Steven Tronet : « Les yeux piquent plus que les jambes »

Steven Tronet (Auber 93) est le nouveau Champion de France de cyclisme sur route. Le Nordiste, âgé de 28 ans, a réglé le sprint au nez et à la barbe des favoris. 
 
DirectVelo.com : Tu es davantage fatigué ou ému ?
Steven Tronet : Les yeux piquent plus que les jambes. Cette semaine, ma compagne m'a massé deux fois, m'a soutenu... Ça m'a beaucoup aidé. C'est super... (sanglots)
 
Tu y croyais avant le départ ?
Je savais que le podium était dans mes cordes. Par le passé, j'ai gagné beaucoup de classes 2 et lorsque j'ai gagné au Circuit de Lorraine (en 2012) qui est une classe 1, j'ai pris un gros moral. Je me suis dit à ce moment là que j'étais capable de battre un Coquard ou un Bouhanni. Depuis la Route du Sud, j'y croyais encore plus dur. Mon équipe, ma famille, mes amis, tout le monde me disait que je pouvais le faire. Ça m'a apporté une confiance énorme.
 
« DANS LA CAGE AUX LIONS »
 
Comment as-tu géré ta course dans le final ?
Même si Bouhanni avait encore deux équipiers, je le pensais battable. D'autant plus qu'il y avait du vent. Après plus de 200 kilomètres de course, c'est dur pour tout le monde. On était une petite quinzaine dans la dernière bosse, j'ai dû m'accrocher. Quand Tony (Gallopin) a lancé son sprint, je l'ai immédiatement suivi. Je ne me suis pas du tout occupé du placement de Nacer (Bouhanni). J'ai fait ce que je savais faire, j'aime lancer mon sprint de très loin. Je me suis calé tout à gauche de la route afin que mes adversaires prennent le plus de vent possible en essayant de me déborder.
 
Selon toi, le maillot de Champion de France va-t-il changer ta vie ?
Au niveau professionnel oui, je l'espère. Je suis ouvert à toute proposition ! Pour le reste, je vais rester Steven Tronet. J'ai l'habitude des sprints décousus : quand on est dans une petite équipe, on est plus isolé. C'est un peu comme être dans la cage aux lions... Je ne me suis jamais découragé et les moments de doute que j'ai connus m'ont permis de me remettre en question. Cela m'a poussé à travailler encore plus dur et à prendre plus de risque à l'entraînement. 
 
« PAS ASSEZ MIS DE COUPS DE PIED AU CUL A ROUBAIX »
 
Raconte-nous comment tu en es arrivé là...
Le vélo c'est une histoire de famille, même si je suis le seul à courir au delà du niveau régional. J'ai eu ma première bicyclette après avoir ramené un 10/10 en dictée... Grâce au cyclisme, je me suis fait mon réseau d'amis. J'organise une randonnée à vélo, je discute souvent avec les gens que je croise sur mes routes d'entraînement. 
Côté compétition, cela fait cinq ans que je suis vraiment motivé. Avant, j'étais trop jeune, je n'étais pas forcément assez mordant...  
 
Ton arrivée à Auber 93 a été un déclic ?
Je me suis cantonné dans mon confort lorsque j'étais chez Roubaix-Lille Métropole. Je pense que ça a freiné ma carrière, on ne me mettait pas assez de coups de pied au cul. Depuis que je suis chez Auber 93 c'est différent. J'ai vraiment pris conscience de mon potentiel en 2014, sur les 4 Jours de Dunkerque, où j'avais réussi à tenir tête à Sylvain Chavanel. Je me suis dit que si j'étais capable de suivre un des meilleurs coureurs français, j'étais capable de pas mal de choses...
 
LE CHALLENGE D'OR COMME PREMIERE COURSE
 
Penses-tu pouvoir faire plus ?
J'estime encore pouvoir progresser, notamment en participant à de grandes courses comme le Tour de France ou Paris-Nice. Le fait de courir pour une équipe Continentale ne me fait pas complexer. Mis à part le budget, nous n'avons rien à envier aux formations WorldTour. De toute façon, si on arrive à se faire sa place dans le peloton, on est pris au sérieux, quelle que soit l'équipe pour laquelle on court.
 
Quelle-est la suite de ton programme ?
Je vais prendre des vacances en Espagne, à Platja d'Aro. je vais en profiter pour me reposer. Après, je reprendrai sur le Challenge d'Or (Elite Nationale) puis la Polynormande. Je porterai le maillot de Champion de France des pros sur les courses Elites mais pas question pour autant de prendre les autres de haut.

Crédit photo : Freddy Guérin - www.directvelo.com
 

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Steven TRONET