On a retrouvé : Sébastien Ivars

Sébastien Ivars a raccroché le vélo en 2013 sans avoir réussi à passer professionnel. L'Isérois, Champion de France Juniors 2005, estime "n'avoir pas toujours eu la chance de [son)] côté, ni le caractère adéquat." DirectVelo.com a retrouvé le coureur passé notamment Charvieu-Chavagneux IC, Chambéry CF et le VC Caladois.
 
DirectVelo.com : Pourquoi avoir choisi d'arrêter le vélo en 2013 ?
Sébastien Ivars : Mon arrêt était prémédité, je savais neuf mois avant d’arrêter, à quelques jours près, quand je mettrai un terme à ma carrière... Je m’étais promis d’arrêter le cyclisme à partir du moment où j’allais devenir papa. Mon arrêt n’est donc pas arrivé comme une mauvaise nouvelle, au contraire !  J’aime le vélo, je suis un vrai passionné. Au début de mon arrêt, je n’ai pas beaucoup touché au vélo mais depuis, je m’y suis remis régulièrement. J’essaie d'en faire une fois le week-end deux-trois heures de vélo et dans la semaine une à deux fois de l’home-trainer.
 
Tu préfères faire de l’home-trainer plutôt que d’autres sports ?
Oui. Faire un footing par exemple, je n’aime pas forcément ça. Je sais, cela peut surprendre car beaucoup de coureurs n’aiment pas le home-trainer. Mais j’en ressens le besoin. Pédaler, c’est quelque chose que j’adore faire. En revanche, je ne vais pratiquement plus sur les courses. Je n’en ai pas le temps et lorsque j’ai du temps libre je préfère le consacrer à ma famille. 
 
« L'ENVIE DE REMONTER SUR LE VELO ME PASSE VITE »
 
As-tu des regrets quand tu retraces ton parcours ?
Il m’arrive de vouloir remonter sur mon vélo lorsque je repense aux bons moments, mais l’envie me passe vite car je me suis habitué à la vie « normale ». Je ne sais pas si l’on peut parler de regrets, plutôt de la fatalité. Je n’ai pas forcément toujours eu la chance de mon côté, ou le caractère adéquat, je ne sais pas
 
A quoi fais-tu référence ?
A la sortie des Juniors, fin 2005, j’étais courtisé par beaucoup d’équipes en France. Idem après ma première année Espoirs alors que j'étais resté en 2006 à Charvieu-Chavagneux IC. J’ai signé l'année suivante au Chambéry CF avec l’espoir de passer professionnel dans les rangs d’AG2R La Mondiale. Vincent Lavenu m’avait d’ailleurs promis qu’après six mois, je serai stagiaire avant de passer pro par la suite. Malheureusement, j’ai été victime d’une endofibrose de l’artère iliaque et j’ai été arrêté une bonne partie de la saison. L’année d’après, malgré une saison correcte, ils n’ont pas tenu leurs promesses. Ça a été un premier coup de massue sur la tête.
 
Il y en a eu d’autres ?
Oui, deux en particulier. Après ces deux saisons au Chambéry CF, j’ai décidé de changer d’équipe. Je suis retourné à Charvieu-Chavagneux IC en 2009. Je m’étais fixé l'objectif de bien marcher sur le Rhône-Alpes Isère Tour. Cette course est observée par de nombreux directeurs sportifs. En 2010, j’étais dans le Top 10 du classement général (7e) après les étapes difficiles. Mais un coup foireux est parti sur une étape tranquille. J'ai rétrogradé à la 11e place au général. Avec un Top 10 sur un classement général sur une classe 2, des portes se seraient peut-être ouvertes.
 
Et le second ?
A un degré moindre, c'est arrivé lorsque je suis passé stagiaire en 2009 au sein de l’équipe EQA-Meitan Hompo. Je prenais ce stage comme une expérience mais aussi comme un éventuel tremplin qui me permettrait de me faire remarquer sur certaines courses professionnelles. J’ai ainsi pu participer à des courses en Espagne mais aussi Paris-Corrèze où j’étais échappé. A la fin de l’année, il était question de m'engager mais l’équipe n’est jamais repartie. A partir de là, j’ai compris que mon destin ne se dessinait pas chez les professionnels. J’avais perdu mes espoirs et la gnaque qui allait avec. Mes deux dernières années n’étaient que du bonus mais je n’étais plus aussi mort de faim que par le passé.
 
« J'AI TOUJOURS PREFERE L'AMBIANCE D'UNE DN2 »
 
Penses-tu que tes choix d’équipes ont toujours été judicieux ?
Avec le recul, effectivement j’ai sûrement commis l’erreur de ne jamais aller ou presque dans des équipes de DN1. C’était mon choix. Je l’assume complètement.
 
Pourquoi avoir fait ce choix-là ?
Cela répond au deuxième critère, celui de mon caractère. J’ai toujours préféré l’ambiance des clubs DN2 où il y a quelque chose de plus humain, plus familial. En DN1, tout le monde veut passer pro et se tire à moitié dans les pattes. Ce n’est pas trop le cas en DN2, où j’avais un petit statut qui me plaisait aussi. J’avais besoin de sentir qu’un groupe était derrière moi pour être plus confiant, plus serein. Mais évidemment, si j’avais été dans des équipes de DN1, j’aurais eu plus d’opportunités de passer professionnel. 
 
Ta vie d’aujourd’hui, elle ressemble à quoi ?
J’essaie de profiter un maximum de mes proches. Particulièrement de ma femme qui a toujours été mon plus gros soutien et qui m’a laissé tenter de vivre de ma passion pendant de nombreuses années. Maintenant, c’est à mon tour de lui rendre un peu  tout ce qu’elle m’a apporté. Je ne la remercierai jamais assez. Il en va de même de ma famille, les clubs par lesquels je suis passé ou les passionnés de vélo qui ont pu me tendre la main. A la lumière, mais encore plus quand j’étais dans l’ombre.

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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