On a retrouvé : Kévin Cherruault

Au départ, à l'arrivée, au bord de la route, Kévin Cherruault est toujours présent sur les courses, avec le gilet aux couleurs du Vendée U.  Mais l'ancien Champion des Pays de Loire  et double vainqueur  de Nantes-Segré n'est plus sur son vélo après avoir raccroché fin 2011 (lire ici). Il est aux petits soins des coureurs du club vendéen où il est assistant. Si au début il était "encore coursier dans la tête", Kévin Cherruault a trouvé sa place.

DirectVelo : Quel est ton programme de course ?
Kévin Cherruault : En ce moment c’est une période un peu plus cool. Le prochain rendez-vous est pour la Coupe de France au Cristal Energie, et les deux courses qui suivent, celles du Challenge d'Or. Après, ca sera reparti à fond.

Avec ta fonction d'assistant, tu es encore un peu coureur cycliste ?
Quand j’ai arrêté ma carrière, lors de ma première année en tant qu’assistant au Team Nantes U Atlantique, c’était compliqué. J’étais encore coursier dans ma tête et j’avais du mal à vraiment me détacher et m’impliquer parfaitement dans les tâches qui étaient les miennes. Je participais un peu au briefing par exemple. Aujourd’hui, la page est vraiment tournée et je ne m’occupe plus du côté sportif, je suis assistant, plus coureur cycliste !

« JE N'ETAIS PAS DU TOUT SERIEUX »

Ton frère Romain, lui aussi très bon chez les Juniors, a repris la compétition, pourquoi pas toi ?
Tout simplement parce que je n’en ai plus envie. J’ai déjà connu cette situation lorsque j’avais arrêté un an. J’étais reparti plus bas que terre, et je sais ce que ça a donné par la suite, je ne recommencerai pas. J’avais repris mais avec du recul, je ne savais même pas pourquoi je le faisais. J’étais grillé pour repasser chez les professionnels, alors je ne trouvais plus d’intérêt à continuer le cyclisme. A la fin de l’année 2011, j’avais un problème au tendon de la malléole qui nécessitait une opération mais je ne l’ai pas fait et j’ai décidé d’arrêter. Il faut aussi dire que le décès de Nicolas Vaillant m’a beaucoup marqué. J’étais sur les lieux de l’accident, et après ça, j'étais vraiment bien refroidi.

Aujourd’hui, tu n’as aucun regret ?
Si, forcément qu’il y a des regrets. J’étais un bon vivant et ça m’a joué des tours. J’avais de grosses capacités physiques mais je n’étais pas du tout sérieux et rigoureux. J’étais capable d’être là n’importe quand et j’ai toujours mieux marché sur les classes 2, avec les pros. La façon de courir me plaisait plus parce qu’en tant qu’amateur j’avais plus de liberté. Mais maintenant, je suis passé à autre chose et aujourd’hui, quand je vois la physionomie des courses en Amateur, cela me conforte dans mon choix ! Sur les Coupe de France par exemple, je me serais franchement fait chier !

« AU MONDIAL JUNIORS J'ECRABOUILLAIS LES PEDALES »

Que gardes tu de ton parcours ?
De bons souvenirs évidemment. Mon meilleur restera le Championnat du Monde Juniors en Autriche. Ce jour-là, j’écrabouillais les pédales et c’était plaisant. Après, j’ai peut-être un autre regret, celui de m’être écarté de la filière de la Française des Jeux à laquelle j’appartenais. J’étais dans la fondation de la FDJ et licencié au Team Nantes Atlantique, mais j’ai décidé de partir au Vendée U, qui est l’équipe réserve d’Europcar. Peut-être qu’en restant à Nantes, ma carrière aurait été différente, mais c’est ainsi. A la place, j’ai jonglé en tant qu’assistant entre les deux clubs !

En passant du Team U Nantes Atlantique au Vendée U, tu t’es retrouvé des deux côtés de la barricade.
C’est la guerre sportivement, donc en tant que coureur oui c’était compliqué de faire la transition entre les deux clubs. Mais professionnellement, il n’y aucun « problème ». Je suis reconnu pour mon métier d’assistant et tout s’est très bien passé dans les deux clubs.

« FAITES CE QUE JE DIS PAS CE QUE J'AI FAIT »

Tu avais prévu de devenir assistant à la fin de ta carrière sportive ?
Pas vraiment. A la fin de ma dernière saison, le Team Nantes U Atlantique m’a proposé le poste de mécanicien-assistant et j’ai vite accepté. A la base, j’ai fait des études dans le milieu agricole et cela ne me dérangerait pas d’y retourner si j’avais une opportunité. Aujourd’hui, je travaille la semaine dans un magasin de cycles sur Nantes et le week-end comme vacataire avec Vendée U. Je bosse donc tous les jours mais cela n’est pas une contrainte pour deux raisons. Déjà parce qu’il faut bosser pour manger à la fin du mois et aussi parce que je reste dans le monde du vélo que j’aime. J’essaie d’apporter mon expérience aux plus jeunes qui veulent bien m’écouter.

Quel conseil en particulier ?
J’ai une phrase qui résume assez bien mon rôle « Faites ce que je dis, mais pas ce que j’ai fait ». Beaucoup de coureurs chez les amateurs veulent passer professionnel et c’est difficile de faire sa place dans le peloton professionnel. Pour ça, il faut comprendre comment fonctionne le monde du cyclisme le plus rapidement possible. Plus vite tu comprends, et mieux tu t’en sors. C'est aux jeunes d’écouter l’expérience de ceux qui sont autour d’eux pour les aider.

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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