La course qu'on regarde assis au bar

Il y a encore une dizaine d'années, la capitale accueillait des courses cyclistes dans plusieurs arrondissements. Aujourd'hui, une seule survit encore tant bien que mal : le Prix de Paris 14e.
Grâce au soutien de l'Organisation des Mouvements Sportifs (OMS) du 14e arrondissement de Paris, le Paris Cycliste Olympique (PCO) a réussi jusqu'ici à assurer la pérennité de l'épreuve. Et dans le contexte actuel de crise économique, ce n'est pas chose aisée.

« POUR COMBIEN DE TEMPS ENCORE ? »

"C'est vraiment dommage d'avoir vu les autres courses disparaître, déclare Raymond Margnoux, l'ancien Président du PCO. D'autant que c'est notre club qui les organisait. Nous sommes satisfaits d'avoir encore la possibilité d'organiser cette semi-nocturne, mais on ne sait pas combien de temps cela durera..."

Depuis quelques années, c'est Christian Masola, l'ancien coureur du VC XII, qui a pris la présidence du club. Fort de son expérience, son prédécesseur se charge de le présenter aux figures locales. "Raymond a l'habitude. C'est lui qui connaît les élus locaux, les personnes vers qui se tourner. Il se charge de m'introduire. De mon côté je gère tout ce qui est administratif : la préfecture, les commissariats de police, les bénévoles...", explique l'actuel dirigeant du PCO.

Ce passage de témoin est très utile car l'organisation d'une course dans Paris intra-muros est plus compliquée que n'importe où ailleurs en France. L'aspect financier est bien entendu primordial, mais il faut également prendre en compte les difficultés inhérentes à l'organisation elle-même (la concentration de population, les obstacles du parcours, etc...) ainsi que le renouvellement perpétuel des élus et des fonctionnaires de police.

"Ce n'est vraiment pas une tâche facile, raconte Christian Masola. D'une année sur l'autre la mairie peut avoir changé de bord politique, les adjudants de police peuvent avoir été remplacés et chacun a sa propre idée sur le cyclisme", précise-t-il.

UNE COURSE DE VILLAGE

Pour autant pas question pour les organisateurs de délocaliser l'épreuve : "on a étudié la possibilité de faire quelque chose à Vincennes mais qui va se déplacer sur la course là-bas ?" s'interroge le président du PCO.

Selon lui, le circuit du Polygone du Bois de Vincennes ne serait pas forcément une meilleure idée, car le parcours comporterait trop d'îlots directionnels et autres dos d'âne. D'autre part, le club parisien possède un accord avec la mairie du 14e arrondissement qui fait office de sponsor principal, sans oublier l'OMS du 14e qui participe également financièrement.

Enfin, le Prix de Paris 14e garde un côté « course de village », auquel contribuent plusieurs commerçants du Boulevard Edgar Quinet où se déroule la course. Ceux-ci participent de manière symbolique sous forme de primes distribuées sur la ligne.
L'ambiance unique de la semi-nocturne de Paris est d'ailleurs du goût du vainqueur, Thomas Brebant (Team Peltrax-CS Dammarie-lès-Lys), qui déclare sur le podium : "c'est la seule course où les gens qui vous acclament sont assis au bar, en train de boire une bière après le boulot. Je trouve ça super !"

Crédit photo : Martial Denais - www.lateteauvelo.com
 

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