Auber 93 tient bon la barre
Les huit gars d'Auber 93 toute une journée en tête de peloton, juste devant Alberto Contador et sa garde de Tinkoff-Saxo. "Un symbole sympa ! apprécie le manager, Stéphane Javalet. Ça montre qu'avec un bon état d'esprit, nos coureurs peuvent faire de très belles choses !".
C'est ainsi que Steven Tronet a conservé vendredi son maillot de leader sur la Route du Sud (lire ici), après son sprint victorieux sur la première étape de jeudi, à Auch (Gers). Et avant une étape de montagne entre Izaourt et Bagnères-de-Luchon, ce samedi, où le sprinter-puncheur s'attend logiquement à perdre sa position.
FOIE GRAS ET JURANCON
"Mon rôle consiste à rassurer les plus jeunes de l'équipe, expliquait Tronet après son succès. Ils sont un peu intimidés par les (Alberto) Contador ou les (Nairo) Quintana. Mais bon... Ils ont deux jambes et un vélo, comme nous !"
Sa double mission : capitaine de route et, à l'occasion, leader. Dans le final de l'étape jeudi, il était descendu une ultime fois à la voiture de son équipe pour collecter deux bidons et une dernière consigne. "Tu veux faire le sprint ? Alors, tu les conditionne vraiment !", demande Javalet (voir notre vidéo, ci-dessous)
Puis c'est l'explosion de joie parmi un staff qui pourrait revenir de tout depuis qu'il ne participe plus au Tour de France, dans dette équipe qui a touché l'apogée de son palmarès voilà presque vingt ans, avec l'étape gagnante de Cyrill Saugrain à Madine. Les premiers compliments tombent par texto à peine une minute plus tard : "Machine !" Un ami, Jean Adoue, ex-sponsor du temps où il présidait BigMat, accourt avec blocs de foie gras et bouteilles de Jurançon.
« UNE BELLE DYNAMIQUE »
"La bonne spirale continue", observe Stéphan Gaudry, le directeur sportif.
Fin mai, Auber 93 avait signé le doublé sur les Boucles de l'Aulne, en Coupe de France-PMU, avec Alo Jakin-Steven Tronnet (lire ici). Depuis la mi-mars, elle avait aussi triomphé sur des épreuves de la catégorie en-dessous, Paris-Troyes (avec David Menut) et cette étape de la Ronde de l'Oise (avec Tronet) qui avait tenu lieu de répétition générale pour la Route du Sud. Pendant 220 km, la troupe avait en effet conduit le peloton, jusqu'à la chute de son leader et sa perte du classement général.
"Nos coureurs prennent confiance au fil des course, observe Javalet. Auparavant, ils regardaient les équipes WorldTour avec appréhension au départ des manches de Coupe de France. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ils ont acquis une belle dynamique."
LE CAPITAINE DE ROUTE DONNE L'EXEMPLE
A défaut d'un gros budget, l'équipe, toujours à la recherche de sponsors, procède par mécanismes subtils. Par exemple en investissant dans la figure centrale d'un capitaine de route.
"Un jour, j'en ai eu ras-le-bol de la désorganisation des gars, donc j'ai décidé de ne passer les consignes qu'à travers Steven (Tronet), raconte le manager qui lâche du lest mais pas le contrôle des opérations. Aujourd'hui, c'est Steven qui organise l'équipe sur le terrain. Et quand il gagne, comme sur la Route du Sud, il donne aux jeunes le meilleur exemple qu'on pourrait imaginer."
Depuis deux ans, l'organigramme baigne dans l'huile. Par exemple vendredi, chacun avait sa feuille de vol entre Auch et Saint-Gaudens (Haute-Garonne), lors de cette journée tempo qui a laissé cours à une échappée, pour éviter de disputer les sprints de bonification avec un peloton massif.
« J'AIME BOOSTER LES AUTRES »
Dans l'ordre d'intervention : Julien Guay, David Menut et Maxime Renault impriment le rythme à l'avant, Guillaume Levarlet contribue à boucher le retard sur l'échappée dans le final – avant la mise en branle du Team Europcar, qui lance Bryan Coquard vers la victoire. Théo Vimpère contrôle quant à lui dans les cinq derniers kilomètres et Anthony Maldonado mange du vent pour protéger Steven Tronet.
"Tenir la barre pendant 130 km, c'est largement dans nos cordes", constate Tronet, toujours capitaine, qui file la métaphore du marin.
"Ma force, c'est d'avoir un gros moral. J'aime booster les autres. Moi, c'est ma femme qui m'encourage. Elle est toujours derrière. Jeudi, elle m'avait dit qu'avec la forme que j'avais, j'étais obligé de gagner !"
Crédit photo : Thomas Maheux - thomasmaheux.photodeck.com