On a retrouvé : Benjamin Cantournet

Souvent placé, rarement vainqueur. Benjamin Cantournet, ancien coureur de l’UV Aube et du SCO Dijon, n’était pas un grand scoreur. Pourtant, il était l’un des coureurs les plus apprécié du peloton amateur. Du haut de son mètre 90, il était reconnu comme un infatigable équipier. Pour DirectVelo.com, l'Aubois âgé de 30 ans est revenu sur une carrière au service des autres.

DirectVelo.com : Où en es–tu aujourd’hui ?
Benjamin Cantournet : Je suis en école d’infirmier à Troyes. J’ai fait ma rentrée des classes vendredi dernier, pour ma 3e et dernière année de formation. Cela sera une année plutôt tournée vers le milieu professionnel puisque je n’aurai que 10 semaines de cours. Je serai en stage le reste du temps. Ça me va bien puisque je préfère tout ce qui touche à l’anatomie ou la physio. Le côté social, littéraire ou législatif que l’on peut apprendre en cours, c’est moins ma tasse de thé !

DU VTT POUR S'AMUSER

Quelle place tient désormais le vélo dans ta vie ?
Je ne me rends plus trop sur les courses, si ce n’est pour donner quelques coups de main au SCO Dijon sur les courses que j’appréciais, celles du Nord. Ce n’est pas que je sois fâché avec le vélo, bien au contraire, mais je vais sur les courses pour voir les copains, plutôt que pour voir la course en elle-même et malheureusement, vers Troyes il n’y a pas beaucoup de courses cyclistes. J’avais également arrêté complètement de rouler à la fin de ma carrière. J’ai repris l’année dernière au moment de mes partiels, histoire de me libérer l’esprit, de s’aérer un peu. J’aimerais bien prendre une licence de VTT enduro pour m’amuser avec les copains. J’ai déjà acheté un beau vélo, mais je dois patienter un peu que ma santé me le permette.

Des soucis de santés liés à ta carrière cycliste ?
Absolument pas. En 2014, j’ai eu une hernie discale qui a traîné et qui a provoqué des dégâts au niveau de mon nerf sciatique. Depuis l’opération, je boîte et n’arrive pas à retrouver une parfaite mobilité. Les médecins ne peuvent estimer si je pourrai remarcher totalement normalement ou pas et encore moins le temps que cela prendra. Mais avec les récentes évolutions de mon état de santé, ils sont plutôt optimistes, alors tout va bien. Je vais bientôt pouvoir remettre en route (rires) !

Tu as arrêté la compétition il y a deux ans...
C’était en 2013, à Paris-Chalette-Vierzon, pour la finale de la Coupe de France DN1. Initialement, je devais arrêter la saison début septembre, au moment de reprendre mes études. Mais la finale de la Coupe de France ayant été décalée, j’avais poursuivi mon bail jusque la fin de l’année, même si je n’avais plus vraiment le temps de rouler. Je me souviens que j’avais roulé dans le final pour favoriser Melvin Rullière, notre sprinter au SCO Dijon.

« ROULER POUR UN COEQUIPIER, J'ADORAIS CA »

Tu roulais souvent pour les autres, ne regrettes-tu pas de ne pas avoir plus joué ta propre carte ?
C’est vrai qu’il m’arrivait souvent de faire l’équipier. Rouler pour un coéquipier, j’adorais ça. Peut-être qu’en faisant ça, je me protégeais de la pression. Pour être protégé ou leader, il faut avoir des épaules solides, je manquais sûrement de confiance en moi et c’est pourquoi ce rôle me plaisait davantage. Ce n’est pas un regret, puisque c’est dans mon tempérament. Travailler la confiance, c’est quelque chose de compliqué, je ne sais même pas comment j’aurais pu la travailler d’ailleurs ! Je préférais travailler pour les autres. Mes moments de sacrifices sont mes meilleurs souvenirs.

Un exemple en particulier ?
Le Tour Alsace 2010. Pierre-Luc Périchon avait pris le maillot de leader en début d’épreuve et nous nous étions demandés comment nous allions bien pouvoir défendre le paletot d’une classe 2 au profil accidenté ! Avec Olivier Grammaire, on avait tenu le cap sur les longs bouts droits d’Alsace, tandis qu’Alexis Coulon et Pierre-Alain Nicole s’occupait des bosses. On a cédé que le dernier jour, lors l’étape-reine. Mes années à l’UV Aube sont aussi de supers souvenirs. Avec Romain Villa ou Benoît Daeninck notamment, on arrivait à concurrencer le CC Nogent-sur-Oise qui était en tête de tous les classements nationaux. L’équipe avait gagné beaucoup de courses, c’était plaisant.

Mais pas toi. Avoir peu levé les bras n’est pas non plus un regret ?
Mon seul regret est de ne pas en avoir gagné une belle. Je compte beaucoup d’accessits, notamment sur le Tour de la Manche, le Tour des Deux-Sèvres ou le Tour de Moselle, mais je n’ai jamais pu lever les bras sur une Elite. J’ai remporté des 1-2-3 ou le classement général du Tour d’Auvergne, mais j’aurais aimé lever les bras sur un Grand Prix des Marbriers par exemple. Malgré tout, cela n’aurait pas changé ma carrière ni ma vie. Je n’étais pas excellent dans un domaine. Avec mes 80 kilos, j’étais très vite limité dans les bosses, sans pour autant être un super rouleur. Je n’aurais donc pas pu passer chez les pros. Il ne me restait qu’à aider l’équipe, ça m’allait très bien ! Aujourd’hui, j’éprouve encore beaucoup de plaisir quand je vois des copains comme Anthony Roux réussir chez les pros.

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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