Le rêve américain de Julien Bernard

Stagiaire chez Trek Factory Racing cet été, Julien Bernard – 23 ans – a impressionné la formation américaine à l’occasion des récents Tour de l’Utah et surtout Tour du Colorado, durant lequel il a pris la 10e place du classement général final. Le pensionnaire du SCO Dijon s’est ainsi vu proposer un contrat professionnel dans cette même équipe pour la saison prochaine. Pour DirectVelo.com, Julien Bernard est revenu sur ces dernières semaines riches en émotions.

DirectVelo.com : Comment résumerais-tu l’expérience américaine du mois d’août en quelques mots ?  
Julien Bernard : C’était une grande expérience. Je crois que je ne me rends pas encore tout à fait compte de ce que j’ai vécu là-bas, mais je pense que j’en suis revenu grandi, au-delà même des résultats bruts. Vivre une si belle expérience, avec une si belle équipe, c’était quelque chose ! Il y avait un mélange de nombreuses nationalités, avec une autre vision de la course. Et puis, je n’avais jamais participé à des courses d’un tel niveau. J’ai pris beaucoup de plaisir et j’ai pu engranger un maximum d’expérience.

« FRANK SCHLECK M’A DONNE BEAUCOUP DE CONSEILS »

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué lors de ces premières semaines de stage ?
Le professionnalisme de l’équipe ! Ça change énormément de ce que j’ai connu jusqu’à présent. Je ne connaissais pas du tout ce monde-là. J’ai vraiment découvert pas mal de choses et encore, je n’ai sans doute pas tout vu car sur les courses aux Etats-Unis, l’équipe ne dispose pas de toutes ses infrastructures. Mais j’ai déjà senti en arrivant là-bas que j’avais changé de catégorie.

Comment t’es-tu senti au sein même de l’équipe ?
On m’a de suite mis à l’aise, et en confiance. Je pense notamment aux directeurs sportifs Alain Gallopin et Kim Andersen. Ils m’ont laissé commencer le Tour de l’Utah de façon « tranquille ». Ils voulaient s’assurer que je prenne le temps d’encaisser les charges de travail sans être à fond tous les jours. Trek m’a vraiment laissé l’impression d’une équipe qui laisse du temps à ses coureurs. S’ils m’avaient de suite demandé d’aller dans des échappées par exemple, je me serais peut-être cramé. Ça aurait été plus difficile mais là, ils m’ont simplement laissé le temps de m’habituer au rythme sur le Tour de l’Utah avant que j’essaie de m’exprimer au Colorado. Au-delà des directeurs sportifs, les coureurs ont été très accueillants également. Je pense notamment à un mec comme Franck Schleck, qui est souvent resté à côté de moi. Il m’a donné beaucoup de conseils importants. Venant d’un grand champion comme lui, ça fait toujours plaisir.

« LE GENERAL N’ETAIT PAS DU TOUT UN OBJECTIF »

T’attendais-tu à réaliser un tel Tour du Colorado, avec cette 10e place au classement général final ?
Je me doutais que j’allais mieux marcher que dans l’Utah, mais de là à être à ce niveau-là, non, je ne m’y attendais pas. Je savais quand même que ma principale qualité était la récupération, et j’ai pu le confirmer sur cette course. En principe, quand je commence bien une semaine, je la termine très bien. Les longues courses par étapes, c’est ce qui me convient le mieux.

Tu visais donc secrètement une bonne place au général dès ton arrivée sur le Tour du Colorado ?
Non car il y avait selon moi un vrai problème avec ce fameux contre-la-montre individuel. Je ne savais pas du tout où j’allais pouvoir me situer et combien de temps j’allais bien pouvoir perdre sur cet exercice qui était tout nouveau pour moi. En plus, il était prévu que je fasse ce chrono avec mon vélo traditionnel. Alors le général n’était pas du tout un objectif, j’espérais simplement faire des places sur des étapes. Mais finalement, Matthew Busche m’a prêté son vélo de chrono au dernier moment, et je ne me suis pas trop mal débrouillé. J’ai terminé 20e du chrono (à 1’19’’ de Rohan Dennis, NDLR), c’est la place à laquelle j’espérais pouvoir être. J’avais fait mes calculs pour rester dans le Top 10. Mais avant ça, je ne pensais pas du tout au général.

«  JE PENSAIS FAIRE UN POINT UNE FOIS RENTRE EN FRANCE  »

Ton rôle dans l’équipe a-t-il évolué au fil de la semaine ?
Jusqu’à la veille du chrono, il y avait deux coureurs protégés : Julian Arredondo et moi. Mais il a chuté et je me suis retrouvé seul leader de l’équipe. Cela dit, tout est relatif quand je parle de leader puisque chaque coureur avait carte blanche pour aller dans une échappée par exemple. L’objectif principal était de jouer les victoires d’étape(s). Finalement, j’ai été bien entouré dans les fins d’étapes et c’est aussi ce qui m’a aidé à terminer 10e du général. Une fois la dernière étape terminée, les coureurs et le staff sont venus me féliciter. J’avais déjà hâte de retrouver tout le monde pour les prochaines courses.

Ce dimanche, tu vas disputer la dernière manche de la Coupe de France DN1, la Classique Champagne-Ardenne, avec le SCO Dijon. Quel sera la suite de ton programme ?
La Classique Champagne-Ardenne sera ma dernière course avec le SCO Dijon. Ensuite, je retrouverai l’équipe Trek Factory Racing pour le Grand Prix de Wallonie, puis la suite de mon calendrier reste encore à définir. Je devrais sans doute terminer ma saison au Tour d’Hainan, fin octobre en Chine.

Puis tu continueras de porter les couleurs de Trek en 2016, en tant que coureur professionnel…
Franchement, une fois arrivé aux Etats-Unis, je ne pensais pas trop à ces histoires de contrat. J’étais vraiment concentré à fond sur mon Tour du Colorado. Je voulais y faire un bon truc, me donner à fond et c’est tout. Je pensais faire un point une fois rentré en France. Je ne me suis jamais dit que j’allais pouvoir signer chez eux. Lorsqu’ils m’ont proposé le contrat, je dois avouer que j’étais quand même surpris. 

Crédit photo : DR
 

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