je ne l’ai pas battu. Mais je lui répondrai que lui, c’était chez les papys. 
 
Que t’a-t-il manqué pour décrocher la médaille d’or et enfiler le maillot arc-en-ciel ?
Il ne m’a manqué que deux mètres sur l'Autrichien Felix Gall. Je ne pense pas que ce soit une question d’expérience. Je pensais en effet qu'il allait craquer dans les ascensions. Mais ce n’a pas été le cas. Dans la dernière ligne droite, le Danois Rasmus Pedersen n’a pas quitté ma roue alors que nous étions deux en poursuite. J’avais un peu peur qu’il me batte au sprint et j’essayais donc de le faire passer. Ce n’est qu’à 300 mètres de la ligne que j’ai véritablement accéléré et remarqué qu’il ne pouvait plus tenir. J'ai tout donné à ce moment-là, mais c’était trop tard. Je n’ai rien à regretter. 
 
« J'AVAIS DE SUPER JAMBES »
 
Tu as dès lors assumé ton rôle de favori.
Je ne me suis jamais réellement senti comme l’un des favoris. Il y avait de nombreux noms assez connus au départ. Mes équipiers me faisaient d’ailleurs confiance en cas de sprint. Au bout de 50 kilomètres, ils sont venus me voir. Je leur ai dit que j’avais réellement de super jambes et que j’allais attendre le final. 
 
Toute l’équipe s’est-elle démenée pour toi ?
J’ai parlé avec Tanguy Turgis et je lui ai demandé de rester avec moi. Je voulais en effet que l’on attaque comme l’ont fait Ledanois et Anthony Turgis ce vendredi. Malheureusement, l’Autrichien est sorti un peu plus tôt. Alexys Brunel s’est alors sacrifié pour moi dans la finale. Il était cependant un peu juste au vu des efforts consentis en début de course. Tout le monde m’a aidé et je suis un peu déçu de ne pas ramener le maillot. Mais cette médaille de bronze est une médaille collective. 
 
Cette deuxième place est aussi l’occasion pour toi de faire taire tes détracteurs. 
J’avais à coeur de démontrer que je n’étais pas qu’un sprinteur. Beaucoup ont critiqué ma sélection car je n’avais pas réalisé de résultats durant l’été. C'était normal car je me suis fracturé la clavicule. Mais je suis passé à côté de tout cela et je n’ai pas écouté les mauvaises langues. J’aime vraiment cette façon dont on court dans les épreuves internationales. En France, j’ai souvent 150 coureurs dans ma roue qui veulent me faire perdre. Mais au niveau mondial, ce n’est pas du tout comme cela. D’ailleurs sur les quatre épreuves auxquelles j’ai participé, j’en ai remportée deux et je me classe une fois deuxième, ici au Championnat du Monde. 
 
DES CONSEILS DU GRAND-PERE ET DU FRERE
 
Ta famille a aussi joué un rôle important dans ce podium...
Mon grand-père, avec qui je vis, me conseille très souvent. Mais on s’embrouille souvent car il n’est pas de la même génération et ne comprend pas toujours tout ce que l’on fait. Je pense qu’il doit être content de mon résultat. Il aurait d’ailleurs dû être présent ici à Richmond. Mais son passeport était trop vieux. Ce n’est que partie remise pour l’an prochain. Mon frère me conseille également souvent. Je l’ai d’ailleurs eu au téléphone tous les jours : j’ai 260 euros de communication hors forfait à cause de cela. Je pense que cela va même doubler avec cette deuxième place. Mais ce n’est pas grave, on verra bien au retour en France. Je pense que c’est papy qui va crier.
 
Quel est maintenant ton programme en cette fin de saison ?
Je participe aux Championnats de France sur piste dans quatre jours. On m’y a surclassé avec les élites. Mais j’y vais surtout pour prendre du plaisir et courir avec tous les coureurs avec qui j’ai l’habitude de m’entrainer. Je n’ai aucune ambition de résultat. Et ensuite, je penserai à l’année prochaine. J’aimerais établir mon programme bien à l’avance en pensant déjà au Championnat du Monde. Le parcours de Doha devrait encore plus me convenir et j’espère y faire mieux.

Crédit photo: Maxime Segers - www.directvelo.com
 

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