Déficit : La FFC perd 1,2 million d'Euros

Une "défaillance". Une "situation très inquiétante". Un "lourd passif". Les dirigeants de la Fédération Française de Cyclisme (FFC) ont unanimement reconnu l'ampleur du solde négatif qui marque le budget de l'année écoulée : plus d'un million d'Euros, exactement 1 217 304€.

Le rapport financier a été adopté mais de nombreux électeurs se sont abstenus ou l'ont rejeté, au cours de l'assemblée générale qui s'est déroulée dimanche matin à Pau (Pyrénées-Atlantiques).

Le Président de la FFC se déclare toutefois "plutôt confiant" sur la capacité de sa fédération à surmonter la dette.

LES CAUSES DE LA DETTE

Ce déficit s'explique en partie par des "raisons conjoncturelles, et non structurelles", à savoir le transfert du siège de Rosny-sous-Bois à Saint-Quentin en-Yvelines en janvier 2014, dont les effets directs et indirects s'élèvent à 564 000€. Ce déménagement a par exemple entraîné le renouvellement de matériel et de mobilier de bureau (près de 300 000€). David Lappartient cite comme autre conséquence "un plan social d'un coût sous-estimé", bien que parmi les cas de licenciements ou de contentieux juridiques du personnel, tous ne soient pas motivés par le transfert du siège, mais parfois par un climat social dégradé et en voie de restauration.

Le Président de la FFC se veut rassurant : "On ne déménagera pas tous les ans !".

La dette provient également "d'opportunités" d'achats que contestent des participants à l'assemblée générale (tels ces 100 000€ versés à un cabinet de recrutement pour palier le départs des cadres, alors même que la FFC dispose d'un service des ressources humaines). "Il s'agit d'une gestion hasardeuse", a regretté Claude Pierré, Trésorier du Comité Rhône-Alpes. David Lappartient admet : "Il y a eu une défaillance dans le processus de décision de dépenses". Plusieurs services de la FFC n'auraient pas respecté leur budget de fonctionnement, ni le règlement financier, qui prévoit la signature du Président au-delà d'un certain montant financier engagé. Par ailleurs, un certain nombre d'achats ont échappé à une procédure d'appel d'offres.

Particulièrement visée, la Direction technique nationale a composé avec de multiples dépenses imprévues, aussi diverses que l'embauche d'un kiné ou l'explosion des forfaits téléphoniques lors des déplacements à l'étranger.

Enfin, une partie de la dette générale 2014 est imputée au déficit des épreuves fédérales, notamment aux Championnats de France sur piste dont la charge pour la FFC avoisine les 200 000€.

"En tant que Président, j'assume la responsabilité" de cette situation financière, déclare David Lappartient, qui exonère ainsi publiquement son Trésorier et son ex-Directeur général.

LES CONSEQUENCES POUR LES LICENCIES

Alors que le rapport moral a été approuvé à l'unanimité, le rapport financier a donné lieu à un scrutin partagé : 764 voix pour, 397 contre et 170 abstentions. Il n'y avait que 126 délégués votants dans la salle, mais chacun représentait un nombre de voix variable selon le nombre des membres de son comité de rattachement. D'après une observation visuelle, le nombre d'opposants au rapport financier paraissait élevé  mais plusieurs électeurs « poids lourds » se sont rangés en faveur du rapport.

La « base » est pour sa part inquiète : représentants des comités, clubs et organisateurs... Michel Bauchaud, Président du Comité départemental de Charentes, a ainsi demandé à David Lappartient de s'engager à ce que les licenciés ne supportent pas les conséquences du déficit fédéral. "Je m'y engage", a affirmé celui-ci, rappelant que l'augmentation du prix des licences pour 2015 avait été décidée avant que soit connu le montant de la dette. La FFC n'envisage pas de hausse supplémentaire du prix des licences destinée à couvrir les pertes.

LES SOLUTIONS

La rigueur ? "J'ai entendu vingt fois ce mot il y a un an et nous voyons le résultat", regrette Thierry Garcia, Président du Comité du Vaucluse. Le budget prévisionnel 2015 se veut "réaliste", répond le Trésorier de la FFC, Pierre Pouyet. Soit un excédent établi à 401 900€, qui permettrait de combler le tiers de la dette. "Nous espérons dégager encore plus", explique David Lappartient, néanmoins prudent.

Le trou budgétaire sera bouché sous deux à trois ans, prévoit le Président.

La FFC va par ailleurs se doter d'un logiciel informatique de planification et de suivi des dépenses. Celui-ci n'est pas encore opérationnel, alors que l'exercice financier 2015 a commencé au 1er novembre 2014, mais il devrait entrer en vigueur dans les prochaines semaines. "Je ne sais pas si c'est le logiciel qui fera tout !", pointe Thierry Garcia, qui a cependant voté en faveur du budget prévisionnel, pour signifier sa "confiance" envers la direction de la FFC dans ce dossier.

Afin d'éviter tout nouveau dérapage, la situation financière de la Fédération sera placée sous la surveillance étroite du Conseil Fédéral, dont le nouveau Président est Michel Callot (lire ici).

Enfin, la Fédération envisage de renflouer ses caisses avec la vente de son ancien siège, à Rosny-sous-Bois. Mais ''la situation de l'immobilier est catastrophique en Seine-Saint-Denis'', constate David Lappartient.

Tout au long de l'assemblée, le Président a filé la métaphore de la « tempête » dans laquelle le capitaine doit garder son cap. "Je suis plutôt confiant dans nos capacités à redresser la barre", conclut-il.

Crédit photo : Freddy Guérin - www.directvelo.com
 

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