Mondial - Ledanois : « Je ne peux pas y croire »

Ce vendredi, Kévin Ledanois est devenu Champion du Monde Espoirs à Richmond (Etats-Unis). Le professionnel de Bretagne-Séché Environnement s'est défait de ses concurrents dans l'avant-dernière difficulté pour s'imposer en solitaire. DirectVelo a rencontré le Français fraîchement revêtu de son maillot arc-en-ciel.

DirectVelo : Que représente ce maillot arc-en-ciel ?
Kévin Ledanois : C'est un rêve ! Je suis très content. Je ne réalise pas encore que je suis Champion du Monde. Je ne réaliserai que ce soir, quand je rentrerai à l'hôtel et que tout le monde va me féliciter. Et arrivé chez moi quand je retrouverai mes proches et mes amis. C'est vraiment spécial.

Tu semblais en pleine confiance avant de débarquer ici...
Depuis que Pierre-Yves m'a pris dans la sélection, j'ai retrouvé de la confiance. Si Pierre-Yves croit en moi, je devais aussi avoir de la confiance. L'an dernier, je me suis loupé. Cette année, je n'avais pas le droit de me rater. C'était aujourd'hui ou jamais. On a fait le boulot avec Anthony (Turgis), c'est parfait.

BEAUCOUP D'EXPERIENCE

Ta saison chez les professionnels t'a aidé à remporter ce titre ?
Cette année chez les pros m'a apporté beaucoup d'expérience, surtout quant à ma gestion de l'effort. J'arrive à me canaliser, à attendre le bon moment pour tout donner. L'an passé, je suis parti un tour trop tôt, car j'étais trop jeune mentalement. Cette année, j'avais plus confiance en moi, et plus d'expérience. J'ai su prendre sur moi pour attendre le bon moment.

Dès les premiers tours de roues, en reconnaissance, tu as compris que le parcours était taillé à ta mesure ?
Quand j'ai découvert le circuit je me suis dit "Il manque une bosse ou un tour, ce ne sera pas assez dur." Heureusement qu'il a commencé à pleuvoir dans le dernier tour. Nous étions encore tous groupés et la pluie a provoqué des chutes, a durci la course. Toutes les conditions étaient réunies pour réaliser un grand truc. 

« LES 700 METRES LES PLUS LONGS DE MA VIE »

Comment avez-vous joué le coup avec Anthony Turgis ?
Dans Libby Hill, Anthony a accéléré. C'était à moi de l'emmener, donc je devais m'accrocher pour le relayer. Quand j'ai passé mon relais, j'ai vu que l'Autrichien (Gogl, NDLR) était au taquet derrière. Il n'arrivait pas à rentrer. J'ai pris des risques dans tous les virages. Et je me suis dit "C'est le moment de tout donner" car Anthony était dans sa roue, dans un fauteuil. Si j'étais repris, je ne pouvais pas avoir de regrets.

Tu as directement cru en tes chances de victoire ?
Au pied de la Governor Street, avec mon avance, j'ai compris que c'était le moment ou jamais de tout envoyer. En haut, au virage, à 700 mètres, j'ai vu qu'on avait un bel écart. Mais la dernière ligne droite est vraiment interminable. C'était  les 700 mètres les plus longs de ma vie. 

« CE N'EST PAS POSSIBLE »

C'est à ce moment que tu as compris que tu allais t'imposer ?
A 150, 200 mètres de la ligne, j'ai douté. J'avais vraiment mal aux jambes et Consoni lançait son sprint. J'ai senti qu'il revenait fort. Mais je n'avais pas le droit de me faire remonter, je m'en serais trop voulu. Je devais tout donner, aller plus loin dans l'effort. A 50 mètres de la ligne, j'ai réalisé qu'il ne reviendrait pas et que j'étais champion du monde. Je n'ai pas voulu prendre de risques, j'ai attendu le dernier moment pour lever les bras.

Quel sentiment t'as traversé l'esprit en franchissant le portique ?
Je n'y croyais pas. Au fond de moi, je me suis dit : "Ce n'est pas possible, il y en a un qui est passé avant moi." J'ai réalisé que j'avais gagné quand j'ai vu nos deux soigneurs m'attendre avec les bras grands ouverts. C'est formidable. 

UN MAILLOT IRISE POUR L'HIVER

Etant professionnel, tu ne pourras cependant jamais porter ce maillot !
C'est vrai, mais il aura une place particulière, je l'encadrerai ! Je ne pourrai pas l'afficher en course, mais à l'entrainement, j'en profiterai. Je vais me faire une tenue irisée pour m'entrainer pendant tout l'hiver.

Mais d'abord, champagne ?
La saison n'est pas terminée, mais on va faire la fête ! Je dois encore disputer le Tour de Vendée, chez moi, la semaine prochaine. Puis Paris-Tours ou quelques courses en Italie. 

Crédit photo : Maxime Segers - DirectVelo

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