La grande joie de Guillaume Martin

Guillaume Martin n'avait plus levé les bras depuis le 28 avril 2013 et une étape du Tour du Jura (Elite Nationale). Dimanche, il a retrouvé le chemin de la victoire en s'imposant sur la classique Annemasse-Bellegarde et retour. Le Normand du CC Etupes, actuellement dans sa dernière année Espoir, revient sur son succès pour DirectVelo.com.

DirectVelo.com : Pourquoi avoir privilégié Annemasse-Bellegarde aux manches de la Coupe de France DN1 ?
Guillaume Martin : C'est un choix et une exigence que j'avais en début d'année. Je l'avais dit à Jérôme (Gannat). J'avais disputé Annemasse-Bellegarde l'an passé (6e), j'apprécie cette épreuve. Pour les grimpeurs, c'est une course référence. Puis l'an dernier, ce sont des victoires qui m'ont manqué pour passer professionnel. J'ai besoin de gagner des courses. J'avais plus de chance de m'imposer à Annemasse que sur les manches de la Coupe de France. J'aurais pu être placé sur la Coupe mais de là gagner, c'était quand même plus aléatoire.

« JE PENSAIS AVOIR PERDU LA COURSE »

Pourtant, c'était mal engagé sur Annemasse-Bellegarde...
Je pensais avoir perdu la course entre les deux grosses difficultés. Au début de la vallée, après la descente du Mont (km 115), j'ai attendu la voiture pour donner mon 2e k-way. Elle a mis du temps à arriver. Pendant ce temps-là, un contre est sorti notamment avec plusieurs coureurs qui étaient parmi les meilleurs grimpeurs de la course. Derrière, ça sentait vraiment l'enterrement de première classe. Je ne savais pas trop quoi faire. Nous étions seulement deux coureurs de l'équipe, Arnaud Pfrimmer et moi. Je lui ai demandé d'assurer un tempo dans la vallée pour ne pas arriver au pied de la dernière bosse avec 5' de retard. Il a limité les écarts. Je le remercie. Au pied de chez Padon (km 140), on m'a dit que j'étais à deux minutes de la tête et à une minute du contre. J'ai attaqué dès le pied. Je n'avais plus que ça à faire. Je suis sorti avec Alexandre Jamet (AC Bisontine). Nous sommes rentrés juste après le sommet, au début de la descente. Ça s'est bien goupillé mais c'était très très chaud.

Comment as-tu géré le final ?
J'ai fourni un gros effort pour rentrer, je me sentais donc vraiment bien physiquement. J'ai eu l'impression que la chance était ce jour-là de mon côté. J'étais confiant. Je voulais attaquer dans la dernière petite bosse, à cinq kilomètres de l'arrivée. Mais j'ai pris une cassure dans la descente qui précédait. J'ai donc dû fournir un effort pour revenir sur la première partie du groupe. Je n'avais du coup plus tellement de jus pour lâcher mes adversaires. Nous étions quatre puis cinq avec le retour de Léo Vincent. Ça a été décisif car ça nous a permis de nous retrouver en surnombre pour le final. Léo est de plus un coureur rapide. C'était donc à moi d'attaquer. J'ai tenté une première fois à trois kilomètres de la ligne, puis à la flamme rouge. Personne n'a pris la roue.

Tu as dû apprécier les minutes qui ont suivi...
Je ne gagne pas avec beaucoup d'avance, il y a donc eu une explosion en passant la ligne. Je l'attendais depuis un moment. C'était une grande joie. Le président Orioli et sa femme avaient fait le déplacement. Il y avait du monde autour de nous, Douce (Jean-Pierre Douçot, le directeur sportif, NDLR) évidemment. J'ai reçu les félicitions de tout le monde. Et j'ai félicité un à un mes coéquipiers. C'était important pour moi. Le podium a été vite expédié, nous étions tous pressés de rentrer au chaud !

« LIEGE-BASTOGNE-LIEGE ESPOIRS, UN OBJECTIF »

Pourquoi tu n'arrivais plus à gagner ?
C'est une alchimie de petites choses. Il y a une part de confiance bien sûr. Au départ, Douce a insisté sur la confiance. Il y a aussi le fait que je n'ai pas de qualité de sprinter. Si j'avais une pointe de vitesse, j'aurais gagné plus de courses... A Châtillon-Dijon (5e), le dimanche précédent, si ça arrive en bosse je pense que je n'aurais pas été loin de la victoire. J'espère que ça va me donner de la confiance. Je ne veux pas attendre deux ans avant de gagner la prochaine ! (sourires) Mes objectifs arrivent. Je pense à Liège-Bastogne-Liège Espoirs, qui est vraiment un objectif. J'irai là-bas pour gagner, pas pour faire une place. Cette année, si on arrive à huit, je préfère terminer trois fois 8e et une fois 1er, plutôt que quatre fois 4e.

Commençais-tu à désespérer de ne pas gagner ?
Je me disais qu'à force de tourner autour, ça allait arriver. Quand tu t'es déshabitué de la victoire, il y a quand même une spirale négative qui s'installe. Tu ne sais pas trop quoi faire dans le final d'une course. Nous en revenons à l'histoire de confiance... Je n'étais pas malheureux non plus mais ça fait du bien de gagner !

Cibler davantage des courses et faire l'impasse sur certaines, c'est ta philosophie actuelle ?
Ce n'est pas ma nature de laisser filer des courses, d'être au départ en me disant que je suis là pour faire des kilomètres... Mais j'essaie de forcer ma nature cette année, ça a été le cas sur certaines courses depuis le début de saison. Je pense faire une grosse coupure après le Championnat de France. Je ferai sûrement une semaine sans vélo et deux-trois semaines sans course. Je vais couper la saison en deux. Je ferai sans doute l'impasse sur le Tour Alsace (4e l'an passé, NDLR). Par ailleurs, en mai, je ne pense pas aller à la Ronde de l'Isard où l'équipe sera présente. Les coureurs qui vont à la Course de la Paix, avec l'Equipe de France, seront quinze jours auparavant sur le Rhône-Alpes Isère Tour. Ça ne serait pas logique d'aller à la Ronde de l'Isard avec la méthode que je souhaite appliquer. J'ai coché la Course de la Paix. Je n'ai pas encore la confirmation de la sélection mais ces courses internationales sont regardées par les recruteurs. Il faut se montrer sur ce type d'épreuve, forcément. Ça sera un gros temps fort de ma saison.

Crédit photo : Maxime Baron
 

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