On a retrouvé : Florent Gougeard

Son frère Alexis, professionnel chez AG2R La Mondiale, a enlevé il y a une semaine une étape de la Vuelta, en solitaire, dans le fil d'une carrière qui démarre très fort. Florent n'en a rien manqué, à distance, depuis sa Normandie, même s'il a mis un terme à sa propre carrière fin 2013, à 24 ans. Champion de France de la poursuite par équipes Juniors, vice-Champion de France Espoirs de l'américaine (avec Alexandre Lemair), Florent Gougeard passait pour un rouleur solide. Pour DirectVelo, il revient sur ses années de cyclisme et sur sa reconversion.

DirectVelo : En tant que grand-frère, est-ce toi qui as mis Alexis sur un vélo ?
Florent Gougeard : Non, c'est même l'inverse ! Nous avons commencé presque en même temps, mais Alexis me précède de quelques jours. Il jouait au foot mais il était souvent blessé aux genoux, alors il cherchait un autre sport à pratiquer. Des copains lui ont proposé d'essayer le vélo, il les a suivis à l'US Sainte-Austreberthe Pavilly Barentin. Peu de temps après, j'ai voulu voir à quoi ressemblaient les entraînements. Au bout du troisième, j'ai pris une licence. Et je suis resté quinze ans au club.

Une telle longévité, dans un club, c'est peu fréquent ?
C'est vrai. Nous allions aux entraînements du club à vélo : 15 km de route depuis la maison de nos parents. Rouen, c'était plus loin : 35 km. A l'USSAPB, je me sentais à l'aise. Il s'agit d'un club familial, où on ne se prend pas la tête et où les jeunes sont bien encadrés.

« JE VOULAIS COURIR AVEC ALEXIS »

Entre frères, vous couriez sur les mêmes épreuves ?
Pas vraiment au début, parce que nous avons quatre ans d'écart. Mais nous avons fait quelques échappées ensemble, sur le Tour de la Manche notamment. Sur ce genre d'épreuve, Alexis a gagné et j'étais là. J'ai décidé de continuer le vélo en 2013, jusqu'à sa dernière saison chez les amateurs, même si de mon côté , l'envie faiblissait. Je voulais seulement courir avec lui... Notre plus beau moment à deux, nous l'avons sans doute vécu la saison précédente, sur le chrono de Vassivière. Nous, coureurs d'un club DN2, nous venons nous mesurer aux équipes de DN1. Alexis s'impose et je termine 11e (lire ici). Ce jour-là, j'ai eu l'impression que c'était une victoire commune.

C'est vrai que tu te défendais bien contre-la-montre.
J'aimais cette discipline, même si je ne gagnais pas. Je ne me préparais pas spécifiquement, je marchais sur la forme du moment. La piste me plaisait bien aussi. A l'USSPAB, le Président (Jacky Tiphaigne) aimait beaucoup la discipline. Il fallait s'y mettre. Ce qui me laissait jamais le temps de m'ennuyer de la route.

« SI J'AVAIS ETE PLUS SERIEUX... »

Qu'est-ce qu'Alexis a dans le cyclisme qui t'a fait défaut ?
[Il hésite.] Il a un grand frère. Je lui ai montré pas tant ce qu'il fallait faire, mais plutôt ce qu'il ne fallait pas faire. La fête, par exemple. J'aimais ça et on sait que le vélo s'en accommode mal. Alexis a suivi un droit chemin. Parfois, j'ai des regrets : si j'avais été plus sérieux lorsque j'étais coureur, peut-être que je serais passé pro. A un petit niveau, peut-être, mais pro tout de même...

Depuis deux ans que tu as raccroché, quelle est ton activité principale ?
Je suis menuisier-poseur. Le bâtiment a toujours été mon domaine. J'ai passé un bac pro dans la spécialité. J'ai eu la chance d'obtenir un emploi grâce à un patron qui est un ancien cycliste et qui m'a donné ma chance. Parce qu'il faut bien reconnaître que le vélo est un monde assez fermé. L'insertion dans la vie active est souvent difficile. J'ai des semaines prenantes mais le travail me plaît. Parfois, je roule le week-end. Sauf quand il pleut : désormais j'ai cette liberté de ne m'entraîner que par temps sec !

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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